Lorraine : le hacker trompe les gendarmes

Ulcan, hacker franco-israélien, se fait passer pour un policier de Bar-le-Duc auprès d’une gendarmerie de la banlieue de Nancy, obtient des renseignements sur des militants d’extrême droite fichés « S » et diffuse la vidéo sur internet.

En se faisant passer pour un gendarme, le hacker franco-israélien a obtenu des renseignements sur trois activistes d’extrême droite qui se réjouissaient de l’état de santé désespéré de Simone Veil.                                                               Photo DR

En se faisant passer pour un gendarme, le hacker franco-israélien a obtenu des renseignements sur trois activistes d’extrême droite qui se réjouissaient de l’état de santé désespéré de Simone

Nancy. Un mur blanc. Casquette, torse nu. Assis sur une chaise, Ulcan (son pseudonyme) plante le décor. Face caméra. La sienne. Pour une conversation enregistrée d’une durée de 21’41’’. Soit la totalité de son entretien téléphonique avec le gendarme d’une brigade de l’agglomération nancéienne.

« Bonjour, gendarmerie de… » Ulcan, alias Grégory Chelli, un Parisien installé en Israël depuis trois ans, enchaîne. En toute décontraction. Avec une assurance et un aplomb à toute épreuve. « Bonjour, c’est le commissariat de Bar-le-Duc, à l’appareil. Les collègues viennent de procéder à l’interpellation d’un individu fortement alcoolisé. On aurait souhaité le passer au FNPC (N.D.L.R. : Fichier national des permis de conduire) mais on a un problème avec Cheops (N.D.L.R. : logiciel d’accès aux fichiers police), il est en croix ».

Ulcan, un as de l’engineering social, maîtrise le jargon policier et sa jungle de sigles sur le bout du clavier. Le hacker déroule son scénario. « On va devoir le passer au TAJ (N.D.L.R. : fichier de traitement d’antécédents judiciaires) car il n’a pas de CNI (N.D.L.R. : carte nationale d’identité) sur lui… ». Bombardé de demandes crédibles, le gendarme vacille sur son socle de vigilance et bugue. « Je vous passe ma collègue car je n’ai pas accès au TAJ ». Ulcan vient de s’engouffrer dans un trou de souris…

Enquête internationale

La « collègue », elle, tique un peu et réclame identité, grade, numéro de matricule et téléphone du commissariat à son interlocuteur. Du travail de pro. Un pare-feu toutefois habilement contourné par le hacker qui lui répond du tac au tac. Le gendarme va commettre l’erreur de ne pas raccrocher. Pour procéder – à minima – à un contre-appel. Le militaire se serait alors rendu compte qu’Ulcan venait de lui donner le numéro de téléphone du commissariat de… la Baule (Loire-Atlantique). Le Franco-Israélien qu’on retrouve décrit notamment comme « militant sioniste », donne trois (vrais) noms d’activistes qui appartiennent au groupuscule d’extrême droite « Lorraine nationaliste ». Groupe qui, fin août, s’était réjoui sur son site internet de l’état de santé désespéré de Simone Veil.

Les trois noms sont entrés et digérés dans la base de la gendarmerie et le faux policier meusien se voit alors délivrer une foule de renseignements confidentiels. Age, adresse, noms des parents, antécédents judiciaires… Face caméra, Ulcan jubile, danse avec un masque des Anonymous sur le visage, gonfle les biceps. « On les check au FPR (N.D.L.R. : fichier des personnes recherchées) pour vérifier ? », relance-t-il. Quelques secondes d’attente. « On a bien fait de les passer… », lâche le gendarme, en confiance. Ulcan apprend que deux des trois Lorrains sont fichés S. Avant de couper sa caméra, il clôt l’échange de façon amicale. « Je te remercie, c’est toujours un plaisir… »

Depuis le 26 août, la totalité de l’entretien filmé est toujours accessible en ligne (le cas hier encore) par le biais des partages, même si des démarches ont été engagées pour le supprimer. Au moins l’un des trois individus, un Nancéien, cités par Ulcan, a déposé plainte. Contactée, la gendarmerie n’a pas souhaité s’exprimer. Le parquet a ouvert une enquête qui dépasse les frontières. Car le Franco-Israélien n’en est pas à son coup d’essai. Dans le Grand Est, il a par exemple déjà sévi auprès des policiers bisontins il y a deux ans.

Source : L’Est Républicain

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *