L’ex-gendarme avait épongé ses dettes en se perdant sur Internet

Ce gendarme pendant dix ans a fait près de 80 victimes dans le Rhône, l’Ain, le Jura et l’Isère, soit auprès de particuliers mais aussi de grosses enseignes comme Decathlon, Camif, C Discount ou Maisons du monde. / Photo d'archives Le Progrès Ce gendarme pendant dix ans a fait près de 80 victimes dans le Rhône, l’Ain, le Jura et l’Isère, soit auprès de particuliers mais aussi de grosses enseignes comme Decathlon, Camif, C Discount ou Maisons du monde. / Photo d’archives Le Progrès

Dans une autre vie, Nabil Merrouche, 35 ans, portait la vareuse et le képi. Gendarme pendant dix ans jusqu’en 2011, il a été radié après sa mise en examen pour escroquerie à Nîmes. C’était le début de sa chute. Sept ans après, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Car il a replongé en 2012-2013 en faisant des (grosses) emplettes sur Internet. Jamais sous son nom ni avec son argent. D’ailleurs il n’en avait pas, dit-il. « J’étais acculé par des dettes. »

Le président Beurton le tance : comment un ex-gendarme a-t-il pu franchir la ligne rouge ? Il courbe la tête et lâche d’une voix nouée : « J’avais des créanciers. J’ai cherché sur Internet des idées d’escroqueries par carte bancaire ». Il a fait près de quatre-vingts victimes dans le Rhône, l’Ain, le Jura et l’Isère. Des particuliers et des grosses enseignes : Decathlon, Camif, C Discount, Maisons du monde, etc.

Sa technique ? Passer commande dans des cybercafés après avoir acheté des données bancaires sur Internet. Le tribunal s’étonne : « Vous faisiez ça comment ? – J’ai trouvé un site que je payais 15 € à chaque fois. » Il inventait des noms ou en “empruntait” dans le bottin.

Son manège a pris fin quand une société a vu rouge après trois entourloupes. Le gendarme avait commandé de l’électroménager et des meubles. Malin, il ne se déplaçait jamais pour réceptionner les colis. Cette fois-ci, il avait envoyé deux personnes récupérer sa livraison à Saint-Laurent-de-Mure, à charge pour eux de la transporter à Vénissieux. Il revendait ensuite ses achats sur Le Bon coin à un tiers, à un quart du prix d’origine. Préjudice : 70 000 €.

« Il a mis à profit l’expérience de la délinquance qu’il avait acquise dans ses fonctions », pointe le procureur qui s’étonne de la « facilité déconcertante et affligeante » avec laquelle le gendarme « a trahi son corps et l’institution judiciaire ».

Condamné à 4 ans de prison à Nîmes, le prévenu avait été libéré sous contrôle judiciaire après dix mois d’incarcération. Cinq ans après, il consulte un psychiatre. Libre, il est ressorti du tribunal avec 12 mois de prison au lieu des 18 mois requis.

Source : Le Progrès

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