Les Vœux du morveux.

Après nous avoir tenu par la bride, après s’être vautré dans le délire footballistique, après tant et tant de belles choses que notre ingratitude ne permet pas de comprendre, le grand monarque, la morve au nez, se prépare à nous souhaiter ses bons vœux. Le peuple fait ce qu’il peut, le roi ce qu’il « vœu ».

Comme le vent mauvais se profile à l’horizon, il nous appartiendra de répondre à chacune des phrases si merveilleusement ciselées dont il a le secret : « À vos souhaits ! ». Désormais, la chandelle ne sera plus au bout du nez, même chez ce jeune homme prépubère, mais sur la table de salon pour éclairer le transistor pourvu qu’il soit à piles, pour écouter l’allocution du grand homme.

Fernand Raynaud disait jadis : « Dis Tonton, pourquoi tu tousses ! ». Désormais nous avons la réponse puisque nos présidents successifs n’ont eu de cesse de noyer le poisson, nous cachant le déclin inexorable de notre nation qui s’enfonce toujours plus dans le classement de la prospérité. Alors il lui faudra bien de l’imagination pour nous promettre des jours meilleurs, d’autant qu’il a dans sa manche, des intentions inverses.

N’oublions pas que le recul de l’âge de la retraite est déjà dans les tuyaux de cette merveilleuse année pré-olympique. Avant de nous souhaiter ses vœux, le bon président a multiplié les commandes pour que la police puisse anéantir les prochains mouvements populaires. Alors dans pareil cas, souhaiter une bonne santé aux futurs éborgnés et aux prochains mutilés semble relever de l’humour noir.

Quant à la santé, ce n’est naturellement pas la meilleure des promesses qu’il puisse faire alors que l’hôpital public est bientôt en mort cérébrale, que l’industrie pharmaceutique tricolore en voit de toutes les couleurs et n’est même plus capable de nous fournir en paracétamol tandis que trouver un médecin relève de la prouesse dans bien des régions. Mais ceci ne concerne pas la triste faune parisienne, incapable de comprendre le drame des territoires.

Tant qu’à faire, il serait préférable que notre cher Freluquet ne s’adresse qu’au plus important d’entre-nous, ce cher Kilian qui est si présent dans son cœur. Que les vœux présidentiels ne concernent que le meilleur d’entre-nous, ne serait du reste pas mal perçu par une majorité de ce peuple prêt à se passer de pain dur pour avoir la Coupe d’Europe des clubs champions en guise de légitime compensation.

Pour le reste, que pourrait-il nous souhaiter de bon alors qu’il n’agit surtout pas pour le plus grand nombre. Il ne devrait plus se gêner car tout le monde a bien compris sa mission, le mandat que lui ont confié ses amis. Alors banco, autant y aller franchement et promettre que ce qu’il peut véritablement tenir.

« Mes chers amis nantis, privilégiés, banquiers et actionnaires, entrepreneurs de la grande industrie et héritiers de grosses fortunes, je vous souhaite une année 2023 aussi rémunératrice que la précédente, en dépit de la crise que je m’efforce de ne faire porter que sur les miséreux. Portez-vous bien, jouissez sans entrave de vos richesses, accroissez votre fortune, consommez sans honte, voyagez en jet privé et surtout, faites comme moi, ne vous souciez absolument pas de l’avenir de la Planète.

Mes pauvres sujets, je vous demande une fois encore de vous satisfaire de vivre par procuration, de vous contenter des prouesses de nos champions, de vous identifier à eux et surtout de continuer de croire en la fortune en ne cessant de jouer, parier, rêver à travers les merveilleuses illusions que l’on vous propose. Soyez courageux, patients, dociles en 2023, ce ne sera qu’une année de transition avant l’apothéose olympique pour laquelle je m’engage à ruiner un peu plus le pays. »

À contre-vœux.

Source : Agoravox

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