Les policiers d’Auch se mettent en grève après une sanction jugée « abusive »

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Les fonctionnaires de police du commissariat auscitain sont appelés depuis samedi à poser le sifflet comme le carnet de verbalisations ! Sous un nom générique qui en dit déjà long sur l’état d’esprit, « Mobilisation générale » (dans une graphie rappelant celle utilisée lors de la mobilisation pour la Grande Guerre), le tract appelle à une forme de « grève sur le tas » et annonce : « L’intersyndicale Unité SGP Police 32, Alliance Police Nationale 32 et FPIP Police 32 s’est de nouveau constituée et se montre plus que jamais combative ».

Ce tract, aux mots parfois très durs, a été largement diffusé dès vendredi en soirée au sein du commissariat d’Auch… où il semble que rien ne va plus entre la hiérarchie, la directrice départementale de la sécurité publique 32 (DDSP32), la commissaire Marie-France Pipereau et une grande partie des fonctionnaires de police du site.

Code 561 = mode pause

Le tract appelle donc à une forme de « grève » (rappelons en effet que lorsqu’un policier est en service, le droit de grève et de manifester lui est interdit) : « Montrez à notre DDSP 32 qu’elle a perdu toute crédibilité à nos yeux et remettons au goût du jour le code 561 sur la main courante d’intervention en lieu et place du code 270 ». En clair, les policiers gersois sont appelés à un mode pause, et à ne plus réponde qu’aux appels Police Secours (le 17) : plus de contrôles d’initiative, plus de sifflet, plus d’interceptions, plus de verbalisations … Par ailleurs, ambiance-ambiance, l’intersyndicale pronostique une chaude réunion ce lundi en présence de la préfète gersoise à l’occasion de la tenue d’un comité technique départemental (prévu de longue date) !

Les faits : dans la nuit de mardi à mercredi dernier une substitut placée, présente quelques jours à Auch pour remédier à un manque d’effectifs provisoire, a pris contact avec le commissariat après reçu avoir un billet de garde à vue (GAV) qui était « irrégulier » : il était vierge de contenu. Elle a alors demandé à parler à « une personne en charge de la garde à vue. » Et elle a eu un homme au téléphone : en l’occurrence un major, chef de poste. Or, le lendemain, dans le cadre d’un compte rendu, elle a découvert que l’OPJ qui signait était en fait une femme.

« Avisée, j’ai donc demandé à la DDSP de m’apporter des explications, indique Charlotte Beluet, la procureur de la République. Celle-ci a vu le policier en cause ; le fonctionnaire s’est défendu en indiquant qu’il s’agissait d’une incompréhension au téléphone et que lui s’était simplement chargé d’assurer la régularisation de fameux billet de GAV en l’adressant par mail. » Dans l’urgence – l’OPJ étant alors occupé – le major aurait donc assumé une fonction de simple « secrétariat ». Ce qui se ferait couramment et ne poserait aucun problème de régularité.

« Un simple malentendu »

Mais, l’intersyndicale des fonctionnaires de police, dans un contexte relationnel déjà visiblement tendu, n’a guère apprécié ni la forme ni le fond de la « sanction » prise vis-à-vis de leur collègue par ailleurs « très estimé » (34 ans de service, il serait à 4 mois de faire valoir ses droits à la retraite) : « Le lendemain soir, qu’elle ne fut pas sa surprise de voir « débarquer » madame la DDSP 32 afin de lui notifier une mise en garde pour avoir usurpé la fonction d’OPJ », souligne le tract. Et un délégué de souligner : « La commissaire n’a jamais demandé au collègue de s’expliquer. Elle l’a admonesté tout de suite, puis lui a remis courrier dit « rappel à la règle » où notre collègue a apposé  : Je ne reconnais pas les faits ».

« Il ne s’agit que d’un malentendu pas de l’affaire du siècle, confirme de son côté la commissaire. C’est pour cela qu’il n’y a eu qu’un rappel à la règle. Ma porte a été toujours été ouverte à tous et le reste. » Pas sûr que ces propos apaisent les esprits à la lecture de la défiance exprimée par l’intersyndicale : « Sachez Madame la DDSP 32, que nous soutiendrons notre collègue, notre ami pour beaucoup d’entre nous. Vos méthodes sont contraires au bon sens, votre management est insupportable et perdure dans la durée. »

Source : La Dépêche

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