Les petites haines du quotidien

Par WD

On n’est pas misanthrope à la naissance, on le devient à force de fréquenter le genre humain. « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien » comme disait l’autre. Il est a noter que plus un sujet atteint de cette pathologie a cru aux valeurs morales inculquées par les sbires de l’éducation nationale, plus son mépris pour ses congénères est profond. Dans la pratique, il se rend compte qu’entre les harangues officielles basées sur des principes moraux et la vérité pratique du terrain, il y a un océan d’illusions. Il sait que le mot citoyen pue l’arnaque. Le « Aux armes, citoyens » n’a débouché que sur les carnages dans les grandes villes de France pour atteindre le sublime dans le génocide Vendéen. L’élimination d’une certaine population par une autre a fait des émules depuis, surtout dans le camp de gauche qui excelle en la matière.

Actuellement, le mot citoyen est mis à toutes les sauces avec des adjectifs parfois surprenants. Le plus beau est celui de « citoyen responsable ». Tous les prédicateurs en ont plein la bouche. Celui dans la plèbe qui s’enorgueillit d’en être est précisément celui qui ne l’est pas. Il répète comme un perroquet les préceptes officiels sans questionnement ni analyse. Il est l’exact contraire de ce qu’il se targue d’être. On ne peut guère l’incriminer puisque beaucoup de gens dans d’autres domaines sont identiques. Ils suivent la doxa de leur segment préféré, soit économique, soit environnemental, soit médical, etc. Ils délèguent aux autres ce qu’ils doivent penser et adoptent le discours et le comportement qui vont avec. Ils prennent tout pour argent comptant et en deviennent les zélés émissaires. Les positionnements individuels (hors corruption) dans la poussée eugéniste dite Covid en est la parfaite illustration.

Pour autant, dans la vie de tous les jours, on remarque qu’ils sont peu nombreux les citoyens responsables. On constate qu’entre oraison officielle et acte pratique, il y a une dichotomie notable. Seule la peur de la sanction policière disciple le citoyen, mais dès que la force publique est ailleurs ou distraite, les incivilités sont pléthoriques. C’est en observant le comportement routier que l’on se rend compte que les règles du vivre ensemble et le respect des autres ne sont que des affabulations. Une étude Anglaise des années 80 démontre que dès qu’une personne prend le volant son intrinsèque devient maître à bord. Sa façon de conduire trahit sa réelle personnalité et nous sommes bien loin du citoyen responsable, respectueux des règles communes. A croire qu’en voiture on est comme Robinson Crusoé, seul au monde, libre de faire ce que l’on veut au gré de son humeur.

Dans ce contexte général où tout le monde n’œuvre que pour son nombril, les petits haines quotidiennes s’installent tranquillement, mais sûrement. Si Nietzsche disait que penser au suicide est un exutoire psychologique, l’idée du petit meurtre quotidien est identique. La perspective de balancer une bastos en pleine tronche du connard qui nous agasse par son comportement abjecte ou son propos ignominieux est une douce projection mentale qui nous apaise. Tant que la société reste équilibrée, où la paix est dominante, cette projection d’élimination physique reste fictive. Elle participe sans plus au cumul des petites haines du quotidien. Dans un contexte de guerre tant civile que militaire, elles se concrétisent. C’est le grand danger de ces âges noirs. Notre histoire est chargée de ces temps forts où l’heure de la vengeance personnelle prend le pas sur l’intérêt collectif. Ce sont des périodes obscures, remplies d’infectes attitudes. C’est la période des règlements de compte et elle n’est pas belle. L’injustice s’en donne à cœur joie.

Il est fort à parier que dans le grand tumulte sociétal qui se prépare à l’échelle mondiale, le temps de la déraison va occuper nos périmètres. Reste à savoir si les petites haines quotidiennes concrétisées dans ces moments tragiques occulteront les grands enjeux sociétaux de pacification apodictique.

WD

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