Les lanceurs de balles de défense, des armes controversées à l’utilisation très encadrée

 

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Comment les forces de l’ordre sont-elles formées ? Quelles consignes leur sont données ? Quel type de munitions est acheté par le ministère de l’Intérieur ? Europe 1 s’est penchée sur l’utilisation des très controversés LBD en France.

ENQUÊTE

Les lanceurs de balles de défense (LBD), utilisés par les CRS et les gendarmes-mobiles, sont sous le feu des critiques. Depuis qu’elles ont remplacé les flashballs, ces armes sont accusées d’avoir blessé de nombreux manifestants, et plus récemment plusieurs « gilets jaunes ». Son utilisation nécessite pourtant une formation et une application rigoureuse.

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Des règles strictes. En Dordogne, à Saint-Astier, le centre national d’entraînement des forces de gendarmerie dispense cet enseignement. « C’est une arme de force intermédiaire utilisée dans des cas très particuliers, principalement pour la défense des unités », indique le colonel Stéphane Bras, qui dirige la formation.

Les conditions d’emploi des lanceurs de balles de défense sont rappelées : à moins de se retrouver dans une situation extrême de légitime défense, le porteur de l’arme n’a pas à prendre l’initiative du tir. C’est le chef du dispositif qui indique la cible. Le tir doit viser le torse, sous la ligne des épaules, et pas à moins de 10 mètres de distance, sauf, là encore, cas de légitime défense.

« On est conscient de ce que ça peut engendrer ». Victorien, gendarme mobile, est habilité à utiliser les LBD. « Le fait de tirer sur quelqu’un n’est pas anodin du tout. On est tout à fait conscient de ce que ça peut engendrer », assure-t-il au micro d’Europe 1. « Voir des personnes blessées, ça ne nous fait jamais plaisir. Mais c’est une arme non-létale, qui ne provoque donc jamais la mort », tient-il à rappeler.

Un nombre de blessés important en France. En Europe, tous les pays du Nord ont interdit les lanceurs de balles de défense. La France est la seule, avec les pays du Sud, à utiliser ces LBD. Plus puissants que leurs ancêtres français les flashballs, ces armes sont conçues en Suisse et peuvent atteindre leur cible avec précision à plus de trente mètres. Le fabriquant, joint par téléphone par Europe 1, s’étonne du nombre de manifestants blessés en France, notamment depuis le début du mouvement des « gilets jaunes » : 69 par des tirs de LBD, selon un décompte réalisé par des journalistes et des militants. Sa notice d’utilisation est pourtant claire, et rejoint celle que reçoivent les policiers, rappelée mercredi par Eric Morvan, le patron de la police nationale.

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Des munitions puissantes et bon marché. L’armurier suisse explique également que les munitions choisies par les autorités françaises sont les plus puissantes que l’arme peut utiliser. Pourquoi ce choix ? Le fabricant répond que ces cartouches américaines ont l’avantage d’être bon marché. Il précise : « même dans notre propre pays, la police utilise des munitions moins puissantes pour le maintien de l’ordre. »

En France, ces LBD sont dénoncés depuis plusieurs années par des associations. Il y a un an, le Défenseur des droits réclamait même leur retrait. Mais le ministère de l’Intérieur n’a pas l’intention d’y renoncer. Juste avant Noël, il a d’ailleurs repassé une commande de 1.200 pièces.

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Source : Europe1

 

 

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