Les historiens n’ont plus accès aux archives de 39-45, leurs travaux sont menacés

L’arrêté de 2015 qui ouvrait les archives de la Seconde Guerre mondiale connaît des blocages. Des historiens s’en émeuvent.

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Jean-Marc Berlière, professeur d’histoire contemporaine. | DR
Jean-Marc Berlière, professeur d’histoire contemporaine et spécialiste de la police française, s’inquiète de la fermeture des archives de la défense. Dans ces conditions, les historiens ne peuvent accéder aux fonds concernant la Seconde Guerre mondiale.

Dans quelle mesure chaque citoyen peut-il accéder aux archives de la Seconde Guerre ?

Le président François Hollande avait permis la libre consultation de ces archives après un gros travail des historiens en ce sens. Une façon, avait-il dit, de lutter contre  le révisionnisme, l’altération de la mémoire, l’oubli, l’effacement . Déjà, sous Lionel Jospin en 1999, les choses évoluaient. En 2015, l’ouverture au grand public a permis à des amateurs, qui ne sont pas historiens de formation, de progresser dans la connaissance de cette période. Cela a multiplié les études locales. C’est aussi une façon de faire avancer la démocratie.

En quoi la situation a-t-elle changé ?

Depuis le début de l’année, on note de grosses difficultés pour obtenir les documents aux archives, notamment au Service historique de la Défense, à Vincennes. Ce centre incontournable pour les chercheurs, qui dépend du ministère des Armées, a reçu une consigne des autorités qui vise à la fermeture « provisoire » totale des fonds postérieurs à 1940, en attendant de revenir ensuite sur les documents antérieurs à 1940. Pour un universitaire qui, par exemple, travaille sur le contre-espionnage de 1934 à 1944, tout se ferme brutalement !

Quel est votre sentiment face à ces « blocages de fonds » d’archives ?

Les gens ont besoin de leur passé, c’est vital ! Dès lors qu’on ne communique plus sur un certain nombre de choses, il y a un retour en arrière. Je suis noyé par les plaintes d’historiens, de chercheurs. Pour l’instant, il n’y a pas de conséquence sur le travail universitaire. Mais demain ?
Source : Ouest-France

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