Lelandais, Jonathann Daval, David Ramault : pourquoi sont-ils tous trois hospitalisés en psychiatrie ?

20180510173252963-0Jonathann Daval et Nordahl./ DR

Nordahl Lelandais, Jonathann Daval et David Ramault. Ces trois meurtriers présumés, qui ont défrayé la chronique ces derniers mois après avoir avoués des crimes qui ont suscité une énorme émotion dans l’opinion publique, ont tous été écroués. Et peu de temps après leur incarcération, ils ont été transférés dans des UHSA, des unités hospitalières spécialement aménagées pour les détenus en souffrance psychologique.

Nordahl Lelandais, qui a avoué en février avoir tué la petite Maëlys a été transféré à sa demande trois jours après ses aveux de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, à l’UHSA qui se situe dans le centre hospitalier du Vinatier, à Bron. (En mars, l’ex-militaire de 34 ans a également avoir tué le jeune caporal Arthur Noyer, qui était porté disparu en Savoie depuis près d’un an.)

Jonathann Daval, qui, a, lui avoué fin janvier avoir tué son épouse Alexia après trois mois de mensonges et dissimulations, a été pris en charge dans le service psychiatrique de la maison d’arrêt de Dijon où il est incarcéré de puis quatre mois.

Enfin ce mardi, c’est David Ramault, qui est suspecté d’avoir violé et tué la jeune Angélique Six, 13 ans, le 25 avril dernier et qui est passé aux aveux quelques jours plus tard, qui a été transféré de la prison de Sequedin, dans le Nord, vers une structure dispensant des soins psychiatriques.mardi vers un hôpital psychiatrique pour détenus à Seclin.

Roland Coutanceau, expert psychiatre criminologue auprès des tribunaux, nous livre son avis sur ces trois transferts.

Nordalh Lelandais, Jonathann Daval et David Ramault, trois hommes hommes suspectés de meurtres et parfois de viol, se trouvent aujourd’hui dans des unités psychiatriques de la pénitentiaire. Est-ce pour eux un moyen d’échapper au régime ordinaire de la prison ?
“On ne peut pas dire ça. La vie dans ces unités est plus contraignante. Lorsqu’il est ainsi hospitalisé, le détenu ne peut quitter sa chambre, faire une promenade, communique et échanger avec d’autres détenus. Et puis, les médecins qui se sont prononcés sur leur placement dans ces uniés ne sont pas des ignorants. Ce sont des médecins qui se prononcent sur des données scientifiques et médicales précises et éprouvées.

Cela veut donc dire qu’un détenu ne peut simuler un état dépressif ?
Tout d’abord, il faut savoir que toute personne entrant en prison, même sans être atteinte d’une maladie psychiatrique, subit un choc. Celui de l’incarcération. Beaucoup dépriment et c’est une réaction classique, normale en quelque sorte. De plus, le fait de se projeter dans l’avenir, de se dire je vais rester dans un univers comme celui là pendant 20 ou 30 ans met un coup supplémentaire. A cela, il faut ajouter la sidération que certains ont pour l’acte qu’ils ont commis et qui est considéré comme l’horreur la plus terrible pour les autres, pour la société. Donc, ces personnes ne simulent rien.

Leur placement est ainsi, selon vous, totalement justifié ?
Il peut y avoir des calculateurs, des personnes qui cherchent à exagérer ce qu’elles vivent, l’état dans lequel elles sont pour s’organiser un système de défense. Mais, on ne peut pas tricher longtemps. Il y a des données objectives, des comportements, fonctionnements qui révèlent votre état réel. Ces détenus ont affaire à des médecins spécialistes et à la pointe de ce qui se fait en matière de psychiatrie.Tous ces patients se voient prescrire un traitement qu’ils prennent sous contrôle de personnels de la pénitentiaire. Ils sont également réévalués tous les jours pour déterminer s’il convient de les garder encore en unité spécialisée où s’ils peuvent regagner une cellule ordinaire.

Mais, il semble que l’on place plus facilement qu’avant des détenus dans ce genre de structure. Faites-vous ce constat ?
Lorsque la société se trouve confrontée à une personne qui a commis un acte extraordinaire, un crime sidérant qui suscite une grand réaction au sein de l’opinion, la pénitentiaire et l’ensemble des acteurs de la justice entendent cela bien évidément. Chacun veut, et surtout les proches des victimes, que ces personnes soient jugées et d’aucun ne comprendrait pas qu’elles se suicident et échappent ainsi à une lourde condamnation. Lorsqu’un criminel de renom, comme l’adjudant Chanal, le violeur et tueur de Mourmelon, se suicide en détention avant d’être jugé, toutes les foudres s’abattent sur ceux qui avaient en charge sa détention. Ils sont accusés de tout. Et, je pense que cela joue aussi dans la décision de placer ces présumés coupables dans des unités spécialisées. Les médecins constatent qu’ils sont déprimés et, même s’ils ne le sont que finalement de manière normale, ils décident de leur placement pour éviter tout drame. Mais, je le redis, ce n’est pas le club Med ! C’est un lieu plus contraignant que la cellule et qui n’est que provisoire. »

Source : La Dépêche

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