Le préfet de police Didier Lallement s’en va : gilets jaunes, Covid-19… retour sur 4 polémiques

Didier Lallement, va quitter son poste de préfet de police de Paris.
Julien Mattia / Le Pictorium/MAXPPP

Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, est sur le départ. Selon les informations du « Monde », confirmées par franceinfo, l’exécutif doit annoncer son départ le 20 juillet, à l’issue du conseil des ministres. Retour sur près de trois années chaotiques à la tête de la PP.

Il va faire ses adieux à l’Île de la Cité. Le préfet de police de Paris Didier Lallement va quitter son poste le 20 juillet selon les informations du Monde, confirmées par franceinfo auprès de la préfecture de police de Paris. Son départ doit être annoncé par le gouvernement le 20 juillet prochain à l’issue du conseil des ministres. « La date est susceptible d’évoluer en cas d’imprévu ou de force majeure, mais elle a bien été arrêtée il y a une dizaine de jours », assure au Monde une source au ministère de l’Intérieur. Le nom de son successeur sera connu dans la foulée, précise franceinfo.

Selon nos confrères, il a atteint, en août dernier, la limite d’âge de 65 ans dans le corps préfectoral mais son mandat a été prolongé de deux ans grâce à une disposition dérogatoire. Arrivé à la tête de la préfecture de police de Paris il y a un peu plus de trois ans, le 21 mars 2019, Didier Lallement a été au cœur de multiples polémiques. Retour sur quatre des plus marquantes.

Crise des gilets jaunes : « nous ne sommes pas dans le même camps madame »

Alors nouveau préfet de police, Didier Lallement est déjà critiqué pour sa gestion des manifestations des gilets jaunes en 2019. Succédant à Michel Delpuech, limogé car jugé trop laxiste, Didier Lallement est mis en cause moins d’un an après son arrivée à la tête de la préfecture de police. Des documents internes ont accablé sa gestion du maintien de l’ordre lors du mouvement de contestation. Selon une note de septembre 2019, des responsables de la gendarmerie rapportent qu’il est « clairement indiqué que l’on doit ‘impacter’ les groupes ». Le recours à la technique de la « nasse » est pointé du doigt dans ces documents, révélés par Mediapart en 2020. De hauts responsables jugent les pratiques de Didier Lallement « contraires à la législation ainsi qu’à la réglementation en vigueur », écrit le site d’investigation.

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Enfin, Didier Lallement s’était particulièrement distingué pour avoir lâché une phrase en novembre 2019, qui lui collera à la peau. Alors que la place d’Italie, dans le 13e arrondissement était le théâtre d’échauffourées en marge de la manifestation organisée pour le premier anniversaire des « gilets jaunes », le préfet de police y déambulait devant les caméras de BFMTV. S’adressant à une femme qui l’interpellait dans la rue, Didier Lallement avait sèchement répondu, avec dédain : « Eh bien, nous ne sommes pas du même camp, madame », avant de tourner les talons.

En plein covid, le préfet torpille les malades arrivés en réanimation

Des politiques et des médecins avaient demandé sa démission, malgré ses excuses après cet épisode : Didier Lallement avait une nouvelle fois créé la polémique en établissant un lien entre l’hospitalisation des patients et le non-respect du confinement décrété face au coronavirus. « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté, c’est très simple, il y a une corrélation très simple », avait déclaré le préfet de police au début du mois d’avril 2020, lors d’un point presse sur un contrôle routier pour dissuader les départs en vacances.

Vite reprise, la déclaration avait fait réagir sur les réseaux sociaux. Trois heures après avoir prononcé ces mots et sur demande du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui l’avait appelé, selon une source proche du dossier, le préfet présentait ses excuses, via un communiqué. Didier Lallement « regrette les propos qu’il a tenus ce matin (…) et tient à les rectifier », indiquait le communiqué de la préfecture de police. « L’intention n’était pas d’établir un lien direct entre le non-respect des consignes sanitaires et la présence de malades en réanimation », mais de « de rappeler la nécessité d’une stricte application du confinement », ajoute-t-il.

Visé dans une enquête pour « faux témoignage »

Le préfet de police de Paris et des hauts magistrats étaient le 14 janvier 2021 visés par une enquête pour « faux témoignage » lors de leurs auditions devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les obstacles à l’indépendance du pouvoir judiciaire. En septembre 2020, Ugo Bernalicis, président de la commission d’enquête sur l’indépendance de la justice, avait accusé sept hauts responsables dont le préfet de police de « faux témoignages » et « parjures » devant les parlementaires.

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Le préfet de police de Paris Didier Lallement était accusé de ne pas avoir dit la vérité lorsqu’il a indiqué ne pas avoir « trouvé les organisateurs » de manifestations de policiers non autorisées en juin. Le parquet de Nanterre avait décidé « de classer la procédure en cause pour absence d’infraction » car il ressort que « ni l’élément matériel, ni l’élément intentionnel de ce délit ne sont caractérisés », selon la décision datée du 31 mars.

Bras de fer avec la mairie de Paris sur la colline du Crack

La mairie de Paris et le préfet de police Didier Lallement s’opposent depuis 2021 au sujet, sensible, des consommateurs de crack dans la capitale, le chef des forces de l’ordre ayant, au départ, décidé de les déplacer de Stalingrad, leur zone historique de regroupement. Depuis septembre, entre 150 à 200 toxicomanes ont été déplacés vers la porte de la Villette afin de soulager les Jardins d’Eole (XVIIIe), précédent point de regroupement.

Le 1er février dernier, les services de l’État avaient annoncé le financement de 70 places d’hébergement supplémentaires pour ces toxicomanes, correspondant au nombre de toxicomanes dormant en permanence sur place, et porté à 510 le nombre total de places financées par le plan crack. Fin janvier, le préfet de police Didier Lallement avait annoncé vouloir déplacer ce même groupe de toxicomanes du nord-est parisien, leur quartier historique, vers une friche ferroviaire de Bercy (sud-est). Il avait renoncé trois jours plus tard devant la « virulente opposition » de la mairie de Paris, rejointe par les élus de droite du Val-de-Marne.

Source : Marianne

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