Le général Soubelet sanctionné pour son livre

 

Le général de corps d'armée Bertrand Soubelet (M.GUYOT/Essor)

Le général Soubelet sanctionné pour son livre

Le général de corps d’armée Bertrand Soubelet va bientôt quitter le commandement de la gendarmerie d’outre-mer (CGOM) sans se voir proposer de nouvelle affectation et ce, pour une durée indéterminée, a-t-on appris ce jeudi auprès de l’intéressé.Le général Soubelet avait publié, chez Plon il y a trois semaines, un livre intitulé « Tout ce qu’il ne faut pas dire » dans lequel il prenait quelques libertés avec son devoir de réserve.

Il a rencontré hier mercredi en fin de journée le général de corps d’armée Philippe Mazy, directeur des ressources humaines de l’Arme, qui s’était déplacé pour lui signifier qu’il quitterait prochainement son affectation.

Précisons que le général Soubelet n’a pas été placé « hors cadres », qui est une position statutaire des militaires dans laquelle ils sont placés à leur demande (Article L. 4138-10 du code de la défense).

« Nous avons ensuite discuté de mon successeur, le général Lucas, qui est un excellent choix pour ce poste, ainsi que de différentes problématiques touchant à l’outre-mer », a précisé Bertrand Soubelet à « L’Essor ».

Le général de brigade Lambert Lucas commande la gendarmerie de Guyane depuis le 1er juillet 2013.

A trois ans de la limite d’âge, Bertrand Soubelet « ne sait pas combien de temps » cette absence d’affectation va durer « mais cela ne peut pas être jusqu’à ma retraite en tout cas ».

Il conserve pour le moment sa solde et le bénéfice de son logement de fonction.

Si cette rencontre prouve que la décision est prise officiellement, elle n’est pas encore formellement actée. Le compte-rendu du dernier conseil des ministres ne comportait en effet aucune mesure nominative concernant son successeur ou lui même. Un décret du président de la République, publié au « Journal officiel », devra concrétiser cette mise à l’écart.

« J’accepte la décision qui va être prise par le Président de la République, chef des armées », nous a expliqué le général quatre étoiles avant d’ajouter ne pas voir « de raisons professionnelles à cette sanction. J’imagine donc que c’est mon livre qui en est à l’origine. Je trouve cela regrettable car, bien que militaire, j’estime m’être exprimé de façon mesurée », a-t-il ajouté.

Sollicitée, la direction générale de la Gendarmerie (DGGN) n’a pas souhaité commenter cette information.

Dans « Tout ce qu’il ne faut pas dire », en tête du classement des ventes de documents (25.000 exemplaires numérique et papier vendus au 13 avril), Bertrand Soubelet revenait notamment sur son audition le 18 décembre 2013 à l’Assemblée nationale par la commission de « lutte contre l’insécurité », présidée par le député (PS) du Val-d’Oise, Jean-Pierre Blazy.

Il écrivait que son franc parler en tant que Directeur des opérations et de l’emploi (Numéro 3 de la Gendarmerie) lui avait valu d’être « placardisé » pendant quelques mois avant de rejoindre l’outre-mer, ce qu’il considérait comme une sanction.

Depuis la parution de son livre, le « général Courage », comme il a été surnommé à l’époque sur les réseaux sociaux, a multiplié les interventions dans la presse écrite, les radios et les télévisions.

A la veille de la sortie de cet ouvrage, le directeur général de la Gendarmerie, le général d’armée Denis Favier l’avait critiqué sur son blog sans en mentionner ni le titre ni le nom de l’auteur, écrivant notamment : « Je ne conçois pas que l’on accepte de telles fonctions pour les dénigrer ensuite ».

Matthieu GUYOT

Source : L’Essor

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