Le gendarme Legrand condamné à 30 ans de réclusion pour le meurtre d’une étudiante

L’avocat Eric Dupont Morreti (à droite) n’a pas pu empêcher la condamnation de son client, l’ex-gendarme Lylian Legrand, qui a écopé de 30 ans de réclusion vendredi à Lille.

AFP/Denis Charlet

Ses dénégations n’ont pas convaincu les jurés. L’adjudant de gendarmerie Lylian Legrand, 45 ans, a été condamné hier à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Nord pour le meurtre et la tentative de viol de Stéphanie Fauviaux, tuée en 1995 à Lille. « Dans ce procès, il n’y a pas beaucoup de place pour le doute », avait asséné l’avocat général Luc Frémiot, dont les réquisitions ont été suivies. « Stéphanie Fauviaux lui plaisait, il est venu la cueillir comme une fleur des champs », a décrit le représentant du ministère public, pour qui l’agression sexuelle de cette jeune étudiante de 18 ans constitue le mobile du crime.

 

A l’énoncé du verdict, des applaudissements ont éclaté dans la salle. « Je n’ai pas tué Stéphanie, je suis innocent », avait déclaré Lylian Legrand avant que la cour ne se retire pour délibérer. « Qu’est-ce qu’on a dans cette affaire ? Des aveux rétractés, des ADN sur un peignoir, et stop, fin ! Pour condamner un homme, il faut des preuves absolues», avait plaidé plus tôt son avocat, Me Eric Dupond-Moretti, en pointant les zones d’ombre du dossier, comme ce poil pubien jamais identifié retrouvé dans le nombril de la victime.

« Maintenant tu sais d’où viennent mes insomnies »

A l’époque du drame, Lylian Legrand, âgé de 23 ans, était le futur beau-frère de la colocataire de la victime et l’un de ceux qui avait découvert son corps. Confondu dix-sept ans plus tard par son ADN, retrouvé mêlé au sang de la victime sur le peignoir dans lequel elle gisait, le gendarme avait passé des aveux partiels en garde à vue avant de se rétracter. «Si tu savais à quel point je le regrette, maintenant, tu sais d’où viennent mes insomnies », avait-il entre temps écrit à son épouse, mère de leurs deux enfants.

 

« Pourquoi cette lettre ? », l’ont maintes fois interrogé la présidente de la cour, Vinciane De Jongh, et l’avocat de la famille de Stéphanie Fauviaux, Me Gildas Brochen. « Il fallait que je marque quelque chose… », a-t-il maladroitement défendu. « Il était dans le repentir total », a témoigné le policier qui l’avait alors autorisé à écrire cette missive.

 

Visage spectral, explications embrouillées… Lylian Legrand a mis ses aveux de l’époque sur le compte des pressions policières ou de la stratégie de défense « suicidaire » de son ancien avocat – sans convaincre.

Les cinq jours d’audience n’ont pas permis aux proches de Stéphanie Fauviaux de savoir ce qui s’est vraiment passé ce 24 mai 1995, dans le petit appartement de Lille où elle s’était installée pour sa première année de fac de maths. Sinon d’évoquer la mémoire d’une jolie brune « joyeuse, sérieuse, qui aimait faire la fête » et confiait tout à ses amies. Une jeune fille très éprise de son premier amour, pudique aussi, « un peu peureuse », et « qui n’aurait jamais ouvert sa porte à un inconnu ».

Source : leparisien.fr

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