Le gendarme accusé du meurtre de Stéphanie Fauviaux en 1995 plaidera non coupable

Jugé à partir d’aujourd’hui par la cour d’assises de Douai pour le meurtre en 1995 de Stéphanie Fauviaux, étudiante, Lylian Legrand conteste le meurtre et la tentative de viol dont il est accusé. La cour va tenter de savoir ce qui s’est réellement passé dans cet appartement du centre-ville de Lille il y a 21 ans. Verdict attendu vendredi.

Le gendarme Lylian Legrand, qui se tient dans le box des accusés, est défendu par M
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 Éric Dupond-Moretti et Alice Cohen-Sabban. Photo Séverine Courbe

Le gendarme Lylian Legrand, qui se tient dans le box des accusés, est défendu par M es Éric Dupond-Moretti et Alice Cohen-Sabban. Photo Séverine Courbe

Costume marine, chemise blanche, Lylian Legrand se tient au garde à vous lorsque la présidente Vinciane De Jongh l’interroge. La cour n’a aucun mal à deviner le gendarme derrière cet homme affable et sûr de lui. Sauf que le quadragénaire se tient dans le box des accusés. Il est poursuivi pour avoir tué Stéphanie Fauviaux, 18 ans. C’est lui qui, accompagné de deux proches, avait découvert le corps à moitié immergé dans la baignoire. Placé en isolement à sa demande, depuis le début de sa détention provisoire, en novembre 2012, il affirme passer ses journées à lire.

À l’audience, il se présente volontiers bavard. Il commente l’enquête de personnalité avec la meilleure volonté du monde. Rien à dire sur son enfance heureuse à Estaires, dans les Flandres, grandi entre deux frères et une sœur. «  J’étais un bon gamin  », résume-t-il à l’expert venu l’interroger en 2013. Un BTS électrotechnique, un début de carrière «  dans la Garde républicaine, sous Chirac  », reprend son avocat, Me Éric Dupond-Moretti. Un gendarme bien noté par sa hiérarchie, qui monte en grade jusqu’à celui d’adjudant. «  J’ai été décoré pour avoir interpellé un pédophile devant Notre-Dame de Paris, alors que je me promenais avec ma femme et mes enfants. L’homme se masturbait devant une petite fille  », souligne-t-il à l’audience. Rien à voir a priori avec son métier d’informaticien au sein de la gendarmerie nationale.

Le vernis de cet homme «  volontiers moqueur  », à l’humour potache, se craquelle un peu sur le terrain sentimental. Certes, l’enquête révèle qu’il ne s’est jamais montré violent avec les femmes. Ni avec son premier amour, Christelle, avec qui il a nourri une relation pendant trois ans, ni avec Sandrine, sa fiancée à l’époque du meurtre et qui est devenue son épouse et la mère de ses deux enfants. Mais Karine, la sœur de Sandrine et la colocataire de Stéphanie, assure qu’il a bien tenté de l’embrasser alors qu’elle avait 16 ans. Et qu’un jour, elle l’a retrouvé nu dans son lit.

L’expert affirme qu’après plusieurs aventures extraconjugales, l’informaticien s’était inscrit sur un site de rencontre à partir de 2011 et «  connu une dizaine de partenaires sexuelles  ». «  Sandrine et moi n’étions plus vraiment un couple, plutôt des amis  », analyse Lylian Legrand à l’audience. Mais il s’attache à une certaine Nathalie. Sa femme aurait toléré la relation.

« As-tu déjà tué quelqu’un ? »

Mais c’est bien pour sauver leur famille que les Legrand quittent la région parisienne pour s’installer à Nice, en juin 2012. Même si Nathalie, elle aussi, déménage dans le Sud… Citée comme témoins, elle révèle un «  homme gentil  » qu’elle a rencontré sur un site Internet. Ils se voient à la caserne, à Rosny-sous-Bois. Et elle remarque que Lylian Legrand dort Peu. Et qu’il dort mal, souffrant de fréquentes insomnies. Et il y a ce SMS du 18 octobre 2012, exhumé par l’avocat général. Nathalie demande à Lylian Legrand : « As-tu déjà tué quelqu’un ? » Francis et Ginette Fauviaux, les parents de Stéphanie, remarquables de dignité, encaissent le coup.

Source : La Voix du Nord

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