Le contrôle tourne mal : 1 an de prison pour le chauffard
Le chauffard a heurté le talus avant de percuter le mur du cimetière et une borne incendie. / Photo DDM, J. Astruc
Le 24 juin, un homme de 23 ans a refusé d’obtempérer à un contrôle de gendarmerie, à Campagne-sur-Arize. S’en est suivie une course-poursuite dans laquelle gendarmes et fuyards ont risqué la mort.
Dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 juin, Thomas* rentre en voiture d’une soirée arrosée, organisée pour l’anniversaire de son amie d’enfance, Fanny*, qui est sa passagère dans le véhicule. À l’arrière, Baptiste* cuve l’alcool qu’il a ingéré pendant la fête. Tous ont bu mais se dirigent en pleine nuit vers Les Bordes-sur-Arize. Thomas, au volant, a enchaîné les verres de punch et fumé «au moins trois joints», a-t-il indiqué lors de son procès en comparution immédiate, hier, au tribunal correctionnel de Foix.
À 4 h 20, les trois fêtards tombent sur deux gendarmes de la brigade motorisée de Saint-Girons, au niveau d’un giratoire sur la RD 628, à Campagne-sur-Arize. Thomas refuse d’obtempérer à la sommation de s’arrêter des gendarmes, qui le prennent en chasse. «J’ai paniqué, j’ai perdu le contrôle de moi-même. Je sais très bien que j’ai pris la mauvaise décision», a répété plusieurs fois le prévenu de 23 ans au tribunal.
À trois reprises, il force les gendarmes à s’écarter
Pourtant, sa passagère hurle, le suppliant à plusieurs reprises de stopper le véhicule. À l’arrière Baptiste assiste à la scène, impuissant. Thomas persiste et continue en direction du cimetière du village, où il fait demi-tour. Là, les gendarmes lui font barrage, descendent pour l’interpeller, allant jusqu’à ouvrir la portière du conducteur. Thomas redémarre, la portière bouscule un représentant de l’ordre.
Le chauffard s’engage dans un chemin privé, les gendarmes toujours derrière lui. Fanny profite d’un bref arrêt dans la cour d’une ferme pour s’éjecter de la voiture. Thomas repart en marche arrière, manquant de peu d’écraser la jeune fille, et obligeant, pour la troisième fois, les gendarmes à l’éviter. «Ils vous tenaient en joue, et vous aviez des passagers. Vous réalisez un petit peu ?», lui a demandé le président, Fabrice Vétu, avant d’ajouter «Vous auriez pu la tuer». «J’en suis conscient», a répondu Thomas, en sanglotant.
Un comportement qualifié de «très grave» par la procureure, Maëliss Vilamot : «Ce jour-là, M. Thomas a fait risquer la mort à 4 personnes. Malgré une arme pointée sur lui, il fonce. Heureusement, les gendarmes n’ont pas tiré et ont réussi à s’écarter», a-t-elle ajouté lors de ses réquisitions. La procureure a demandé 9 mois de prison dont 3 avec sursis pour le jeune Thomas, et 5 mois avec sursis à l’encontre de son père.
Son père arrive en retard, en buvant un café…
Oui, car c’est ce dernier qui a tenté de faire disparaître la voiture de son fils, après que celui-ci a semé les gendarmes, alors au chevet de la jeune Fanny, et s’est réfugié chez son père.
Le père, un Britannique de 63 ans, s’est présenté au procès avec plus d’une demi-heure de retard, gobelet de café à la main et lunettes de soleil sur le front. Le soir des faits, il a incendié le véhicule fautif dans une forêt de Montbrun-Bocage. «Je n’ai pas trouvé une loi qui disait qu’on ne pouvait brûler sa propre voiture», a déclaré l’étrange personnage au tribunal, qui a quitté sa terre d’origine pour éviter de s’engager dans la guerre des Malouines. «Vous êtes poursuivi pour destruction d’un bien par moyen dangereux, et encourez 10 ans de prison», lui a signifié le président. Il n’a écopé «que» de 6 mois avec sursis et de 150 € d’amende, et ne fera pas l’objet d’une expertise psychiatrique comme l’avait demandé son avocate, Me Adeline Parant, qui a également plaidé pour le fils. Ce dernier a été condamné à 12 mois de prison dont 6 avec sursis et maintien en détention. Son permis de conduire est annulé et il devra verser des dommages et intérêts aux deux gendarmes.
*les prénoms ont été changés
Source : La Dépêche
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