Lanvollon. Guillaume, le cascadeur devenu gendarme

image: http://www.letelegramme.fr/images/2016/12/08/ancien-cascadeur-au-japon-et-desormais-en-poste-a-la_3205443.jpgAncien cascadeur au Japon et désormais en poste à la gendarmerie de Lanvollon, Guillaume David continue à pratiquer le Krav-Maga chez lui.
Ancien cascadeur au Japon et désormais en poste à la gendarmerie de Lanvollon, Guillaume David continue à pratiquer le Krav-Maga chez lui.

Depuis un peu plus de six mois, Guillaume David est gendarme à la brigade de Lanvollon. Une nomination comme une autre ? Pas vraiment. Parce qu’avant les forces de l’ordre, le jeune homme a fait carrière dans les arts martiaux : il était cascadeur au pays du Soleil-Levant.

Guillaume David, jeune trentenaire du Loir-et-Cher a pris son poste le 21 mars, à la brigade de Lanvollon (22). Dans une autre vie, il était cascadeur au Japon. Cette expérience atypique, il la doit à « de belles opportunités ». Et sûrement, même s’il ne l’admet que difficilement, à son talent. Amateur de Bruce Lee depuis son plus jeune âge, il « louait sans arrêt les mêmes vidéos » : « J’admirais les films de combats. C’était l’époque Dragon Ball Z, comme beaucoup d’enfants, on s’amusait à se battre dans la cour de l’école », se souvient-il. Enfin dans la cour, oui, mais pas seulement ! La maison aussi, a souvent été le terrain de redoutables entraînements. « Chez moi, j’ai cassé le pied d’une table », sourit-il, l’air faussement penaud.

Art martial : passeport pour le Japon

Comme une évidence, à l’âge de 16 ans, il s’inscrit à des cours de jeet kune do, un art martial « similaire au kung fu en plus artistique et avec plus de contact ». C’est sur ces tapis qu’il rencontre, six mois plus tard, Samuel Kefi Abrikh. Un ami plein d’ambitions. Avec lui, il filme des vidéos modestes qu’ils postent sur internet. Des « fight » chorégraphiés. Puis quatre ans plus tard, tout s’enchaîne. Samuel part au Japon. Il y intègre l’agence Wild Stunts, devient cascadeur professionnel et invite son ami à le rejoindre. Guillaume prend l’avion six mois plus tard, direction Tokyo. Il est remarqué grâce à ces vidéos et rencontre Masayuki Akinaga, maître de sabre, qui lui reconnaît un bon potentiel. « J’avais le sens pour me déplacer et effectuer les mouvements au bon moment ». Le Japonais place d’ailleurs en lui beaucoup d’espoirs. « Il me voyait devenir professeur de sabre en France ». L’entraîneur souhaite le recruter mais s’impose la barrière de la langue. Et celle-là, il ne peut pas passer au travers. « Je ne parlais pas du tout japonais et leur anglais est affreux », rigole-t-il.

Super-héros

Le jeune homme est donc contraint de ranger ses poings et ses coups de pied retournés : « Le patron m’a laissé deux ans ». Il s’inscrit alors en licence de Langue littérature et civilisations étrangères (LLCE), spécialité japonais. « Je n’allais pas aux cours, j’avançais plus rapidement chez moi ». Et pendant les vacances, il vole entre la France et le Japon, pour y faire des « shows ». Il enfile des costumes de super-héros et multiplie les figures. D’ici, on aurait du mal à imaginer mais là-bas, c’est toute une culture. Et les shows, une coutume.

« Chutes d’immeubles »

C’est ce qui devient son quotidien lorsqu’il s’installe, en septembre 2007 et à l’âge de 23 ans, avec, en poche, son Deug (aujourd’hui licence 2) de japonais et son visa « vacances travail » pour un an. « On faisait des shows dans les stades pour des événements mais aussi, plus simplement, dans les centres commerciaux ». En parallèle, il tourne quelques longs-métrages en tant que cascadeur : « Il y a différents types de cascades. Moi, c’était plutôt tout ce qui s’apparente au combat et les chutes d’immeubles ». Puis, des séries japonaises comme Kamen Rider ou Rescue Force. Il prend même part à un tournage de clips vidéos, celui du groupe Shonan no Kaze, et apparaît lors d’un concert, au milieu d’innombrables effets pyrotechniques. S’il n’a pas peur ? Non, pas vraiment. Sauf ce jour où il se retrouve avec des explosifs au napalm entre les mains : « Je devais poser l’explosif avant de me retrancher un peu plus loin. Il n’y avait aucun risque mais je n’étais pas serein », reconnaît le gendarme. Pour rythmer son quotidien, beaucoup d’entraînements. Car « pour faire du faux, il faut savoir faire pour de vrai ».

« Un boulot où il y a de l’action »

Souvent, les rôles au cinéma sont l’occasion pour les acteurs d’incarner des personnages qu’ils auraient aimé être dans la vie. Pour Guillaume David, c’est l’inverse : « Dans les courts-métrages, j’aurais aimé avoir des rôles de forces spéciales. Alors quitte à ne pas l’avoir fait au cinéma, autant le faire en vrai ». Car son retour en France est beaucoup moins fructueux. La filiale française de Wild Stunts, qui se créée, finit KO rapidement. Alors de déceptions en réflexions, Guillaume cherche « un travail stable » et à avoir « un salaire mensuel ». Mais pas n’importe lequel. « Un boulot où il y a de l’action ». C’est donc naturellement qu’il se tourne vers la gendarmerie, avec l’espoir, un jour, d’intégrer un groupe d’intervention et ainsi mettre à profit dans cette nouvelle vie tous les acquis de son ancienne.

Source :  Le Télégramme

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *