L’âge de consentement : variations dans le temps & l’espace

Tentative d’aborder avec culture & raison un sujet qui la fait perdre. Chapitre 2/7.

« Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà »

dimanche 20 avril 2025, par Lionel Labosse

Après le premier article « Socratisation, pédérastie & pédophilie : les mots pour le dire », voici le deuxième article de la série « Tentative d’aborder avec culture & raison un sujet qui la fait perdre », consacré à l’âge de consentement. Le troisième article évoquera des cas célèbres de « pédérastie » dans l’histoire. Le quatrième article se penchera sur des cas modernes, de Lewis Carrol à l’époque actuelle. Le cinquième article proposera une réflexion synthétique basée sur quelques souvenirs personnels. Le sixième article traitera de « Dissidence » & homophobie, et le septième article conclura sur « Qu’est-ce qu’il y a de scandaleux chez « Brigitte » ? ».

Plan de l’article
 L’âge de consentement : variations dans le temps & l’espace
 Roméo & Juliette
 Le cas André Gide

L’âge de consentement : variations dans le temps & l’espace

Toute la brigittosphère s’est excitée sur André Gide, suite aux propos de Candace Owens qui a évoqué un « livre pédophile » sur la photo officielle du présiroi. Ces propos sont à la fois vrais et faux, en tout cas réducteurs, et ils appellent une mise au point sur la question de l’âge de consentement, de façon à éviter ce travers de juger des affaires du passé avec les lunettes du présent, en se laissant emporter par la passion de la vertu (dénoncer la « pédophilie » sans nuances, plus gravement qu’un génocide). Dans cet article, nous ne traiterons que de la France, mais je vous renvoie à l’article de Wikipédia Majorité sexuelle pour prendre du recul sur la question. En effet, on y apprend que selon les pays, la majorité sexuelle peut varier de 12 à 18 ans, à moins que ce ne soit « la puberté ». Au risque de choquer, je crois que la raison serait de revenir à la puberté, du moins à une puberté accomplie, en acceptant que cela puisse être relativement variable, et après, lorsqu’il y a plainte, il faudrait examiner s’il y a ou non corruption de mineur, c’est-à-dire en revenir au bon sens plutôt qu’aux chiffres. En tout cas, ces questions donnent lieu à des débats infinis et des projets de loi à répétition semblables à la tapisserie de Pénélope, comme en atteste cet article de France-Culture : « Pédocriminalité : ce que disent les lois depuis 1810 ». La « pédophilie » est comme le voile islamique et l’antisémitisme : on se demande à quoi s’occuperaient les députés sans ces hochets. La dénatalité ? L’endettement de la France ? La désindustrialisation ? La perte des libertés publiques ? Foutaises que tout cela !
Dans certains pays musulmans, il est obligatoire d’être marié, mais l’âge pour se marier peut être 9 ans, pour une raison liée à l’âge d’Aïcha quand elle fut mariée au Prophète (cf infra). Aux États-Unis, il en va de même que pour le droit à l’avortement, la majorité sexuelle peut varier selon les États, de 16 à 18 ans. Le Mexique est un des cas les plus originaux, car selon les régions, qui sont fort nombreuses, l’âge de consentement varie de la puberté à 18 ans, en passant par tous les âges intermédiaires, de 12 à 18 ! J’engage donc les imprécateurs prompts à hurler « mort aux pédophiles », à considérer que la définition peut varier d’une époque à l’autre, et d’un pays à l’autre, et que la raison voudrait quand même que l’on fît une légère différence entre un pédocriminel sataniste de 60 ans qui viole des fillettes de 4 ans avant de les découper en rondelles (les spectateurs du film Les Survivantes de Pierre Barnérias comprendront), et un Mexicain de 19 ans en voyage à qui on n’a pas dit que l’âge de consentement variait selon le territoire et qui couche avec sa petite amie de 13 ans à l’hôtel !
C’est la vérité éternelle résumée par Blaise Pascal dans son célèbre aphorisme pyrrhoniste des Pensées (Misère 9) : « on ne voit rien de juste ou d’injuste qui ne change de qualité en changeant de climat, trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la jurisprudence, un méridien décide de la vérité. En peu d’années de possession les lois fondamentales changent, le droit a ses époques, l’entrée de Saturne au Lion nous marque l’origine d’un tel crime. Plaisante justice qu’une rivière borne. Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » En 2005, j’avais fait le point dans mon livre Altersexualité, Éducation et Censure : « En effet, l’âge de consentement diffère selon le pays. François Mitterrand a mis fin en France à la discrimination entre homosexuels et hétérosexuels, et la limite est fixée à 15 ans pour tous. Mais la distinction existe encore, dans certains pays, comme la Lettonie, la Hongrie ou Chypre, avec un écart de quatre ans. À Malte et en Slovénie, la majorité sexuelle est à 12 ans ou à 14 ans. » L’entrée dans l’UE aura donc porté l’âge de consentement à Malte, de 12 à 18 ans. Avec des procès rétrospectifs ?
En fait, en ce qui concerne Malte, la législation est une usine à gaz, et en réalité, il existe une limite à 12 ans, tellement complexe que dans l’article de Wikipédia sur la majorité sexuelle en Europe, ce pays minuscule a droit à l’une des plus longues notices, expliquant une notion de « flétrissure » qui dépend des circonstances, et donc peut-être du bon sens. Je relève cet exemple : « un gérant d’hôtel de 46 ans a été blanchi de flétrissure à l’encontre d’un jeune garçon de 14 ans pour la raison que ce dernier avait eu, depuis longtemps, de multiples aventures avec des personnes de rencontre ». Appliquons cette jurisprudence qui date de 2008 au cas d’André Gide ou de Frédéric Mitterrand : à Malte, même de nos jours, ils seraient peut-être relaxés. Et les parents de ces enfants peut-être poursuivis ?
Cela me rappelle les paroles de Jean-Jacques Rousseau sur le nombre de citoyens dans Du Contrat social : « Je viens de prouver que le Gouvernement se relâche à mesure que les magistrats se multiplient, & j’ai prouvé ci-devant que plus le peuple est nombreux, plus la force réprimante doit augmenter. D’où il suit que le rapport des magistrats au Gouvernement doit être inverse du rapport des sujets au Souverain : c’est-à-dire, que, plus l’État s’agrandit, plus le Gouvernement doit se resserrer ; tellement que le nombre des chefs diminue en raison de l’augmentation du peuple. »
Bien sûr, le bon droitard va brandir l’alpha & oméga de son argumentation : « peine de mort pour les pédophiles ! » Mais qui peut reprocher à un avocat de défendre son client, même s’il n’approuve pas ses actes, en essayant d’obtenir la peine la moins lourde ? Qui peut reprocher à un juge d’établir des distinctions dans l’appréciation de la loi, selon la gravité des faits ? C’est l’essence même de la justice, ou bien alors voulez-vous le talion ou la vendetta ? Avec de tels mots d’ordre, on ne peut, du côté complotiste, revendiquer de tenter par tous les moyens de contester devant la justice des lois iniques comme la suspension des soignants ou les passes sanitaires. Quand vous criez « À mort les pédos », que pouvez-vous répondre à « Supprimons les droits & libertés des non vaxinés » ? Réclamons la Justice et le Droit, cela devrait suffire, et si cela ne suffit pas, tentons de faire changer la loi.
En mars 2021, le Garde des Sceaux Dupont-Moretti (Ducon-Maserati pour les intimes) a imposé une « Clause Roméo et Juliette », instaurant un écart d’âge de 5 ans pour le consentement d’un « mineur de 15 ans » (terme de droit ambigu qui signifie en réalité « mineur de moins de 15 ans », ce qui revient à le fixer à 13 ans si l’autre personne est âgée de 18 ans. 13 ans, c’est revenir à l’état des choses avant l’ordonnance du 2 juillet 1945.
Selon l’article de Dalloz « De la majorité sexuelle homosexuelle », avant 1832, aucun âge de consentement n’était prévu par la loi, en dehors de l’âge du mariage (dix-huit ans pour les hommes et quinze ans pour les femmes, jusqu’en 2006 où cet âge a été égalisé à 18 ans pour les deux sexes). Jusqu’à cette date, seul le bon sens faisait loi.
En 1832, l’âge de consentement est fixé à 11 ans. En 1863, il est relevé à 13 ans, et ce jusqu’à 1945. Ce n’est qu’en 1942 (6 août 1942) qu’une distinction est faite entre consentement homo et hétérosexuel. Une question anthropologique – à laquelle je n’ai pas de réponse – se pose : comment se fait-il que l’âge de consentement augmente, alors que l’âge de la puberté est en recul ? Question adventice : et si un mineur de 16 ans est encore impubère, comment est-il considéré au regard de la loi ? Ajoutons que selon le dictionnaire d’Émile Littré, « Il faut distinguer la puberté de la nubilité : celle-là arrive avant celle-ci ; on est pubère quelques années avant d’être nubile, c’est-à-dire avant d’avoir le corps suffisamment développé pour le mariage. » L’étymologie de « nubile » remonte au latin nubes (« voile », « ce qui voile le ciel : nuage »), que l’on retrouve dans « obnubilé ». La fille nubile était couverte d’un voile chez les Grecs & Romains, comme en témoigne cet article du Temps : « Le voile, cinq mille ans de soumission ».
Anthropologiquement parlant, vu ces variations de l’âge de consentement, et s’il ne s’agit que de cela précisément, je dirai que cette « Clause Roméo et Juliette » se discute. Quand je vois les jeunes de 18 ans, certains ont vraiment des têtes de bébés ; faut-il jeter en prison un gamin de juste 18 ans parce qu’il a joué à touche-pipi avec une Lolita de 14 ans consentante ? Surtout qu’il y a peu de chances qu’ils soient instruits de la notion d’âge de consentement. En tout cas, c’est au juge de démêler la situation et de vérifier s’il y a bien eu consentement, et absence de perversité (« incitation à la débauche ») chez le plus âgé des deux. Malte nous fournit un modèle de justice à dimension humaine. L’essentiel en justice me semble être la force pédagogique du tribunal et de la peine. Mieux vaut une peine proportionnée acceptée par le justiciable, qu’une peine disproportionnée qui en fasse un enragé.
C’est d’ailleurs là une contradiction de nos amis complotistes, quand ils traitent de l’éducation sexuelle. Certes, je suis le premier à dire qu’elle a été dévoyée ; mais aussi qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Me David Guyon a rappelé pendant l’émission à laquelle j’ai participé le 4 février 2025 sur GPTV, que la plupart des actes pédophiles avaient lieu au sein de la famille, ajoutant l’inceste à la pédophilie. Dans ces conditions, prétendre que c’est aux parents seuls, et non à l’école, de se charger de l’éducation sexuelle, c’est livrer un grand nombre d’enfants sans défense à des parents violeurs. Il convient de trouver le juste milieu.

Roméo & Juliette
Voici un extrait significatif de Roméo et Juliette de Shakespeare, dont l’action est censée se dérouler en Italie au XIVe siècle, pays dont les mœurs étaient considérées plus libres qu’en Angleterre :
« LA NOURRICE. — Ma foi, je puis dire son âge à une heure près.
MADONNA CAPULET. — Elle n’a pas quatorze ans.
LA NOURRICE. — J’engagerais quatorze de mes dents, — et cependant, pour le dire à mon regret, je n’en ai que quatre, — qu’elle n’a pas quatorze ans : combien y a-t-il de temps d’aujourd’hui à la Saint-Pierre-aux-Liens ?
MADONNA CAPULET. — Une quinzaine et quelques jours.
LA NOURRICE. — Soit plus, soit moins, vienne la Saint-Pierre-aux-Liens, le soir de ce jour elle aura juste quatorze ans. »

Ajoutons que comme l’action de la pièce est censée se dérouler sur une poignée de jours, Juliette n’a toujours que 13 ans quand le mariage est consommé et qu’elle meurt sur le cadavre de son séducteur, âgé quant à lui de 15 à 21 ans, on ne sait pas trop. Ce n’est qu’une fiction, mais peut-être la fiction la plus célèbre de l’ère chrétienne. Les millions de spectateurs qui pleurent sur Roméo et sur Juliette depuis des siècles ont-ils réellement l’impression de cautionner une apologie de la pédophilie ?
Une autre mise au point importante concerne la loi portant exception à la majorité sexuelle de 15 ans pour les « adultes ayant autorité ». À ma connaissance, cette exception date de 1980, c’est l’article 331-1 du Code pénal en vigueur du 24 décembre 1980 au 01 mars 1994, remplacé en 1994 par l’article 227-27, en vigueur du 01 mars 1994 au 01 janvier 2002, puis à nouveau modifié : « Les atteintes sexuelles sans violence, contrainte, menace ni surprise sur un mineur âgé de plus de quinze ans et non émancipé par le mariage sont punies de deux ans d’emprisonnement et de 200 000 F d’amende : 1° Lorsqu’elles sont commises par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime ; 2° Lorsqu’elles sont commises par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions. »
L’affaire qui nous préoccupe ayant eu lieu en 1991, était donc soumise à cet article 331-1 en vigueur du 24 décembre 1980 au 01 mars 1994. En fait, comme nous l’apprend Maître Eolas dans un article intitulé « Prescription, vous avez dit prescription… ? (chapitre II), cette notion était déjà présente dans l’article 333 du Code pénal de 1810 : « Si les coupables sont les ascendants de la personne sur laquelle a été commis l’attentat, s’ils sont de la classe de ceux qui ont autorité sur elle, s’ils sont ses instituteurs ou ses serviteurs à gages des personnes ci-dessus désignés, s’ils sont fonctionnaires ou ministres d’un culte, ou si le coupable, quel qu’il soit, a été aidé dans son crime par une ou plusieurs personnes, la peine sera celle (des travaux forcés à perpétuité) de la réclusion criminelle à perpétuité. »
Cette notion d’« autorité » fait l’objet d’un article savant : « Variations sur l’interdit (1832-1875) » sur les problèmes d’application de cet article 333 à une époque où l’éclatement de la famille traditionnelle, et notamment la multiplication des beaux-pères fragilisait l’autorité naturelle du père. La justice aura bien du mal à distinguer « autorité de droit » et « autorité de fait ». Ce que je n’arrive pas à préciser, n’étant pas historien du droit, c’est l’application de cette loi qui semble avoir perduré de 1810 jusqu’en 1980. D’après ce que je comprends, elle ne concernait que les cas de viol, raison pour laquelle elle ne pouvait pas s’appliquer lors de relations consenties, ce qui est le cas de Beauvoir, et plus tard de Gabrielle Russier, qui sera poursuivie pour « enlèvement » et non pour des relations sexuelles avec le mineur en question.

Le cas André Gide
Il convient donc de resituer les choses dans leur contexte, et de ne pas juger les faits du passé avec les lunettes du présent. Quand André Gide consommait des garçons de 13 ans en Algérie (comme le ferait bien plus tard Frédéric Mitterrand en Thaïlande (je ne suis pas sûr pour l’âge précis)), était-il en infraction avec la loi française de l’époque ? J’ai bien peur que non, et je rappelle que le roi Louis XV se faisait livrer de très jeunes filles, comme l’a raconté Casanova en un cas dont il fut témoin. Il n’y avait là, qu’on le veuille ou non, sans doute rien d’illégal en cette époque révolue. Un principe de la justice est la non rétroactivité des lois. Alors à quoi cela sert-il, pour les gens qui n’ont pas lu une ligne de Gide de leur vie, de le réduire au gimmick « c’est un pédophile ». En ce qui concerne Louis XV, Marion Sigault a étudié la question, et a relié l’attentat et l’exécution de Damiens à la pédophilie de Louis XV. Elle en parle dans cette vidéo de Égalité & Réconciliation ci-dessous. Voir aussi cet article du Point : « Le ch’ti Damiens poignarde le pédophile Louis XV avec un canif ».

Marion Sigaut – Histoire – Damien – pedophilie – louis XV
par AffairesFamiliales

Relisez mes articles sur Gide où justement, à l’occasion de la mise au programme en 2017 de son roman phare Les Faux-Monnayeurs, j’ai travaillé avec l’équipe de Lettres volées pour rappeler ce point négligé, et m’étonner de ce choix en Terminale L. Candace semble avoir lu ces articles de mise au point sur Gide (à propos notamment de son livre Le Ramier). Peu de Français sont conscients de la pédophilie de Gide ; mais si pédophilie il y a, encore faut-il la resituer dans son contexte, pour éviter la « cancel culture » qui consisterait à abattre les statues du grand homme. Candace a quand même commis des erreurs, comme prétendre que Gide a obtenu le Prix Nobel à titre posthume, alors qu’il l’a eu en 1947, 4 ans avant sa mort. J’ai entendu et lu que Gide utilisait le prix Nobel pour se livrer à des actes pédophiles. C’est absurde, ou plutôt anachronique. Les actes en question datent de sa jeunesse, dans les années 1890, à l’époque où Oscar Wilde devra à son homosexualité de séjourner à la geôle de Reading.
J’ai expliqué dans mes articles sur Gide qu’il y avait sans doute là un paradoxe, difficile à comprendre a posteriori. Quand l’homosexualité entre adultes faisait l’objet d’un opprobre social maximal, paradoxalement, à cette époque où l’on se préoccupait fort peu des droits de l’enfant et encore moins de ceux des enfants indigènes, des rapports avec des petits indigènes prostitués semblaient anodins, comme le prouve la phrase extraite de la correspondance de Flaubert (ci-dessous).
Mais (j’adore le « mais » de Voltaire, – « Mais il faut cultiver notre jardin » – mais qui parmi les imprécateurs qui pullulent en notre modernité, résistance ou pas résistance, connaît encore la force du mot « mais » ?) Gide fut aussi l’auteur de Voyage au Congo (1927), qui dénonçait les tares du colonialisme, et de Retour de l’U.R.S.S. (1936). Il s’était rendu en URSS à cette époque où tous les intellectuels étaient à genoux devant le communisme, il y a prononcé un éloge funèbre aux obsèques de Gorki, mais il fut un des rares à cette époque, à ne pas fermer les yeux, et à faire part de son désaccord à son retour. Cela devrait quand même compenser, aux yeux de nos amis « dissidents », sa « pédophilie », qui est réelle encore une fois, mais qui à l’époque, n’était pas illégale (du moins au-dessus de 13 ans, ce qui serait à vérifier). Le mot « éphébophilie » permettait d’ailleurs un distinguo entre enfants de 8 ans et de 13 ans, pubères ou non. Je préfère ne pas entrer dans ces considérations sordides.
Un détail : Candace a prononcé « Gide » avec un g dur, comme « Guide ». D’innombrables commentateurs, qui n’ont pas lu une ligne de Gide, se ridiculisent en reprenant cette prononciation. Gide est devenu le Guide suprême des imprécateurs de la pédophilie, ce qui risque de leur faire rater les vraies cibles ! Et les vraies cibles, ce sont les nôtres, c’est la clique pédophile qui grouille dans les rainures des parquets cirés de l’Élysée, et que Xavier Poussard a radiographiée en 2023 avec son enquête « Jeunesse, éducation et sexualité en Macronie ».
Gide n’est pas « essentiellement pédophile » selon la formule malheureuse de Xavier Poussard. Certes, les expériences de Gide avec des adolescents (il parle de « 14 ans », mais cela commence probablement à 12 ans) en Algérie sont répugnantes à nos yeux. Mais s’il les raconte, avec réticence, dans son autobiographie Si le grain ne meurt, c’est que ce n’était pas illégal à cette époque, de même que n’était pas illégal à l’époque de Louis XV, son bordel de fillettes appelé le parc aux Cerfs qui lui vaut de nos jours l’appellation de roi « pédophile » chez les historiens « complotistes ». La Corée du Nord a connu plus récemment une institution de même nature, à l’âge près, car les 2000 Kippumjo qui réjouissaient le dirigeant suprême Kim Jong-il, avaient plutôt dans les 22 ans.
Les garçons arabes qui initièrent Gide, j’en suis désolé, étaient de petits prostitués, ou simplement de petits débauchés, comme il en existe malheureusement encore de nos jours en Thaïlande, et semble-t-il à Malte. Ce n’était pas les beaux-enfants d’Olivier Duhamel violés et corrompus en famille, et à un siècle d’intervalle, avec d’autres lois. Quant aux amateurs de cancel culture, je suis désolé de leur apprendre que si l’on commence à abattre la statue de Gide, ce sera un jeu de dominos infini, et celle de l’immense Gustave Flaubert suivra. Je vous recommande sa leçon extraite de sa correspondance, qui servit sans doute de guide à Gide 50 ans plus tard (c’était en Égypte pour Flaubert) : « Puisque nous causons de bardaches, voici ce que j’en sais. Ici c’est très bien porté : on avoue sa sodomie et on en parle à table d’hôte. » Ne jouons pas le jeu de nos ennemis, laissons reposer le passé dans les bouteilles de vin vénérables entreposées dans la cave, que je vous propose maintenant de visiter, avec l’article n°3 de la série : « Quelques illustres prédécesseurs historiques de Chibritte.

Lionel Labosse


Source : Altersexualité

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