La réponse des moutons au berger

par Alain Gérard.

On entend souvent parler d’intelligence collective. S’il est difficile de définir cette notion, il est beaucoup plus simple d’en constater l’expression.

L’abstention massive du premier tour des scrutins départementaux et régionaux peut légitimement s’interpréter comme une expression de cette intelligence collective.

Puisque le peuple, dans sa grande majorité, a été jugé infantile, inutile, inessentiel depuis 18 mois, il a décidé, ce dernier dimanche, de considérer comme inutile et inessentiel l’ensemble de notre personnel politique actuel. Il était temps !

Le processus démocratique est un jeu sans fin, rien ne prévoit l’éventuelle remise en cause des modalités de son fonctionnement.

Que se passerait-il si seulement 1% des électeurs se présentaient aux urnes ? Considérerait-on les « vainqueurs » élus ? Vainqueurs de quoi, n’est ce pas ?

Toutes les associations que nous fréquentons n’utilisent elles pas le concept de « Quorum », détermination d’un seuil de participation, pour valider un scrutin lors de leurs assemblées générales ?

La culpabilisation médiatique qui poursuit l’abstentionniste de ses foudres morale et citoyenne ne vise qu’à nous contraindre à rester dans le jeu.

Le pêcheur à la ligne d’un jour de scrutin ne s’abstient pas POUR aller pêcher, il va à la pêche PARCE QU’il s’abstient. S’abstenir n’est pas se dérober, c’est retenir son action et, comme le dit si bien l’adage, c’est bien le doute relatif à l’utilité ou au résultat de notre action qui nous retient d’agir.

L’ampleur de l’abstention électorale n’est pas un fait nouveau. La gigantesque farce, ou la monstrueuse trahison démocratique qu’a constitué la signature du traité de Lisbonne par nos représentants, lorsque le corps électoral s’était clairement prononcé contre le traité de constitution européenne, dit de Rome II, en 2005, n’est probablement pas étrangère aux développements ultérieurs de l’abstention électorale. Mais tout cela date du quinquennat sous présidence Sarkozy.

Macron n’y est pas moins étranger. Souvenez-vous, de son élection de 2017 !!! Une élection cousue de gros fil blanc. L’élection législative, alignée depuis quelques temps, qui a suivi a ouvert la porte à une nuée de progressistes béats, inexpérimentés mais tout de même arrogants, qui, depuis lors, entérinent, pour la forme, les choix et décisions du président, face à une opposition non seulement risible, mais qui a démontré maintes fois depuis peu son adhésion totale à la pensée dominante.

Les élections européennes qui suivirent nous jouèrent l’acte second de la présidentielle, sans surprise et sans débat, mais en monopolisant l’attention générale.

Chacun se souvient des conditions ubuesques du premier tour du scrutin municipal de 2020, où le taux de participation fut très proche de celui d’aujourd’hui. Chacun se souvient que le second tour de la même élection, 3 mois plus tard, pandémie oblige, fut la même mascarade et qu’il fallut attendre six mois pour que nous soient officiellement fournis les résultats nationaux. Soit un parti présidentiel crédité de 2,4% des inscrits. CQFD.

Macron a escamoté chaque élection, sous sa présidence, afin de tenter de masquer l’extrême faiblesse de sa représentativité, alors qu’un mode de gouvernance autoritaire et partial s’est installé durablement.

Le genre du, de la Covid, n’est pas encore déterminé, mais il semble qu’après le long épisode des gilets jaunes, l’électorat, lui, le devienne de plus en plus.

On peut lire, dans de nombreux écrits, des analyses fines et pertinentes de ce que nous vivons. C’est très bien. Mais la question : « Que faire ? » clôt souvent ces analyses et leurs commentaires comme un énorme et pathogène sentiment d’impuissance. Comment en effet arrêter ce train fou ?

En restant à bord ? Comment accepter la destination pour laquelle nous sommes politiquement et médiatiquement programmés, jour après jour, sans autre alternative que celle d’être enfermés et tondus plusieurs fois par jour, comme « la grande réinitialisation » nous le promet ?

L’enseignement de ce dimanche 20 juin est clair. Pour que le jeu ait une fin, il faut arrêter de jouer. La démocratie étant la loi arithmétique du nombre, ne jouons plus ce jeu de dupes qui sert toujours l’intérêt de nos gouvernants sans jamais répondre au nôtre.

Abstenons-nous, massivement, en résistant à la propagande et à la culpabilisation, et nous prendrons enfin conscience que nous représentons une majorité indiscutable. Nos gouvernants chercheront-ils à la discuter ?

Jusqu’aux futures élections présidentielles, entrainons-nous à ne pas voter et faisons dérailler le train de 2022. Que l’ensemble des candidats se trouve sans électeur et la démocratie pourra renaître, ou plutôt naître enfin.

« Soyez résolus à ne pas servir, et vous voilà libres » ~ E. de la Boétie

Source : Reseau International

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