La gendarmerie nationale confrontée à trois suicides en trois jours

Série noire

L’institution fait face à une série de décès, dont celui d’un garde républicain dans une dépendance de l’Elysée. En son sein, on pointe le trop faible accompagnement psychologique des gendarmes, soumis à un mode de vie particulièrement contraignant.

Des gardes républicains de l’Elysée, le 11 janvier. (Xose Bouzas/Hans Lucas via AFP)

Série funèbre dans la gendarmerie nationale : trois militaires se sont donné la mort en l’espace de trois jours. Si les suicides chez les forces de l’ordre reviennent régulièrement dans l’actualité, le fait que ces drames soient survenus dans un temps extrêmement rapproché est à souligner. Ainsi, selon des informations de France Bleu, Perrine J., 27 ans, s’est suicidée à son domicile à la gendarmerie de Montaigu (Vendée) le 31 mai. Le même jour, un gendarme de 49 ans de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) des Yvelines, à Versailles, s’est donné la mort avec son arme de service. Enfin, deux jours plus tôt, selon des informations de l’Essor de la gendarmerie, un garde républicain s’est suicidé dans une dépendance de l’Elysée le 29 mai.

Témoignages

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Si aucun autre détail n’a fuité pour le moment, et s’il paraît fantaisiste d’établir un quelconque lien entre ces suicides, David Ramos, président de l’association de défense des intérêts des gendarmes, GendXXI, aborde la problématique de façon systémique : «Les facteurs d’un tel drame sont évidemment multiples, ce n’est jamais uniquement un problème personnel, assure-t-il. La situation personnelle influe sur la situation professionnelle ou inversement.» Selon le gendarme, «il y a une phase de détection et de prise en charge qui est importante» car «contrairement à d’autres métiers, être gendarme est un mode de vie».

Le fait que les militaires vivent dans la majorité des cas sur leurs lieux de travail aurait ainsi une importance non négligeable. «Imaginez-vous croiser en permanence vos collègues ou vos supérieurs hiérarchiques. Cette spécificité peut accentuer une faiblesse, notamment quand la problématique vient du relationnel au boulot.» Pour David Ramos, «la gendarmerie a une responsabilité plus importante car nous sommes en contact permanent avec la personne en souffrance».

Aujourd’hui, la gendarmerie nationale a mis en place la présence de psychologues cliniciens en caserne, dont la mission concerne le soutien aux personnes et l’écoute des situations individuelles ou collectives. «Leur nombre devrait bientôt doubler, c’est un point positif», souligne le président de GendXXI. Ce dernier regrette néanmoins que les «gradés de contact», qui font le lien entre les gendarmes et leur hiérarchie, ne soient pour l’instant pas assez formés à la détection des signaux faibles et à la connaissance des protocoles à mettre en œuvre pour rapidement mettre dans la boucle les psychologues cliniciens afin de ne pas laisser seules les personnes en détresse. Ceci en gardant en tête qu’il sera «toujours impossible d’éviter tous les drames».

Source : Libération

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