La Gendarmerie et la Guardia Civil unissent leurs forces dans la formation
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Les ministres de l’Intérieur français et espagnol, accompagnés des directeurs de la Gendarmerie et de la Guardia Civil. Photo Gabriel Thierry / L’Essor.
La signature de l’arrangement administratif détaillant l’approfondissement de la coopération franco-espagnole entre la Gendarmerie nationale et la Guardia Civil, ce mercredi 23 août, était prévue de longue date. L’importance de ce type de coopération a été mise en relief par les attentats (quinze morts au total) de Barcelone et de Cambrils, la semaine passée en Espagne. Les deux forces de gendarmerie espagnole et française ont mis au point en quelques mois une formation commune qui va débuter en octobre.
« La coopération entre pays européens est d’autant plus nécessaire que les auteurs d’attentats ne connaissent pas les frontières, note Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, lors d’une conférence de presse à la Direction générale de la gendarmerie nationale. Si nous ne coordonnons pas nos forces, nous ne pourrons pas ni prévenir des attentats, ni arrêter leurs auteurs quand ils auront été commis. » L’enquête sur les attentats bat son plein, en Espagne comme en France. Les policiers cherchent notamment à comprendre pourquoi les auteurs de l’attaque de Cambrils ont séjourné en région parisienne quelques jours avant leur passage à l’acte.
Cent-vingt élèves-gendarmes
Concrètement, le 2 octobre, 120 élèves-gendarmes français, incorporés à l’école de gendarmerie de Tulle (Corrèze), feront leur rentrée à Valdemoro (Communauté autonome de Madrid), aux côtés de stagiaires espagnols. Les élèves vont suivre une formation de neuf mois, forte de 900 heures de cours partagés, dont 250 heures de cours de langue. La fin de scolarité est attendue en juin 2018, seize mois seulement après le lancement de ce projet, en février 2017 lors d’un sommet réunissant les deux pays. « Cette formation conjointe sans précédent est extrêmement importante », salue Gérard Collomb. « Si nous voulons travailler ensemble, il faut que nous puissions connaître les méthodes de travail des uns et des autres. » La Gendarmerie nationale apportera son expertise en police technique et scientifique, et en techniques d’intervention professionnelle, tandis que la Guardia Civil partagera son savoir dans la lutte contre le terrorisme et la fraude documentaire. Ce projet de promotion franco-espagnole a fait cependant grincer des dents du côté de la police. Dans une lettre au ministre de l’Intérieur, partagée sur les réseaux sociaux, le SCSI s’inquiétait des coûts engendrés par cette formation à l’étranger. Et le syndicat de police d’estimer que cette opération « apparaît comme démesurée dans le contexte budgétaire que nous connaissons ».
Une critique difficilement audible quelques jours après les attaques terroristes en Catalogne, qui renforcent encore plus la nécessité d’une collaboration entre forces de sécurité françaises et espagnoles. Ainsi, selon l’entourage de Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur espagnol Juan Ignacio Zoido a qualifié les informations françaises transmises de précises, rapides et précieuses. La formation commune doit permettre, in fine, d’améliorer l’action de la Gendarmerie et de la Guardia Civil dans les zones frontalières, mais aussi à l’étranger, comme dans la bande Saharo-sahélienne. Un projet qui s’inscrit dans le long terme. Il a vocation à être reconduit et pourrait ouvrir la porte à de nouveaux partenariats avec d’autres forces de sécurité européennes. Gabriel THIERRY.
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