La France doit exiger l’autocritique des représentants de l’islam

Tariq Ramadan était encore très présent au congrès de l’ex-UOIF

Amar Lasfar, président de l’association Musulmans de France (ex-UOIF) et Dalil Boubakeur (à droite), recteur de la Grande Mosquée de Paris, lors d’un congrès de l’UOIF en 2015 au Bourget. SIPA. AP21716846_000005

Ces derniers jours ont confronté la France à quelques faits assez simples, mais qui pointent vers des vérités que trop de gens, trop longtemps, ont tenté et tenteront encore de nier, et même de dissimuler.

Mireille Knoll a été tuée par deux hommes qui sortaient de prison. Ils avaient, comme on dit, « payé leur dette à la société ». L’un d’entre eux, Yacine M., avait semble-t-il des antécédents d’agressions sexuelles. Son dernier séjour derrière les barreaux y était d’ailleurs lié : il avait agressé sexuellement une pré-adolescente de 12 ans. Il avait donc effectué une peine de… 5 mois et demi. 24 mois sur le papier, mais seulement 5 en réalité. J’insiste : connu et déjà condamné pour des faits antérieurs d’agressions sexuelles, il s’en est pris à une enfant de 12 ans, et a été condamné de facto à 5 mois et demi de prison.

Après sa sortie de prison, respectant scrupuleusement la peine dite de probation qui lui était fixée, il a assassiné une octogénaire. Et l’ordre des avocats ose s’indigner que l’on réfléchisse à une réforme de la procédure pénale, hurlant à la remise en cause de l’état de droit et des libertés fondamentales. N’ont-ils aucune décence ? N’ont-ils aucune conscience ?

« La pensée de Tariq Ramadan reste intacte »

S’est, par ailleurs, tenu ce week-end le très mal nommé « rassemblement annuel des musulmans de France », dont le nom même est un piège. Il ne s’agit en aucun cas d’un hypothétique rassemblement de l’ensemble de nos concitoyens musulmans, mais d’une association qui s’est donné, très abusivement, le nom de « musulmans de France » (MF), autrefois l’UOIF, c’est-à-dire la branche française des Frères musulmans.

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Le succès du stand tenu par le comité de soutien à Tariq Ramadan n’étonnera que ceux qui refusent obstinément de voir ce qu’ils voient. Les livres du prédicateur islamiste « se vendent comme des petits pains », ce qui, hélas, montre bien que certaines minorités sont nettement moins minoritaires qu’on ne le voudrait et qu’on ne le prétend trop souvent, comme le confirme une inquiétante étude qui vient d’être publiée par le CNRS.

Amar Lasfar, président de MF, persiste sans surprise dans sa victimisation du théologien islamiste. Il a toutefois raison sur un point : « la pensée de Tariq Ramadan reste intacte ». C’est bien le problème : les femmes qui lèvent le voile sur le prédicateur font preuve d’un courage admirable malgré des pressions odieuses et même une récente agression, mais la recherche – ô combien nécessaire – de la vérité judiciaire ne doit pas masquer la dangerosité de l’enseignement du théologien, que son mémorable « moratoire sur l’excision » suffirait à illustrer.

« Les valeurs historiques de la France (…) ne se traduisent pas de manière équitable pour tous les citoyens », prétend Amar Lasfar. Mais si, justement ! Équitable ne veut pas dire identique, et il est sain que la République ne réserve pas exactement le même traitement à ceux qui respectent ses valeurs et à ceux qui tentent de les utiliser contre elle pour promouvoir un ordre obscurantiste et totalitaire. Il serait bon, d’ailleurs, que cette distinction soit plus nette et plus fréquente.

L’islam innocent, forcément innocent…

Emmanuel Macron a très justement rappelé l’importance pour chacun de nous de la soif d’absolu et de la quête de sens lors des obsèques du colonel Beltrame. Notre laïcité « à la française » est immensément précieuse, mais ne doit pas conduire à imposer aux religions un tel silence dans l’espace public, que seules resteraient audibles celles qui ne respectent pas cette laïcité – en clair, l’islam politique. Ce dernier donnerait alors l’impression d’être la seule alternative crédible au matérialisme sans but et au « relativisme morne », alors qu’il n’en est rien !

Puisqu’il est évidemment question d’islam, et que ce n’est pas parce que deux choses portent le même nom qu’elles sont véritablement une, la France doit-elle traiter de la même manière la religion d’Henda Ayari et celle de Tariq Ramadan ?

Il convient de nous méfier des réponses à l’emporte-pièce, des jugements hâtifs et des généralisations abusives. Il y a des ordures parmi les chrétiens, des allumeurs de bûchers de jadis aux prêtres pédophiles, et il y a des gens très bien parmi les musulmans, dont certains, anonymes ou célèbres, sont d’ailleurs nos concitoyens. Mais enfin : Arnaud Beltrame aurait-il fait ce qu’il a fait s’il n’avait pas été chrétien ? Radouane Lakdim aurait-il fait ce qu’il a fait s’il n’avait pas été musulman ?

La France doit cesser d’espérer

Comme l’a écrit, il y a déjà longtemps, le remarquable Abdennour Bidar, certaines autocritiques n’ont que trop tardé. La France ne doit plus les espérer. Elle doit les exiger, refuser que ceux qui les esquivent puissent prétendre à la moindre représentation officielle et leur interdire toute organisation légale sur notre sol.

Cela revient évidemment à affronter nombre d’organisations ayant hélas pignon sur rue – le CFCM, les Frères musulmans, le Milli Gorüs, le Tabligh, les réseaux wahhabites et salafistes en tout genre, le CCIF, le PIR, etc. – ainsi que les pays qui les financent – Turquie, Arabie saoudite, Qatar… Ce sera rude, mais bien moins dangereux que de continuer à les tolérer et que de les laisser étendre leur influence. C’est une obligation stratégique et un devoir moral envers tous les musulmans sincèrement humanistes qui, comme jadis Abdelwahab Meddeb, ont bien compris que « les germes du mal sont dans le texte. »

La « France rance » vous salue bien

Au terme de ces jours de deuil, mais aussi de victoire, qui ont bouleversé notre pays, rappelons qu’il suffit d’un seul contre-exemple pour démontrer la fausseté d’une généralité. Dès lors, les racialistes racistes qui accusent la « blanchitude » de tous les maux, les pseudo-féministes haïssant les hommes mais étrangement silencieuses sur les abominations commises à Telford, les « bouffeurs de curés », les contempteurs de la « France rance », les antimilitaristes forcenés, les pacifistes « munichois » qui appellent sans cesse à tendre l’autre joue, mais aussi les tenants du primat de l’économie des deux côtés de l’échiquier politique, feraient bien de méditer quelques points. Par sa seule existence, un homme vient de les confronter au réel.

Arnaud Beltrame était blanc, mâle, hétérosexuel. Il était franc-maçon et fervent catholique. Il était militaire, ancien sous-officier devant sa belle carrière à ses seuls efforts et à la méritocratie républicaine. Il était provincial. Adepte enthousiaste de sports de combat, il n’est pas tombé sans se battre. Il jugeait de la valeur d’une vie – la sienne ou celle qu’il a sauvée – selon d’autres critères que la possession d’une Rolex à cinquante ans, et sans doute dans sa jeunesse avait-il d’autres rêves que de devenir milliardaire.

Il y a des gens très bien qui, sur un bon nombre de ces points, ne lui ressemblent pas ; et c’est heureux. Ce qu’il était ne suffit pas à résumer la France, y compris dans ce qu’elle a de beau et de grand. Mais la France qui lui ressemble n’aura plus jamais à tolérer qu’on tente de lui faire honte de ce qu’elle est.

Source : Causeur.fr

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