La femme qui se prenait pour l’Europe : mais pour qui roule vraiment Ursula von der Leyen ?

Le dernier tacle public est venu de Nicolas Sarkozy, dans un récent entretien au JDD : « Je n’ai […] toujours pas compris en vertu de quel article des traités européens Mme von der Leyen peut justifier sa compétence en matière d’achats d’armes et de politique étrangère. »
AFP

Par Louis Hausalter , envoyé spécial à Bruxelles

Publié le 25/11/2022 à 12:19

Commandes de vaccins, plan de relance, soutien à l’Ukraine… À l’occasion des crises récentes, la Commission européenne a considérablement accru son rôle. Sa présidente, une ancienne protégée d’Angela Merkel soutenue par Emmanuel Macron, jongle entre les intérêts dans des domaines aussi décisifs que la santé, l’énergie ou la défense. Mais sa communication abondante ne dissipe pas les zones d’ombre.

Quand on dit « Bruxelles », c’est souvent d’elle qu’on parle. Pourtant, on ne la voit pas tant que ça dans la capitale belge. Ces derniers temps, pour la croiser, il fallait plutôt aller à la COP 27, en Égypte. Puis en Moldavie, pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne qu’elle est allée faire patienter. C’était avant qu’elle s’envole pour Bali, où se tenait le G20, puis qu’elle bondisse à Bahreïn pour un forum géopolitique. Prenant soin, entre deux rencontres officielles, de poster sur les réseaux sociaux des salves de messages de soutien à l’Ukraine.

L’agenda d’un chef d’État, à tout le moins celui d’un ministre des Affaires étrangères d’une grande puissance. Sauf qu’Ursula von der Leyen (VDL) n’est, depuis trois ans, « que » présidente de la Commission européenne. Les relations internationales ne sont certainement pas au cœur de la mission de l’institution, chargée avant tout de préparer et d’appliquer les politiques communautaires. Mais l’Allemande n’en a que faire. L’Europe, c’est elle : voilà son message. Tant pis si l’on s’agace, jusque dans les étages de la Commission, de la voir plus occupée à soigner son image planétaire qu’à animer cette complexe usine politico-administrative.

Covid gagnant

Il faut dire que la blonde sexagénaire, ton grave de rigueur derrière un sourire mécanique, a le sens de l’opportunité. Elle a su surfer sans complexe sur les chaos accumulés, de la pandémie à la guerre russo-ukrainienne. « Ces crises lui ont permis de gagner des responsabilités et de la visibilité note le conseiller d’un commissaire européen. Sans le Covid, on n’aurait jamais autant entendu parler d’elle. » Désormais, « Madame Europe » déboule fièrement dans les arènes des grands de ce monde et parvient presque à conjurer l’indifférence que suscite le grisâtre personnel politique bruxellois. Les citoyens des pays de l’UE commencent à voir confusément qui elle est, sans savoir exactement ce que sont ses prérogatives, ni de quelle manière elle les tient.

L’invitée surprise

Elle n’était pourtant pas le plan A quand, après les élections européennes de 2019, les États membres ont dû s’accorder sur la répartition des « top…..

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