Jean-Yves Le Drian, ministre de la « mafia » bretonne
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Depuis, les Bretons se déchaînent sur Internet, surpris et vexés d’appartenir à une branche méconnue de Cosa Nostra. Les uns se moquent de Macron, les autres se sentent offensés par cette comparaison douteuse. Un lapsus ? Ou bien le président n’a-t-il pas tout simplement dit ce qu’il pense ? Non des Bretons, mais de Jean-Yves Le Drian, de son entourage, et, surtout, de son lobbying en Bretagne. Mais aussi du temps où il s’occupait de la Défense.
Depuis son arrivée à l’Elysée, le nouvel élu sait que ce Breton-là est loin d’être aussi lisse qu’il voudrait le laisser paraître. Caché derrière une allure bonhomme se profile un baron politique madré, vieil éléphant du Parti socialiste. Et, même s’il a lâché la Bretagne sur ordre du nouveau président, Le Drian garde toujours les deux yeux rivés sur sa région, convaincu qu’il peut encore y jouer un rôle décisif. Tout est bon pour y retourner et cultiver son image de parrain de la politique locale.
Le 20 juin dernier, Emmanuel Macron a pu s’en rendre compte en partant deux jours en sa compagnie pour une virée bretonne. Une semaine avant, Le Drian, devenu ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères, s’était déjà déplacé avec son secrétaire d’Etat entre Saint-Malo et le Mont-Saint-Michel, pour visiter le centre de loisirs Le Domaine des Ormes. Une belle réussite locale, certes. Mais tellement loin des tempêtes du Moyen-Orient ou de la crise des migrants avec l’Italie, qui devraient être les priorités de Jean-Yves le Drian.
Cette affection envahissante pour la Bretagne, Emmanuel Macron ne peut guère la lui reprocher. « C’est 4 ou 5 millions de voix. Et Le Drian peut encore lui en apporterbeaucoup », estime un journaliste breton. A la Défense, Le Drian avait deux conseillers pour la Bretagne, dont un dédié à la presse locale. Au Quai d’Orsay, il reçoit l’association des journalistes bretons, mais fuit la presse diplomatique. Avec les uns, il a tout à gagner. Et avec les autres et leurs questions gênantes, aurait-il beaucoup à perdre ? Le ministre est connu pour être prudent comme un chat.
Le vent du boulet
Depuis qu’il a quitté le ministère de la Défense pour celui des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian ne reçoit plus le gratin de l’armée française, dans le parc de l’Hôtel de Brienne, pour la traditionnelle réception de la veille du 14 juillet. L’an dernier, il n’a pas dû regretter son changement de poste. Car ce jour-là, il aurait été contraint d’écouter sans broncher le discours, clair et sec, du président nouvellement élu adressé au chef d’état-major, recadré après ses propos sur le budget de la Défense, insuffisant à ses yeux.
« Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique… Je suis votre chef », déclare le jeune président devant le général de Villiers, ses subordonnés médusés et son homologue américain, invité à Paris avec Donald Trump. « Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir. Et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire », ajoute Emmanuel Macron, entre deux gardes républicains qui, sabre au clair, veillent sur le nouveau Bonaparte.
S’il était resté à la Défense comme il le souhaitait si ardemment, Jean-Yves le Drian aurait probablement été un « dégât collatéral » de cette mise au point inédite. Car le général de Villiers, c’est lui qui l’a fait nommer. Son ami François Hollande a validé ce nom, comme il a arbitré plusieurs fois en faveur d’une rallonge du budget de l’armée, contre l’avis du ministère de l’Economie et des Finances, dont est issu Macron.
« De Villiers ne s’est pas rendu compte qu’avec Macron, énarque et inspecteur des finances, c’est Bercy qui a gagné l’élection présidentielle, confie un officier supérieur. Ils ne pouvaient pas se venger sur Le Drian, ils s’en sont pris à de Villiers. Avec Le Drian, qui s’appuyait sur son copain Hollande, les fonctionnaires des finances perdaient les arbitrages budgétaires. Avec Macron, Bercy a le dernier mot. » Ce 14 juillet 2017, le message est clair pour tous les ministres. Et surtout pour Jean-Yves Le Drian, qu’on n’a pas entendu depuis monter au créneau pour son nouveau ministère.
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