Jean-Michel Chapelain, du GIGN au cinéma

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Ex-militaire et ex-membre du GIGN, Jean-Michel Chapelain conseille le cinéma français, et américain.

Collection personnelle

Ex super-gendarme, Jean-Michel Chapelain s’est reconverti dans le 7e art. Il fournit uniformes et conseils sur les tournages.

Une colonne de la Brigade d’intervention et de recherche déboulant dans une boîte de nuit du 16e arrondissement de Paris. Douze hommes de la même unité investissant un hangar d’Aubervilliers, au nord de la capitale. Ces deux actions figureront dans la saison 7 d’Engrenages, la série policière signée Canal + dont le tournage se termine ces jours-ci. A la manoeuvre: Jean-Michel Chapelain, 58 ans, ex-membre de la force d’élite de la gendarmerie, le fameux GIGN, reconverti depuis douze ans dans le 7e art. C’est lui qui fournit les comédiens et les uniformes utilisés lors les scènes d’intervention. Et prodigue son expertise.

Dans son entrepôt, à la Cité du Cinéma de Saint-Denis, tout est vrai -ou presque : les vestes de policiers et de gendarmes suspendues sur trois niveaux ; les casques et les rangers alignés sur les étagères métalliques ; les holsters et les cagoules rangés dans leurs boîtes en carton. Jusqu’aux écussons des différentes unités soigneusement classés dans des tiroirs. « Je suis perfectionniste », reconnaît le maître des lieux qui s’approvisionne aux mêmes sources que le ministère de l’Intérieur – avec son accord. Associé au sein de JMC Team à Christophe Maratier, le patron d’une société qui alimente en armes les plateaux de tournage, le retraité de la gendarmerie s’est spécialisé dans un domaine qu’il connaît bien : les forces de l’ordre.

L’appel de l’uniforme

Au sortir de l’adolescence, Jean-Michel Chapelain cède à l’appel de l’uniforme. Contre la volonté paternelle, il rejoint le 6e régiment de parachutistes d’infanterie de marine avec lequel il passera sept mois au Liban comme casque bleu en 1979. A peine revenu à la vie civile, il la quitte aussitôt pour s’enrôler dans la gendarmerie. Mais il s’ennuie dans sa brigade méridionale.

« Verbaliser les automobilistes indélicats, ce n’était pas mon truc », avoue-t-il. Sportif accompli, il réussit les épreuves de sélection du GIGN, qu’il sert pendant dix-huit ans. ex-super-gendarme-jean-michel-chapelain-s-est-reconverti-dans-le-cinema-il-fournit-uniformes-et-conseils-sur-les-tournages-1_6100163
Un pro du costume parfois aussi à l’écran avec sa « gueule de pas content ».

Collection privée

A 46 ans, le voilà déjà retraité. L’ex adjudant-chef responsable de la cellule d’évaluation des opérations du GIGN croise alors la route de Christophe Maratier, en quête de conseils pour une scène du film Le Premier Cercle. Chapelain lui suggère une méthode : « Vous me dites ce que vous voulez faire, je vous

propose quelque chose de crédible et vous en faites ce que vous voulez. Mais je vous signalerai ce qui ne colle pas. » Banco. Il est rappelé sur un deuxième tournage, puis un troisième. Toutefois, quelque chose le chiffonne : « Les chasubles des forces d’intervention, avec leurs poches cousues, étaient trop loin de la réalité. »

Après Taxi 5, Mission Impossible

L’ancien gendarme a trouvé son créneau. Depuis, il équipe les acteurs en « vraies » tenues. Il montre, dans un coin de son entrepôt de Saint-Denis, celles portées par la police municipale dans Taxi 5 et les uniformes des policiers du Raid et des motards français qui apparaissent dans le dernier opus de la saga Mission Impossible, à l’écran depuis mi-juillet. « Quand les détails sont justes, cela permet les gros plans », souligne-t-il en professionnel. Il lui arrive également de créer des accoutrements sur mesure pour des polices ou des armées de fiction.

Jean-Michel Chapelain continue par ailleurs à prodiguer ses conseils sur les scènes d’intervention. Parfois, il fournit des figurants aguerris – dont quelques anciens policiers et gendarmes « avec l’agrément de leur hiérarchie ». « Ils ont le geste juste, et les comédiens ont tendance à les imiter », observe-t-il. Le cofondateur de JMC Team coache aussi les acteurs. Avec lui, certains apprennent le maniement des armes. D’autres, l’esprit d’équipe, comme les quinze hommes qui devaient incarner une équipe du GIGN dans L’Ordre et la Morale, le film de Mathieu Kassovitz sur la prise d’otages d’Ouvéa (Nouvelle-Calédonie) en 1988. Eux ont eu droit à un (quasi) stage commando. L’ancien gendarme les a fait crapahuter dans des marécages de Tahiti pour « créer de la cohésion ».

Il arrive même à Jean-Michel Chapelain, plus de 100 films et séries à son actif, de jouer un petit rôle. « Les réalisateurs aiment bien ma gueule de pas commode », plaisante cette armoire à glace d’1,90 mètre pour qui « le cinéma n’est pas si différent de la gendarmerie : piloter un tournage, c’est comme diriger un régiment. »

Source : L’Express

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