Gilets jaunes: combien y a-t-il eu de blessés graves parmi les policiers et gendarmes ?
Des policiers aident un collègue blessé, près des Champs Elysées, pendant une manifestation des gilets jaunes le 1er décembre 2018. AFP
Le ministère de l’Intérieur a chiffré à 1000 le nombre de blessés chez les forces de l’ordre depuis le 17 novembre (contre 1700 chez les manifestants), mais n’opère pas de distinguo entre les blessés «graves» ou «légers».
Bonjour,
CheckNews a décidé de procéder au décompte des blessés graves depuis le début des manifestations parmi les manifestants et journalistes. A ce jour, nous avons recensé 94 blessés graves, dont 69 par des tirs de lanceurs de balle de défense (LBD 40). Nous avons considéré comme blessures «graves», les membres arrachés, les organes ayant perdu leur fonction principale, les fractures, les pieds et jambes incrustés de bouts de grenades, les brûlures graves, mais aussi toutes plaies ouvertes au niveau de la tête. Nous n’avons pas comptabilisé les hématomes, parfois exceptionnellement vastes, causés par des tirs de lanceur de balles de défense (LBD) ou des coups de matraque. Cet article est mis à jour au fur et à mesure.
Depuis la publication de notre premier article, vous avez donc été nombreux à nous demander s’il existait de telles données pour les forces de l’ordre.
Il nous est impossible de procéder pour les forces de l’ordre au même décompte que pour les gilets jaunes, les policiers, gendarmes et syndicats de police ne communiquant pas sur leurs blessures éventuelles.
Nous avons contacté le ministère de l’Intérieur, qui nous a expliqué ne pas avoir de données précises sur le sujet. Depuis le 17 novembre, le ministère décompte ainsi 1 000 blessés chez les forces de l’ordre (et 1 700 blessés parmi les manifestants). Aucune information n’est communiquée sur le contexte de ces blessures (ni sur les armes les ayant éventuellement provoquées).
Surtout, les autorités (que ce soit pour les manifestants ou les forces de l’ordre) ne font pas de distinction entre blessés graves et légers. «Certaines blessures sont impossibles à qualifier, d’autant plus qu’elles peuvent évoluer». Même élément de langage du côté du Sicop, le service communication de la police nationale.
Cette notion de «gravité» des blessés (que nous avons retenue pour notre décompte en expliquant notre méthodologie et en étant conscient de ses limites) peut, de fait, être contestée. Libération, qui se penchait après l’attentat de Strasbourg sur les notions de blessés en «urgence vitale», ou «urgence relative» citait un médecin expliquant que la notion de blessés léger ou grave ne voulait rien dire en médecine.
S’il n’existe donc aucune donnée globale, les autorités ont toutefois communiqué (très ponctuellement) sur certains cas. Dans la nuit du 20 au 21 novembre, à La Réunion, un policier a eu la main arrachée à cause de l’explosion, accidentelle, d’une grenade dans son véhicule alors qu’il était caillassé. Après la manifestation du 24 novembre, un autre policier a été «gravement blessé à l’œil» par un «jet d’écrous». Le Parisien, citant une source proche du dossier, expliquait alors que les médecins étaient «sceptiques sur les chances de sauver son œil». Contactée par CheckNews, la préfecture n’a pas souhaité communiquer aujourd’hui sur l’état de ce policier.
Si plusieurs actes de violences contre des policiers ont été médiatisés, peu de détails ont été donnés sur les blessures en ayant résulté, au-delà du nombre de jours d’ITT. Ainsi, les policiers boxés par Christophe Dettinger ont écopé de deux et quinze jours d’interruption temporaire de travail (ITT). De même pour les motards pris à partie à côté des Champs Elysées le 22 décembre. Selon le JDD, deux policiers «choqués» ont eu 45 jours d’ITT. Le parquet, n’avait pas donné ces précisions, indiquant seulement qu’un homme a été mis en examen pour «violences en réunion avec arme ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours sur personne dépositaire de l’autorité publique». Enfin, le 5 janvier, un vélo lancé du haut d’un escalier atterrit sur le crâne d’un policier. Selon le Figaro, l’homme a été transféré à l’hôpital mais aucune information n’a filtré sur son état de santé. Ces quelques cas ayant été médiatisés ne sauraient être considérés comme exhaustifs.
En résumé, les autorités ne communiquent pas sur le nombre de policiers et gendarmes «gravement» blessés pendant les manifestations de gilets jaunes. Quelques cas ont été médiatisés, le plus souvent avec le nombre d’ITT des policiers ou gendarmes, mais ils ne constituent en aucun cas une liste exhaustive.
Cordialement
Source : Libération
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