Gendarme tué dans un accident dans l’Eure : « Vous l’avez laissé mourir comme un animal »

Le 6 avril 2017, un homme, gendarme de profession, a été tué, fauché par une voiture. Trois jours après les faits, le conducteur a été jugé et condamné. Précisions.

Le conducteur responsable de l’accident qui a coûté la vie à un gendarme dans l’Eure était jugé lundi 10 avril 2017. (©Fotolia/Illustration)

Jeudi 6 avril 2017, un gendarme d’une quarantaine d’années a perdu la vie dans un accident de la route, dans l’Eure. Une voiture a percuté son scooter. L’affaire était jugée lundi 10 avril 2017, en comparution immédiate au tribunal d’Évreux.

« Vous l’avez laissé mourir comme un animal. À aucun moment, vous n’avez fait preuve de compassion. » Les mots du procureur Romain Lemoël ne laissent planer aucun doute quant à l’absence d’empathie de Gaëtan L., 30 ans, le conducteur de la voiture.

Le pilote du scooter tué dans le choc

Trois jours plus tôt, il circulait au volant d’une Fiat sur la route Départementale 613, à hauteur de Parville, près d’Évreux (Eure). Il était 19h30, quand le chauffeur n’a pas respecté le laissez-passer au moment où survenait le pilote d’un scooter.

D’une violence extrême, le choc a provoqué le décès du pilote : Stéphane N., âgé de 36 ans, domicilié à Saint-Sébastien-de-Morsent, et maréchal des logis chef à la gendarmerie. La victime revenait d’une soirée organisée à Brionne par un collègue.

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Sans permis ni assurance et sous l’emprise du cannabis

Confiée aux militaires d’Évreux et Bernay, l’enquête a révélé plusieurs circonstances aggravantes : défaut de permis de conduire et d’assurance, conduite sous l’emprise de cannabis.

Mais surtout, le chauffard – né à Évreux – n’a pas porté secours à la victime alors qu’elle respirait encore. À un témoin de l’accident, l’homme se présentera comme un simple piéton « en train de se promener ».

Mais ses deux passagers ne se sont montrés guère plus courageux. Aussitôt après la collision, ils ont pris leurs jambes à leur cou… avant de se présenter aux gendarmes un peu plus tard dans la soirée.

« J’ai regardé à gauche, puis à droite. La moto me semblait loin », a argué, pour sa « défense », Gaëtan L. alors que ses comparses ont affirmé, aux enquêteurs :

On ne s’est rendu compte de rien, car on jouait avec nos applications dans la voiture.

« Un comportement obscène »

Déjà condamné à un an de prison avec sursis pour vol, Gaëtan L. a vécu dans la rue avec sa petite fille et son amie, avant d’être « hébergé » dans un squat.

Aujourd’hui, son enfant de 3 ans est placé en famille d’accueil et lui dort dans sa voiture, ladite Fiat, achetée sur la plateforme Leboncoin.fr.

« Isolé socialement et sur le plan familial, mon client n’est pas un délinquant notoire. Et c’est un primo-délinquant en matière de sécurité routière. La cause de cet accident n’est pas l’usage du cannabis. Ce drame résulte d’une maladresse de conduite, le chauffeur a mal évalué les distances », a plaidé Me Sabrina Tahraoui, avocate du conducteur.

Auparavant, le procureur avait stigmatisé l’attitude d’un trio au « comportement obscène et scandaleux » et réclamé 7 ans d’emprisonnement à l’égard de Gaëtan L., et 12 mois pour ses comparses.

Une contravention de 150 euros !

Partie civile pour l’épouse, le frère, les parents et les deux enfants de la victime, Me Marc François a pointé du doigt « le mépris des règles du code de la route et du bon sens, avec des prévenus qui nient toute responsabilité et tout sens civique. Songez que pas un n’a pris son téléphone pour alerter les secours ».

Au terme de ce procès d’exception – la comparution immédiate a été décidée trois jours après les faits et le colonel de gendarmerie avait effectué le déplacement au tribunal -, Gaëtan L. a été condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis, et maintien en détention. Sans oublier une contravention de 150 euros pour refus de priorité.

Quant aux deux autres prévenus, ils ont écopé d’une peine de six mois d’emprisonnement, avec mandat de dépôt à la clé. L’épilogue d’une soirée tragique…

Alain Guillard pour Eure-Infos/La Dépêche

Source : Normandie 27 actu

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