Fiona. 20 ans de réclusion pour la mère et son ex-compagnon

Cette photo prise le 5 septembre 2016 montre Cécile Bourgeon, mère de la petite Fiona, arrivant avec son avocat Gilles-Jean Portejoie pour le procès d'Adel Souissi, accusé d'avoir violé Cécile Bourgeon, à la cour de Riom. (Photo d'archives AFP) Cette photo prise le 5 septembre 2016 montre Cécile Bourgeon, mère de la petite Fiona, arrivant avec son avocat Gilles-Jean Portejoie pour le procès d’Adel Souissi, accusé d’avoir violé Cécile Bourgeon, à la cour de Riom. (Photo d’archives AFP)

La cour d’assises de la Haute-Loire a condamné en appel à vingt ans de réclusion la mère de la petite Fiona et son ex-compagnon, les considérant aussi coupables l’un que l’autre des coups fatals portés à la fillette de cinq ans.

En première instance en 2016, la cour d’assises du Puy-de-Dôme avait dissocié les peines, acquittant Cécile Bourgeon pour les faits criminels – les violences ayant entraîné la mort de Fiona – et l’avait condamnée uniquement à cinq ans de prison pour avoir fait croire à un enlèvement de l’enfant. Berkane Makhlouf avait, lui, déjà écopé de 20 ans de réclusion.

« Les mensonges, les contradictions, les silences, les incohérences, la variabilité n’ont pas permis d’appréhender le contexte exact du décès. Pour autant, le positionnement (des accusés) ne suffit pas à créer un doute raisonnable (…) Si ce n’est menti, ils n’ont pas tout dit », a déclaré le président de la cour, en lisant les motivations de l’arrêt rendu dans la nuit de samedi à dimanche au Puy-en-Velay. Car après 25 jours de procès cumulés, rien de nouveau ou presque n’a émergé sur les faits eux-mêmes. Les anciens partenaires se sont accusés l’un l’autre d’avoir porté des coups à l’enfant, sans les lier à son décès.

La cour, qui a reconnu cette fois que Fiona a été victime de « maltraitance », a également prononcé un « retrait total de l’autorité parentale » de Cécile Bourgeon sur ses deux autres enfants. « Je ne suis naturellement pas surpris par cette décision au regard des graves événements qui ont émaillé cette audience et qui avaient justifié lundi que nous sollicitions le renvoi », a réagi l’un des conseils de Cécile Bourgeon, Me Renaud Portejoie. Avant d’annoncer qu’il allait former « un pourvoi en cassation dès lundi ». « Il y aura donc un troisième procès », a-t-il assuré. Ou plutôt un quatrième : le premier procès en appel avait avorté en octobre à la suite d’une querelle entre avocats. Lundi, les avocats de Cécile Bourgeon avaient aussi tenté – en vain cette fois – d’obtenir un nouveau renvoi autour d’une curieuse histoire d’apéritif pris par le président de la cour, Étienne Fradin, avec certains conseils dans un hôtel du Puy-en-Velay.

Verdict « juste pour Fiona »

« Elle a la peine qu’elle mérite. C’est un soulagement pour moi et c’est juste pour Fiona », a réagi le père de la fillette, Nicolas Chafoulais, à l’annonce du verdict. « Apaisé ? Non. Ma fille n’est pas revenue », a-t-il poursuivi, gagné par l’émotion. La dépouille de la fillette n’a jamais été retrouvée depuis sa disparition en mai 2013. « On a pu faire triompher la vérité sur le mensonge et la manipulation. Les jurés ont compris ce que Nicolas Chafoulais avait compris, c’est-à-dire une femme coupable. C’est une grande victoire juridique », s’est aussi félicité l’un des ses conseils, Me Charles Fribourg.

La cour a suivi le raisonnement de l’avocat général Raphaël Sanesi de Gentile, qui avait estimé que l’ancien couple « tortionnaire » avait agi de concert dans la mort de la fillette, victime d’une « violence continue » pendant « les jours et les heures précédant sa mort ». Mais elle est allée en deçà des trente ans requis. « Ces violences ont été activées par les deux, par la répétition dans le temps et par leur localisation sur la tempe gauche de Fiona (…) Il y a eu un coup, deux coups, un troisième coup », avait-t-il tonné en tapant du pied sur le sol pour simuler les « traumatismes crâniens et abdominaux » « répétés » subis par la fillette blonde, dont la disparition avait ému la France entière.

Le représentant du ministère public ainsi que les avocats des parties civiles avaient demandé aux neuf jurés – tous féminins – de s’appuyer davantage sur la parole de Berkane Makhlouf pour rendre leur verdict. En première instante, celle-ci avait été jugée « trop tardive et variable » par rapport aux déclarations de la mère de la fillette.

Source : Le Télégramme

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