Fin de partie pour les Balkany : la justice ordonne la prison après de multiples manquements

Isabelle et Patrick Balkany, en avril 2019 au conseil municipal de Levallois-Perret.
AFP

La justice a ordonné l’incarcération des époux Balkany pour d’innombrables manquements à leurs obligations judiciaires. Patrick Balkany dénonce « un acharnement ». Son épouse, comme avant son premier procès, avale des médicaments et a été hospitalisée. Ses palmes académiques lui ont été retirées.
Ils attendaient la décision avec « angoisse ». Elle est tombée sans réelle surprise. Conformément aux réquisitions du parquet, la cour d’appel de Rouen a confirmé peu avant 14 heures la révocation du placement sous bracelet électronique des époux Balkany, ouvrant automatiquement la voie à leur incarcération. Condamnés à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale, ils devraient être placés en détention, soit en régime ordinaire, soit dans les services pénitentiaires hospitaliers de Fresnes. Ni leur âge, 73 ans, ni leur « état de santé », invoqués par leurs avocats, ne sont parvenus à faire plier la Cour.

Jusque-là, les juges en charge de l’application des peines s’étaient montrés plutôt cléments avec les Balkany. Leur peine d’emprisonnement de trois ans avait été transformée en un placement sous bracelet électronique pour une durée de neuf mois. Cette mesure allait se terminer début mars. Jusqu’au 10 mars, Patrick et Isabelle Balkany, équipés d’un bracelet aux chevilles (puis au poignet pour elle afin de lui permettre des bains prolongés) avaient pour obligation de rester à l’intérieur de leur moulin de Giverny tous les jours avant 14 heures, et après 18 heures. Ils pouvaient sortir librement, pour aller faire leurs courses ou travailler uniquement entre 14 heures et 18 heures.
Une centaine de manquements aux obligations judiciaires
Comme pour tous les 14 000 porteurs de bracelets électroniques en France, les Balkany ont été avertis de leurs obligations : s’ils sortent des 700 m2 de leur maison pour aller dans leur jardin, avant 14 heures ou après 18 heures, une sonnerie prévient les services de l’administration pénitentiaire basés à Rennes. Pour une « sonnerie » de courte durée, un signalement est rédigé à l’attention de la juge d’application des peines. Si la « sonnerie » excède le quart d’heure, l’administration pénitentiaire exige des explications. Au total, pour leurs six premiers mois de bracelet, les Balkany ont à eux deux cumulé une centaine de « sonneries », de courtes ou longues durées.

À LIRE AUSSI :Les Balkany gardent leur moulin : « ne vous inquiétez pas pour Patrick, ça va très bien pour lui »

Pour leur défense, dans un premier temps, ils ont évoqué la nécessité d’aller ouvrir au facteur le matin, ou de faire rentrer leurs trois chiens le soir. Pour des dépassements plus longs, Patrick Balkany a notamment plaidé une panne sur l’autoroute et Isabelle Balkany un bouchon sur le pont de la Seine en rentrant de ses courses…

Mais la justice a aussi déploré des mots et un vilain geste déplacé à l’endroit d’un agent judiciaire. « Isabelle s’en est excusée », glisse un proche, qui depuis des mois les met en garde sur le strict respect de leurs obligations pénales. Pour montrer leur bonne foi, les deux Balkany ont accepté de participer en octobre à un « stage de citoyenneté ». Durant 48 heures, à tour de rôle, ils ont eu des cours sur la justice, ou le sens de l’impôt… Mais les « sonneries » ont continué, provoquant en décembre une première décision de révocation de leur placement sous bracelet électronique. Ils ont fait appel et la décision définitive est donc tombée aujourd’hui.

« J’en ai assez de ces juges »

Dans les minutes qui ont suivi, Patrick Balkany a appelé les pompiers sa femme ayant, selon lui, « avalé une boîte de barbituriques ». « Je veux juste dormir, DORMIR… Épuisée par l’âge, le mien, la haine, des autres, l’angoisse pour l’Homme de ma vie, la blessure, inguérissable, du « gommage » de ce que j’ai pu faire de positif… » a-t-elle écrit sur Twitter quelques minutes auparavant, avant de « remercier » ceux qui lui ont fait le « bonheur » de l’aimer, et « mes amours à 4 pattes », ses trois chiens.

Selon plusieurs proches, outre sa condamnation à plusieurs années de prison, et la perspective de la détention, Isabelle Balkany a très mal vécu en juin dernier sa révocation de la légion d’honneur, qui lui avait été remise à l’Élysée par Nicolas Sarkozy. Elle avait dénoncé à l’époque « une humiliation supplémentaire ». Selon nos informations, le 21 octobre dernier, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, a signé un arrêté de révocation de ses palmes académiques. L’arrêté a été publié au journal officiel des décorations le 10 janvier dernier. « Pour Isabelle, qui avait obtenu ces palmes en raison de son travail pour les collèges des Hauts-de-Seine, cela a dû être dur », admet une amie.

À LIRE AUSSI :Procès Balkany : le best-of des bobards de Patrick et Isabelle recensés dans le jugement de la Cour d’appel

Sur BFM, Patrick Balkany a évoqué « une honte », déplorant la décision du jour, et annonçant une plainte contre les juges pour « mise en danger de la vie d’autrui ». « Isabelle avait dit qu’elle n’irait pas en prison, qu’elle se supprimerait. Elle a avalé une boîte de je-ne-sais-quoi. Le Samu l’emmène à l’hôpital, a-t-il affirmé. Elle va encore être entre la vie et la mort. J’en ai assez de ces juges. Quant à moi, j’ai failli crever en prison. Le professeur a dit que si j’y étais resté 24 heures de plus, j’étais mort. On me renvoie crever en prison. Je préfère crever chez moi ! » C’est désormais au parquet de faire appliquer la décision de la cour d’appel de Rouen.

Source : Marianne

Répondre à FRELANDDENIS Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *