Faits divers Loir-et-Cher : les gendarmes auraient tiré sur le fugitif pour se défendre

Toute la journée d'hier, un important dispositif de gendarmerie a été maintenu près de la ferme où s'est déroulé le drame. - Toute la journée d'hier, un important dispositif de gendarmerie a été maintenu près de la ferme où s'est déroulé le drame. - (Capture d'écran Google Earth)

Toute la journée d’hier, un important dispositif de gendarmerie a été maintenu près de la ferme où s’est déroulé le drame. – (Capture d’écran Google Earth)

Le procureur de Blois a évoqué les circonstances de l’interpellation qui s’est soldée par la mort d’Angelo Garand jeudi à Seur dans le Loir-et-Cher. Le fugitif a brandi un couteau pour s’attaquer aux gendarmes.

La thèse de la légitime défense semble privilégiée au lendemain de la tragique interpellation qui a coûté la vie à Angelo Garand. Hier, le procureur de la République de Blois, Frédéric Chevallier, est revenu sur les circonstances de l’opération de gendarmerie qui a tourné au drame à Seur. L’homme qui appartenait à la communauté du voyage, était en cavale depuis la fin du mois de septembre 2016. Il avait profité d’une permission de sortie pour ne pas réintégrer le centre de détention de Vivonne près de Poitiers (Vienne). « Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt délivré par le juge de l’application des peines et était recherché pour évasion dans le cadre d’une commission rogatoire du juge d’instruction. C’est dans ce cadre que les gendarmes de la section de recherches de Poitiers l’ont localisé au domicile de son père à Seur » précise le chef du parquet de Blois.

Angelo Garand avait un lourd casier comportant 21 mentions concernant surtout des faits de vols aggravés. La dernière condamnation, 4 ans de prison ferme, avait été prononcée en janvier dernier à Châteauroux. L’homme était considéré comme potentiellement dangereux. A plusieurs reprises, il a été interpellé en possession d’armes. C’est pourquoi les enquêteurs poitevins ont reçu le renfort de leurs collègues de l’antenne tourangelle du GIGN. L’interpellation a été déclenchée vers 13 h jeudi. Les gendarmes ont investi l’ancienne ferme où résident les proches du jeune gitan en cavale. Trois hommes et deux femmes ont été interpellés sans poser de difficulté. A la recherche du fugitif, les militaires ont alors pénétré dans une petite dépendance plongée dans l’obscurité.

Une autopsie a été réalisée vendredi matin à Tours

« Angelo Garand se cachait au fond de la dépendance, indique le procureur de Blois, les gendarmes lui ont demandé de se rendre, l’homme s’est levé, les gendarmes sont venus à son contact, puis il a sorti un couteau et l’a exhibé en s’avançant avec des gestes circulaires menaçants. Les gendarmes ont reculé et ont utilisé le Taser, le pistolet à impulsions électriques. Mais cela n’a pas eu l’effet escompté car Angelo Garand a réussi à arracher l’un des dards. Cela a manifestement amplifié sa volonté de ne pas être interpellé et il s’est rué sur un gendarme tentant de lui porter des coups au niveau du visage et du cou. C’est dans ces conditions qu’un premier gendarme a fait usage de son arme puis un second militaire a fait de même ce qui a permis de le neutraliser. »

Angelo Garand a, malgré l’intervention du Smur, succombé très rapidement. Le magistrat n’a pas précisé combien de projectiles l’avaient atteint. Une autopsie a été réalisée vendredi matin à Tours. « Tous les résultats de cet examen ne sont pas connus. Le but de cette enquête est de parvenir à la vérité et établir comment les choses se sont passées. Les deux gendarmes ont été placés en garde à vue et sont entendus par l’inspection générale de la gendarmerie. Leurs trois collègues seuls témoins directs des faits ont eux aussi été entendus. Une reconstitution a été organisée ce vendredi après-midi sur les lieux de l’interpellation. Les constatations médico-légales, celles de la police technique et scientifique, l’expertise balistique de l’IRCGN confrontées aux différentes auditions permettent de dire qu’il existe une cohérence avec la description faite par les gendarmes. Je n’ai pas d’éléments permettant de douter de cette explication. »

La garde à vue des deux militaires doit s’achever ce matin. Le parquet de Blois va ouvrir une information judiciaire. La section de recherches d’Orléans sera chargée d’enquêter sur les violences visant les deux gendarmes tandis que le bureau des enquêtes de l’inspection générale de la gendarmerie établira les conditions dans lesquelles les militaires ont ouvert le feu.

« J’ai deux impératifs, a insisté le procureur Frédéric Chevallier, approcher au plus près de la vérité en ouvrant ces enquêtes tout en prenant en compte le drame subi par la famille. J’ai rencontré les proches d’Angelo Garand. Le corps du défunt leur a été remis ce vendredi après-midi et leur lieu d’habitation leur a été également restitué. »

Un important dispositif comportant notamment deux escadrons de gendarmerie mobile restera en place jusqu’à nouvel ordre afin de prévenir d’éventuels débordements. Hier soir, hormis quelques provocations orales envers les gendarmes qui surveillaient les abords de la ferme, aucun incident sérieux n’était à déplorer.

Lionel Oger

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *