Ex-égérie de la gendarmerie, elle porte plainte pour harcèlement moral

INFO METRONEWS – Seaade Besbiss, ancienne gendarme adjoint volontaire, a déposé une plainte devant le doyen des juges d’instruction de Nanterre pour dénoncer des faits de harcèlement moral à l’encontre de son supérieur hiérarchique. Son image avait été utilisée par la gendarmerie dans le cadre d’une campagne pour illustrer la place des femmes dans l’institution.

L'ancienne gendarme Seaade Besbiss a porté plainte devant le doyen des juges d'instruction de Nanterre pour harcèlement moral.

L’ancienne gendarme Seaade Besbiss a porté plainte devant le doyen des juges d’instruction de Nanterre pour harcèlement moral.

Elle avait été choisie par le ministère de l’Intérieur pour incarner l’égalité hommes-femmes, posant en uniforme sur des affiches promotionnelles de la gendarmerie. Seaade Besbiss, une ancienne gendarme adjoint volontaire (GAV) affectée dans les Yvelines, se retourne aujourd’hui contre son supérieur. Selon nos informations, elle a porté plainte le 1er mars dernier pour harcèlement moral de la part de son supérieur hiérarchique auprès du doyen des juges d’instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine). Dans sa plainte, que metronews a consultée, Seaade Besbiss, 28 ans, dit avoir subi de nombreuses remarques déplacées pendant un an et demi de la part du lieutenant qui la supervisait.

« J’étais seins nus »

Les faits se seraient produits entre janvier 2013 et mai 2014, lorsqu’elle était en poste à la brigade autonome territoriale de Noisy-le-Roi (Yvelines). Tout aurait commencé lors d’une patrouille de nuit. Son supérieur, le lieutenant D., lui aurait posé des questions sur sa vie amoureuse, ses expériences et sur le « désir d’avoir des relations d’un soir avec un officier ». Mal à l’aise, la jeune gendarme raconte avoir « coupé court à la conversation ». A partir de ce jour, la relation se serait dégradée. « Il était très froid, de mauvaise humeur et m’a surchargée de travail. Je ne lui reproche pas de m’avoir draguée. Mais de m’avoir fait payer mon refus », commente-t-elle auprès de metronews.

Seaade Besbiss "revendique [sa] féminité en tant que gendarme"

Seaade Besbiss « revendique [sa] féminité en tant que gendarme »

A l’appui, elle rapporte cet exemple de la danse orientale. La gendarme souhaitait suivre cette activité en dehors de ses heures de service. Mais son supérieur lui aurait alors répondu, selon son récit, que cette pratique n’était « pas compatible avec le métier de gendarme », avant de refuser de l’inscrire au tableau d’avancement. La gendarme dénonce aussi une violation de son domicile. Selon elle, le lieutenant D. se serait introduit dans son logement, à l’intérieur de la caserne, sans demander s’il pouvait entrer. « J’étais seins nus dans mon lit en train de me reposer », précise-t-elle, assurant avoir en sa possession des vidéos et des enregistrements audio pour appuyer ses dénonciations.

Personnifier la diversité et la parité

La gendarme a d’abord dénoncé ces faits en décembre 2014 au commissariat de police à Versailles. Mais le procureur de la République a classé l’affaire sans suite à la fin de l’année dernière, après une enquête de l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). « Nous nous tournons donc vers le doyen des juges d’instruction pour qu’il demande à un juge d’instruction d’enquêter car ces faits sont graves », commente auprès de metronews Patrick Maisonneuve, l’avocat de la gendarme, qui dénonce « des propos insultants et vexatoires ».

Selon nos informations, l’enquête de l’IGGN n’a pas relevé de problème de harcèlement. « Si ce n’est une maladresse de vocabulaire de la part du supérieur. En revanche, elle a pointé une propension à l’affabulation et à la mise en scène chez la plaignante », nous précise un connaisseur du dossier.

L’ancienne égérie de la gendarmerie nationale, qui avait misé sur elle pour personnifier la diversité et la parité au sein de ses rangs, n’est plus en poste depuis le 31 janvier dernier, date à laquelle son contrat de 5 ans a pris fin. Aujourd’hui, elle souhaite réintégrer l’institution en se présentant à nouveau aux concours. « Je vais aussi passer le concours de gardien de la paix. Je veux faire carrière dans les forces de l’ordre », ajoute-t-elle. Pour appuyer ses dénonciations et briser ce qu’elle qualifie d’ »omerta dans la gendarmerie », la jeune femme va sortir un livre en avril prochain. Le titre : « Je voulais juste être gendarme ».

Une plateforme pour dénoncer des discriminations

Lancée en 2014, une plateforme interne à la gendarmerie permet aux militaires de signaler des faits de discrimination religieuse, ethnique, de harcèlement moral ou sexuel. Intitulé « Stop-discri », ce formulaire permet aux victimes, mais aussi aux témoins, de saisir l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). « Les informations sont confidentielles et ne passent pas par la hiérarchie directe du gendarme. Une précaution pour être certains qu’elles ne soient pas couvertes par la loi du silence », explique à metronews Karine Lejeune, porte-parole de la gendarmerie nationale. En 2015, 121 signalements ont été recueillis par ce biais-là. 53% d’entre eux ont été faits par des hommes.

Source : Metronews

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