Essonne : trois agents de la préfecture soupçonnés de corruption en garde à vue

8040381_9b90f436-4ff5-11e9-bc02-115684b741bd-1_1000x625Évry. Certains étrangers vont jusqu’à passer la nuit devant les grilles de la préfecture pour conserver leur place LP/F.G.

Ils auraient accepté de l’argent pour délivrer des titres de séjour après avoir validé des dossiers constitués avec des faux papiers. Ils ont été interpellés ce mardi matin à 6 heures.

Les enquêteurs de la 1re Direction régionale de la police judiciaire de Paris pensaient trouver un réseau lié au grand banditisme. Ils sont tombés sur des « petits » fonctionnaires, agents de la préfecture de l’Essonne, qui voulaient arrondir leurs fins de mois. Ce mardi matin, ces trois employés au service des titres de séjour des étrangers, ont été interpellés dès 6 heures à leur domicile et placés en garde à vue. Dans le même temps, les hommes de la police judiciaire parisienne ont mis la main sur trois intermédiaires décrits par une source proche de l’enquête comme de « vieux Chibanis ». Comprendre : des personnes venues du Maghreb durant les trente glorieuses pour travailler en France.

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Il est reproché à tous une aide au séjour irrégulier en bande organisée et des faits de corruption. Les fonctionnaires réalisaient ainsi des vrais titres de séjour pour « des étrangers venus majoritairement d’Afrique du Nord ou de Turquie », selon cette même source, avec des dossiers constitués à l’aide de faux papiers.

Pour ce service rendu, ils touchaient de l’argent. Près de 10 000 €, selon les premières investigations, auraient été perçus par les trois agents. Parfois, ils pouvaient être rémunérés en nature comme cette femme qui, durant sa garde à vue, a reconnu devant les enquêteurs qu’elle avait reçu des flacons de parfum. Mais le montant global des dessous de table n’est pas encore clairement établi.

« Tout le monde le sait qu’il y a ce genre de choses, ce n’est pas nouveau ».

Ce mardi matin, devant la préfecture, la nouvelle de ces interpellations ne surprend pas. Dramane, 36 ans, n’est pas choqué par la mise en place de petites combines et autres voies parallèles en vue d’obtenir des papiers d’identité. « Ce n’est pas bien de se mettre dans l’illégalité, souligne-t-il d’emblée. Mais quand on voit toutes les galères, tous les sacrifices que l’on fait pour obtenir des papiers officiels, pour souvent ne rien obtenir du tout, je comprends que des gens passent par d’autres moyens. »

Ahmed, 45 ans, n’est, lui aussi, pas du tout surpris par ces petits arrangements jusqu’au cœur de la préfecture. « Tout le monde le sait qu’il y a ce genre de choses, ce n’est pas nouveau », glisse dans un sourire cet habitant de Chilly-Mazarin.

Une enquête interne diligentée par la préfecture

Les difficultés administratives, les files d’attente interminables devant la préfecture de l’Essonne, Yildiz, 45 ans, en a connu. Comme beaucoup d’autres, il a passé des nuits à attendre, par tous temps, l’ouverture des guichets. « J’ai dormi ici pour garder une place dans la file d’attente pour ma fille, comme je l’avais fait auparavant pour sa grande sœur, explique ce réfugié politique d’origine kurde et chef d’entreprise. J’ai même payé un de mes employés pour qu’il fasse de même à ma place. »

Un membre de la Ligue des droits de l’homme de l’Essonne et du Val-de-Marne avoue n’avoir « jamais eu connaissance » d’achats de titres de séjour. Il dénonce en revanche « un exemple caractéristique de corruption » et réclame « la démission du préfet ». Dans un communiqué, la préfecture de l’Essonne affirme : « Parallèlement à l’enquête judiciaire, le préfet de l’Essonne a immédiatement sollicité, auprès du Ministère de l’Intérieur, une mission d’inspection de l’inspection générale de l’administration. En assurant les agents de sa confiance, il a renouvelé les consignes de rigueur et de vigilance dans l’exécution de leurs missions de service public. »

Source : Le Parisien

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