Entre mes mains ~ L’extraordinaire naissance de Ruben

Bonjour à tous,

Comme tous les ans j’essaie de marquer Noël par une publication particulière, aussi j’espère cette année réussir à vous surprendre…

En ce jour de Noël, qui est la fête de la naissance de l’Enfant Jésus pour les Chrétiens et la fête de tous les enfants, j’ai cherché sur la « Toile » l’histoire d’une naissance extraordinaire. J’ai trouvé un récit datant de Janvier 2015 relatant cette naissance extraordinaire que je cherchais.

Je pense que cette histoire va ravir toutes les Mamans et, pourquoi pas, les Papas aussi !!!

Joyeux Noël à tous  !!!

Ronald Guillaumont

P.S. Le choix d’un tableau de Rubens pour illustrer cette histoire et le prénom de l’enfant « Ruben » sont une pure coïncidence.

adoration-des-mages-rubens

L’adoration des Mages par Rubens, 1629

 

par La journaliste IT pink & green

Entre mes mains ~ L’extraordinaire naissance de Ruben

Je n’ai pas écrit tout de suite le récit de naissance de mon second fils, mon quatrième enfant, Ruben, né le 29 novembre un peu après minuit (récit attendu avec impatience par quelques amies d’ailleurs, coucou les copines).

J’avais besoin de temps. Non pas pour digérer cette naissance, mais pour la savourer.

La revivre.

Repenser à chaque petit détail, chaque sensation, chaque odeur, chaque son.

Bercer cette naissance à l’intérieur de mon corps et de mon cœur comme j’avais bercé Ruben durant 8 mois, 3 semaines et 3 jours.

Remercier la vie, aussi.

Cette naissance, mais quelle naissance, suis-je tentée de m’exclamer avec émotion.

Si intense, si rapide, si bouleversante, si merveilleuse, dont chaque détail est gravé à l’intérieur de mes cellules et de mon cœur de mère.

Une naissance gravée dans mes deux mains aussi. Le creux de ma paume gauche gardera à tout jamais l’impression surréaliste de ce petit crâne dur, mouillé et chevelu qui cheminait si vite vers la vie terrestre.

Inoubliable sensation.

Inoubliable aussi, la journée qui a précédé cette naissance. Elle fut calme pourtant, cette journée. Un peu comme le calme avant le tsunami.

Le vendredi 28 novembre j’avais rendez-vous dans la matinée avec ma sage-femme pour un monito de contrôle. J’aimais me rendre chez elle. Je m’allongeais sur des matelas empilés sur le sol, calée dans un coussin d’allaitement, face à une grande baie vitrée, à la plaine et aux chaines de montagnes enneigées. J’écoutais le boumboum du cœur de mon bébé, seul bruit dans la pièce, en me demandant à chaque fois si c’était la dernière fois que je venais ici, encore ronde de mon fils.

Le monito était normal. Bébé tonique, zéro contraction. Col inchangé. Rien ne laissait présager un accouchement, rien non plus ne disait le contraire. Le champ des possibles était ouvert, je commençais à avoir hâte mais je me sentais sereine. En confiance. J’étais persuadée que les choses se dérouleraient exactement comme elles devaient le faire.

J’ai été active en ce vendredi. Chercher les enfants à l’école, passer à la biocoop prendre de l’huile essentielle de palmarosa (conseil de ma sage-femme), faire quelques courses. Mais je n’étais pas fatiguée. Je suis même restée devant la télévision ce soir là, pour une fois, moi qui suis si peu télévore. J’ai regardé avec mon amoureux un film allemand sur Arte. Un film qui parlait d’amour, de chamanisme, de libellules et de zone de confort.

Je me rappelle aussi de l’odeur de l’huile de palmarosa, de la chaleur des mains de mon amoureux qui me massait le bas du dos et du goût des fruits secs dans mon fromage blanc à la cannelle.

C’est fou comme des petits détails peuvent rester graver dans la mémoire quand ils précédent un événement essentiel dans la vie.

Je suis allée me doucher après le film. J’ai pris une photo, comme tous les soirs, « au cas où ce serait la dernière ».

J’ai un peu surfé sur les réseaux sociaux, laissé quelques messages sur facebook et sur un forum, branché la musique comme tous les soirs, même playlist si calme, et je me suis couchée, en me disant que visiblement ce n’était pas pour cette nuit encore.

J-5 demain. Ce bébé aura été celui qui sera resté le plus longtemps en mon sein.

Je me suis endormie paisiblement et très profondément, bercée par la musique.

Il était 23 h 30 environ.

Un peu après minuit, une première contraction m’a brutalement tirée de mon sommeil. Elle était vraiment très intense et très douloureuse. Surprenante, aussi. Sans préavis. Une seule et unique contraction qui me réveillait et me projetait directement dans l’accouchement, me semblait-il.

Tant bien que mal je me suis assise dans le lit, encore à moitié endormie. La position horizontale m’était tout simplement insupportable et c’est comme un ressort, alourdi certes, mais un ressort quand même, que je me suis assise.

C’est drôle, mon unique pensée à ce moment là, assise, le dos aussi courbé que je le pouvais, fut de me dire que si ça devait encore durer ne serait-ce qu’une heure, je demanderais la péridurale (haha). La contraction était vraiment atroce à traverser. Je ne me rappelais même pas avoir consignée cette contraction dans mon téléphone d’ailleurs, j’ai dû le faire machinalement. C’est quelques jours plus tard que j’ai découvert que je l’avais enregistrée dans l’appli que je gardais ouverte depuis quelques jours quand je me couchais.

Il était donc 00 h 07 lorsque j’ai été réveillée.

Consciente que le temps m’était compté entre deux contractions et que la prochaine serait probablement aussi violente, je me suis levée et je suis allée aux toilettes. Je perdais un peu de sang bien rouge, mais je n’ai pas paniqué, je savais que mon col saigne toujours car il se dilate très vite. J’ai vérifié, je crois qu’il était à 5 ou 6 et la tête était engagée.

Je suis allée dans le salon pour prévenir mon amoureux qu’il fallait partir immédiatement à la maternité. Il n’était pas encore couché, il regardait la télé. Il m’a juste demandé si j’étais sûre de moi et il s’est levé pour s’habiller.

C’est là qu’une deuxième contraction m’a transpercée comme un glaive, entre le salon et la salle à manger. Elle m’a littéralement coupée en deux mais je l’ai trouvée plus supportable que la première car je n’étais pas allongée (quelle hérésie de faire accoucher les femmes allongées, quand j’y pense…).

Dans une sorte de réflexe totalement instinctif, je me suis retrouvée à quatre pattes sur le sol, dans notre salle à manger. La contraction n’en finissait pas et poussait puissamment vers le bas. Avec ma main gauche je suis allée vérifier, toujours de manière complètement intuitive. Il n’y avait plus de col, et j’ai senti un crâne bien dur, bien humide, bien rond, rempli de cheveux doux et mouillés. J’ai alors appelé le papa dans un souffle en lui disant « laisse tomber la maternité, on n’a pas le temps, appelle les pompiers ! ». Je ne sais plus ce qu’il m’a répondu exactement, un mélange de « mais tu es sûre ? tu rigoles ? t’es sérieuse ? » et il a composé le 18, même pas habillé.

Troisième contraction.

La contraction incroyable. Rien ne pouvait arrêter le petit crâne qui cheminait comme un bouchon de champagne à l’intérieur de mon corps, tendrement guidé par ma main gauche. J’étais accroupie désormais. J’ai une nouvelle fois arrêté mon amoureux en lui disant « laisse tomber les pompiers, il arrive maintenant, MAINTENANT ! Viiiiite va chercher des serviettes ! ».

J’ai poussé de toutes mes forces. Il n’avait pas besoin de cette poussée pour sortir, la contraction de mon utérus le faisait avancer seule, mais c’était la seule manière que j’avais à ma disposition pour accompagner la douleur.

Et

Tout de suite

Comme un boulet de canon

Il a glissé

Entre mes deux mains.

Tout entier.

De tête qui sort, pivote et précède le corps, point. De quatrième contraction, point encore.

Il est sorti entier, rose, lisse, propre, mouillé, chaud de moi, chaud de nous.

Il est né.

Entre mes mains.

Je l’ai saisi et je l’ai posé contre mon coeur. Il a fait un drôle de bruit de bulles qui pétillent, un gargouillis qui hésite entre la vie aquatique et la vie terrestre. Puis le gargouillis a cessé, il a pris une grande inspiration et il a crié. Crié victoire, crié à la vie, à l’air, à la terre, à l’amour qui l’accueillait. Ca n’a duré que quelques millisecondes mais ce fut un moment magique.

Le toboggan, la glissade vers mes mains, les bulles qui éclatent dans la gorge et la gorgée d’air.

Il était 00 h 14.

Sept minutes se sont écoulées entre mon réveil et sa naissance.

Sept petites minutes.

Et trois contractions.

Dormir profondément et se retrouver mère pour la quatrième fois en sept minutes, quelle aventure époustouflante !

Au téléphone les pompiers qui venaient de décrocher ont entendu le cri de vie de notre fils et ont dit « ah, on l’entend crier, visiblement tout va bien ! ».

Ils sont quand même venus, quelques minutes après. Je suis restée assise sur le sol, berçant mon fils en peau à peau, mon fils apaisé et apaisant, qui a cessé tout de suite de crier pour s’endormir contre moi. Je me suis enivré de sa petite odeur de moi, de sa chaleur, de sa couleur rose, de la douceur de son petit corps, pendant que son papa le couvrait et le prenait en photo.

Je ne sais pas définir exactement comment je me sentais à ce moment là. Abasourdie par la rapidité de sa naissance, heureuse, paisible, excitée. Euphorique et sereine, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

Fière, aussi, je dois bien le dire. Je me répétais sans cesse « j’ai accouché toute seule ! j’ai accouché toute seule, en osmose avec mon fils ! Et c’était génial ! ». Je n’en revenais pas et en même temps c’était si naturel, si évident, si facile, si dans la lignée de notre histoire !

On me demande souvent si je n’ai pas paniqué, si tous les deux, mon amoureux et moi, n’avons pas été pris de panique ou d’angoisse. Mais non. Déjà, nous n’en avons absolument pas eu le temps. Tout cela n’aura duré que quelques secondes. Et puis surtout une sorte de mécanisme purement instinctif a totalement pris les rênes. Je n’ai pas réfléchi, j’ai laissé mon corps me guider, je n’avais pas le choix de toute façon, ça allait trop vite pour ma tête et mon corps savait ce qu’il fallait faire. Alors je l’ai suivi. Me mettre à genoux, puis accroupie, toucher la tête de mon fils, l’accompagner, saisir avec confiance et fermeté ce petit corps qui sortait si vite, ce ne sont pas les neurones qui ont guidé mes gestes, mais mon instinct.

Tout était évident.

Tout était facile.

Tout était sans doute écrit dans notre histoire.

Cette naissance s’inscrivait parfaitement dans la lignée de ma grossesse et de ma façon de voir la vie, pourquoi aurais-je paniqué ? Elle correspondait à ce que j’avais souhaité, une naissance rapide, simple, évidente, naturelle, puissante et belle. C’était ce que j’avais commandé à l’univers.

J’ai été exaucée.

Voilà.

« On peut tout demander à l’univers » paraît-il. Je confirme.

Merci la vie, merci mon amoureux, merci Ruben, et merci mes enfants qui m’ont aussi guidée jusque là.

 

Source : La journaliste IT pink & green

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *