Enquête sur des soupçons de maltraitance : 50 à 60 bovins seraient morts de faim et de soif près de Caen

L’éleveur en cause serait propriétaire de près de 300 têtes de bétail réparties dans plusieurs herbages peu ou pas entretenus au Nord-ouest de Caen. Une enquête est en cours.

L’inspecteur de la SPA de Normandie vient constater l’état du champ sans herbe pour les bêtes ou des foins « trop » mouillées dont les vaches n’en veulent pas. « Il faut un hectare par bovin. Les certains herbages sont surpeuplés ». (©Emile Fouda / Rédaction LBL)

« Cette situation dure depuis au moins 5 ans. » C’est en promenant son chien dans le secteur d’Evrecy près de Caen (Calvados) qu’il a vu « des charolaises plutôt amaigries qui donnaient l’air de ne pas aller au mieux ». Avant d’alerter les autorités.

Le témoin qui souhaite rester anonyme parle « d’animaux apparemment abandonnés » avec un agacement manifeste… faute de réactions suffisamment rapides à son goût. Et il n’est pas le seul.

Depuis le début de l’année 2018, quelque part, au nord-Ouest, à quinze minutes de Caen, dans les communes de Bougy et Neuilly-Malherbe, plusieurs habitants ont vu sept ou huit bovins morts en l’espace d’une semaine. « J’ai vu des bêtes mourir de faim ou de soif. J’en ai vu s’écrouler ou avec les pattes en l’air. Signe qu’elles étaient mortes ».

Le jeudi 1er mars 2018, un habitant de Grainville-sur-Odon raconte la même histoire ou presque. On est à une dizaine de minutes de Bougy. En passant devant un herbage, il aperçoit une vache en train d’agoniser sur le sol.

Le lendemain la bête était dans le même état mais sans plus aucune réaction.

Révolté, le témoin rue dans les brancards et appelle les gendarmes qui viennent constater.

Signalement de la SPA et enquête de la gendarmerie

Le maire de Grainville-sur-Odon, Emmanuel Maurice, est informé. Alerté lui aussi par des habitants, les autorités vétérinaires, la gendarmerie, il nous confirme les enquêtes engagées. Il explique que les services de la Préfecture sont au courant de la situation et que des enquêtes sont diligentées pour faire toute la lumière sur cette histoire. Mais il ne peut en dire davantage tant que l’enquête est en cours.

A Bougy, Neuilly-Malherbe, Évrecy, Sainte-Honorine-du-Fay, Grainville-sur-Odon et toutes les communes alentour, « tout le monde est au courant de ce qui se passe dans le secteur », confirme Jean Tellier, inspecteur assermenté de la SPA de l’ex-Basse-Normandie depuis 12 ans.

Il évoque fermement de la maltraitance. Témoignages écrits et autres collectés par ses soins se multiplient.

Je vais saisir le Procureur au regard de tous les éléments que nous avons.

Jean Tellier est reconnu comme un inspecteur compétent et intransigeant quand il s’agit de la cause animale. Il observe tout : les poils hérissés des bovins, les roundballers ou bottes de foin immangeables par les bêtes, surtout par temps d’hiver pluvieux.

Comment s’étonner que les vaches meurent de faim, lorsqu’on se rend compte que leur propriétaire dispose de 300 bêtes et de plusieurs herbages dont il ne peut pas s’occuper ?

Comme d’autres, il estime que l’enquête n’avance pas assez vite.

Morts de faim et de soif

Pourtant la gendarmerie enquête. Suite au signalement de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) qui a effectué les premières constatations, la gendarmerie d’Evrecy a ouvert une enquête pour « mauvais traitement sur des animaux par un exploitant agricole » et « privation de nourriture ». Une « mise en demeure » a été signifiée au propriétaire par la gendarmerie qui effectue des contrôles quasi-quotidiens. À plusieurs reprises, les gendarmes ont déjà dû intervenir auprès de cet agriculteur pour des divagations d’animaux.

Selon nos informations, depuis décembre 2017, une cinquantaine voire une soixantaine de bovins seraient morts de faim et/ou de soif. Les champs manqueraient d’entretien, des objets dangereux avec lesquels les animaux se blesseraient y seraient stockés.
Sollicité, le propriétaire dont nous voulions nous assurer de l’identité reconnaît implicitement être celui dont tout le monde parle.

Je ne réponds aux questions que si ce sont des autorités qui me les posent. Je fais face à mes problèmes et je peux les résoudre.

Source : ACTU.fr

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