Désinformation et coronavirus : une vidéo supprimée aux Etats-Unis après un succès fulgurant

La vidéo, publiée lundi et mise en ligne par le site « Breitbart », montre des médecins critiquant le port du masque et vantant l’hydroxychloroquine comme remède au nouveau coronavirus. Elle a notamment été partagée par la famille Trump sur Twitter.

Facebook, YouTube et Twitter ont supprimé, mardi 28 juillet, une vidéo à très fort succès aux Etats-Unis sur leurs plates-formes respectives, liée à la pandémie de Covid-19. La vidéo en question montre des personnes se présentant comme des médecins – rassemblés sous le nom « American Frontline Doctors » – au cours d’une conférence de presse tenue la veille, lundi 27 juillet, à Washington. Ils y expliquent, entre autres, que les masques ne sont pas nécessaires pour lutter contre le nouveau coronavirus, et qu’il « existe un médicament » pour traiter la maladie : l’hydroxychloroquine.

Dizaines de millions de vues

La vidéo de la conférence de presse en direct a initialement été postée par la page Facebook de Breitbart, un média en ligne très conservateur et très influent lors de la campagne électorale américaine de 2016. Il a été créé par l’ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon.

Elle a généré, en quelques heures, des dizaines de millions de visionnages. Sur Twitter, elle a notamment été postée par le fils du président américain Donald Trump Junior, qui a vanté une vidéo « à voir ». Le président Trump lui-même l’a partagée, avant que les équipes de Twitter ne décident de la supprimer. Le compte du fils de Donald Trump a été, ensuite, temporairement restreint, après cette publication.

Sur Facebook, la vidéo de Breitbart a fait partie des publications les plus vues du réseau social lundi 27 juillet. Le New York Times évoque des dizaines de millions de vues sur Facebook, tout en reconnaissant n’avoir pu compter les visionnages créés par les copies de la vidéo qui ont également été postées dans divers groupes Facebook américains, affichant leur opposition aux potentiels vaccins contre le coronavirus, ou soutenant des théories du complot.

« Esprits reptiliens »

« On peut guérir du virus, cela s’appelle l’hydroxychloroquine », déclare dans cette vidéo une médecin nommée Stella Immanuel. Elle y assure que le médicament a empêché ses propres patients de mourir du Covid-19, et qu’il rend le port du masque et le confinement inutiles.

L’hydroxychloroquine, à l’origine un médicament contre le paludisme, avait été présenté en France par le professeur Didier Raoult comme un potentiel remède au nouveau Covid-19. Plusieurs essais cliniques rigoureux n’ont observé aucun effet positif sur les patients. Mais il a aussi été promu aux Etats-Unis par le président, Donald Trump, qui a notamment déclaré qu’il en prenait de façon préventive.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hydroxychloroquine : la dernière étude de Didier Raoult ne convainc pas nombre d’épidémiologistes

Ce médicament est depuis devenu le favori des antisystèmes, et de la droite trumpiste. Cela alors que les autorités sanitaires américaines ont depuis recommandé de ne pas le prescrire aux malades du Covid-19, en raison des risques pour le cœur et en l’absence de bénéfices prouvés.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Covid-19 : pourquoi le traitement à l’hydroxychloroquine est suspendu en France

Dans la vidéo postée lundi, la mention du groupe « America’s Frontline Doctors », correspondait à un site apparemment créé il y a onze jours, mais qui avait disparu mardi après-midi.

Des archives du site personnel et de la page YouTube de la médecin Stella Immanuel révèlent une longue liste de déclarations pseudoscientifiques proférées ces dernières années en ligne. Dans une vidéo de 2015, elle expliquait ainsi que les dirigeants des Etats-Unis étaient des « esprits reptiliens », « mi-humains, mi-extraterrestres ». Elle a aussi dénoncé l’usage d’ADN extraterrestre en médecine, causant des mélanges entre humains et démons ; et expliqué que des « esprits de souffrance » auraient des relations sexuelles « astrales » avec des femmes, ce qui causerait « des problèmes gynécologiques, des problèmes conjugaux et des fausses couches ».

Lire aussi Coronavirus : notre guide pour distinguer les fausses rumeurs des vrais conseils
Source : Le Monde avec AFP

Répondre à Guy Boulianne Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *