« Démocrature » française

Il y a quelque chose d’absolument stupéfiant dans la trajectoire politique d’Emmanuel Macron ! Voilà un homme dont la principale gloire à la fin de son premier mandat est d’avoir fait tirer sur son peuple, d’avoir blessé et mutilé plus de manifestants que l’ensemble des présidents de la République qui l’ont précédé depuis 50 ans !

Eh bien, paradoxe, il se représente à la Présidence et est réélu !

Comment est-ce possible ? Évidemment, sa réélection résulte de la conjonction de multiples facteurs, mais les historiens reconnaîtront qu’elle fut rendue possible parce qu’il réussit durant son premier mandat à transformer, par touches successives, une démocratie en un régime autocratique, portant le système de propagande d’État à un niveau de perfection jamais atteint par ses prédécesseurs. Les Sarko et autre Hollande ne furent que des petits bricoleurs dans ce domaine.

Avec lui, l’appareil de propagande fabrique l’opinion et le consensus. La technique appliquée reste néanmoins classique. Elle consiste à :

A) Lobotomiser la population en répétant une information, toujours identique, formatée et contrôlée. Elle est reprise en boucle sur les chaînes publiques de radio et de télévision sans oublier les chaînes privées d’infos en continu qui, ensemble, constituent le grand ministère de la Vérité (voir Orwell, 1984).

Chacun de nous entend le même narratif à longueur de journée. Personne ne peut y échapper. Bien sûr, l’apprenti autocrate n’invente rien et ne fait là qu’appliquer des méthodes de lavage des esprits éprouvées depuis longtemps. Se rappeler par exemple que Josef Goebbels (fameux ministre de la propagande) disait déjà dans les années trente : « un mensonge répété 5 fois reste un mensonge, mais répété 100 devient vérité ».

B) Développer des comités de censure (déguisés souvent en comités d’éthique ou associations citoyennes) dont les membres ne sont que des larbins nommés. Là encore, l’apprenti autocrate n’invente rien.

On retrouve les principes qui conduisirent à la création dès 1922 du GLAVLIT, le principal organe de censure de l’URSS. Le CSA est l’archétype du comité de censure d’État à la botte du régime, son bras armé, chargé d’asservir l’audiovisuel en définissant les temps de passage à l’antenne, en infligeant des amendes exorbi­tantes, en menaçant de retirer l’autorisation de diffusion à tout site qui serait tenté de se dresser contre l’autocrate.

C) Verrouiller internet en faisant voter, par un parlement (non représentatif de la Nation parce qu’élu non démocratiquement) des lois liberticides visant à bloquer toute contre-information. On oblige par exemple les sites sur internet à s’autocensurer et à retirer leurs articles et commentaires au bout d’une journée sous la menace d’amendes ou d’être privés du droit de diffusion.

La brève liste ci-dessus ne mentionne que quelques-unes des méthodes mises en place dans le domaine de l’information pour restreindre les libertés fondamentales et asservir la population. Dans un texte aussi court, nous ne pouvons aborder le contrôle de l’appareil judiciaire, de l’enseignement, du système de santé, et la transformation progressive des forces de l’ordre au service du citoyen en forces de répression comme l’a montré la gestion de la crise des Gilets Jaunes.

Au final, le point CAPITAL est que le régime préserve les apparences d’une démocratie puisque des élections sont organisées régulière­ment … sauf que, chaque citoyen ne dispose plus que d’une trentaine de secondes pour se réveiller dans l’isoloir avant de choisir son bulletin de vote, alors qu’l a subi depuis des années le même narratif sans réelle contre information. C’est cela la démocrature : la majorité du peuple, lobotomisée et devenue incapable d’aucun question­nement, « veaute » correctement et reconduit l’oligarchie qui a confisqué le pouvoir.

Auteur : Jacques COLLET

Source : Place d’Armes

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