Défense de Darmanin, 30 milliards pour l’emploi, port du masque obligatoire : Macron à la recherche d’un « nouveau chemin »

DENIS CHARLET / AFP

Emmanuel Macron s’exprime ce mardi 14 juillet dans une allocution en direct de l’Elysée, renouant avec une tradition présidentielle qu’il avait jusqu’ici abandonnée.

Ce mardi 14 juillet, Emmanuel Macron s’exprime dans une allocution en direct de l’Elysée, renouant avec une tradition présidentielle qu’il avait jusqu’ici abandonnée. Après avoir fait le bilan de ses trois premières années de mandat et réagi à l’indignation entourant la nomination de Gérald Darmanin à Beauvau, le président de la République a annoncé qu’il veut que le port du masque soit obligatoire dans les lieux publics clos, et ce dès le 1er août.

Interrogé sur les critiques parfois vives à son encontre, le chef de l’Etat a fait son mea culpa, regrettant des « maladresses » et des « phrases sorties de leur contexte ». « J’ai sans doute laissé paraître quelque chose que je ne crois pas être, profondément, mais que les gens se sont mis à détester, a-t-il déclaré. Un président qui voudrait tout réformer pour que ce ne soit que les meilleurs qui puisse réussir que notre pays, finalement, s’adapte à la mondialisation. Ça n’est pas mon projet, mais le jeu des maladresses, parfois des phrases sorties de leur contexte d’autrefois. »

« Notre pays au fond a peur »

« J’ai mené des réformes tambour-battant », a-t-il commencé, poursuivant : « Avant cette crise, les résultats sont là. » Défendant les trois premières années de son mandat, le chef de l’Etat a tenu à faire le bilan de son action avant l’arrivée de l’épidémie de coronavirus : « On était en train de gagner la bataille du chômage de masse, on était en train de baisser les impôts (…) nous étions en train de moderniser le pays », a continué Emmanuel Macron, regrettant toutefois une absence du retour de la « confiance » : « Notre pays au fond a peur », a-t-il avancé. « Il y a une crise de confiance. »

Questionné sur l’orientation « à droite » de son gouvernement, dont le Premier ministre, Jean Castex, était encore, la veille de sa nomination, aux Républicains, Emmanuel Macron conteste. « Je suis radicalement en désaccord. J’ai le droit. D’abord parce que je crois au dépassement politique française », a-t-il assuré, soulignant que « quatorze personnalités ont eu des mandats politiques à gauche ou des engagements en soutien à la gauche ».

« Jugement de rue »

Interrogé sur le cas de Gérald Darmanin, accusé de viol, dont la nomination à Beauvau a suscité l’indignation de plusieurs associations féministes : « Aucune cause n’est défendue justement si on le fait en bafouant les principes fondamentaux de notre démocratie », répond Emmanuel Macron, dénonçant un « jugement de rue ou des réseaux sociaux« . « Je le dis pour un ministre, comme je le dirais pour quelque citoyens que ce soit. Je suis aussi là où je me place le garant de cette présomption d’innocence », a-t-il martelé.

Répondant aux inquiétudes concernant l’éventualité d’une deuxième vague d’épidémie de coronavirus, Emmanuel Macron a assuré que « Nous serons prêts » : « Maintenant, on sait ce qu’on consomme en masques, respirateurs, curare et médicaments, Et nous avons à la fois les stocks et les approvisionnements qui sont sécurisés. » A l’inverse de Donald Trump, fervent défenseur de la chloroquine, Emmanuel Macron a assuré ne pas vouloir en prendre s’il était un jour testé positif au Covid-19. « Ce n’est pas au président de la République ou à un politique de trancher un débat scientifique avec des critères politiques« , a-t-il déclaré, insistant néanmoins sur le fait que le professeur Didier Raoult est « un grand scientifique ».

Un « dispositif inédit d’activité partielle de longue durée »

Le chef de l’Etat a écarté la reprise d’un confinement généralisé, « mesure la plus radicale« , expliquant ne pas souhaiter « cela à nouveau pour le pays ». Dans le cas d’une nouvelle vague, Emmanuel Macron privilégie une « approche différenciée », avec des mesures prises au niveau local.

Après la crise sanitaire, place aux questions économiques. « Nous allons avoir une augmentation du chômage massive » en raison de la crise économique, a prévenu Emmanuel Macron. Afin d’y remédier, le président de la République a insisté sur l’importance des investissements afin de conserver les emplois. Il a également mentionné la mise en place d’un « dispositif inédit d’activité partielle de longue durée ». Ce dernier, d’une valeur de « 30 milliards d’euros », devra permettre de « compléter les salaires », de « financer les formations » ou aux travailleurs de se diriger « dans les secteurs d’activité où il y a des opportunités ».

Eventuel Maintien de la taxe d’habitation

Le chef de l’Etat a également annoncé la mise en place d’un « dispositif exceptionnel d’exonération des charges » pour les jeunes. Pour cela, deux solutions ont été brossées par Emmanuel Macron : la mise en place de « 300.000 contrats d’insertion » et la possibilité pour les néo-entrants sur le marché du travail de « compléter leur formation, d’avoir un semestre ou une année d’études en plus » : « On va ouvrir 200.000 places dans des formations qualifiantes supérieures pour permettre à un jeune qui n’a absolument aucune issue, aucune perspective d’embauche, de poursuivre un peu ses études« .

Interrogé sur une éventuelle augmentation de l’impôt sur le revenu, Emmanuel Macron a refusé : « Nous sommes l’un des pays où la fiscalité est la plus importante. Est-ce que je vais dire les yeux dans les yeux en sortie de crise, la priorité c’est de remonter les impôts pour les plus riches ? Non. Ça découragera l’enrichissement par le travail« , a promis le président, avançant toutefois : « Il y a une option possible, qui serait de décaler la suppression de la taxe d’habitation » pour les plus aisés.

« La réforme des retraites ne peut pas se faire comme elle était enclenchée avant la crise », a assuré Emmanuel Macron.

Place à l’épineuse question de la réforme des retraites. Ces derniers jours, plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre, Jean Castex, ou le locataire de Bercy, Bruno Le Maire, ont insisté sur une remise en route de ce chantier. Interrogé, Emmanuel Macron a déclaré que « la réforme des retraites ne peut pas se faire comme elle était enclenchée avant la crise ». « Il faut la remettre à la discussion et à la négociation« , a-t-il insisté.

Le Premier ministre va d’ailleurs « réunir vendredi tous les partenaires sociaux pour tout remettre sur la table. » Cette réforme se fera-t-elle donc avant la fin du quinquennat ? Macron botte en touche : « Il est évident que dans les années qui viennent, il faudra procéder à une réforme des retraites ».

Source : Le Point

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