Décès de Cédric Chouviat : ouverture d’une instruction pour « homicide involontaire »

L’homme de 42 ans est mort dimanche après son hospitalisation le 3 janvier, consécutive aux conditions de son interpellation par la police.

19914681lpw-19915266-article-jpg_6815020_660x281

Ce mardi 7 janvier, le parquet de Paris vient de faire connaître les premières analyses du médecin légiste dans le dossier de la mort de Cédric Chouviat. Si le livreur de 42 ans connaissait des problèmes cardio-vasculaires antérieurs à son interpellation, une «  manifestation asphyxique avec une fracture du larynx » a également été diagnostiquée. Le procureur a saisi un juge d’instruction pour procéder à des analyses complémentaires, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour « homicide involontaire ». Ce qui éliminerait l’intentionnalité des policiers d’avoir voulu attenter aux jours de Cédric Chouviat : une thèse soutenue par une partie des amis et des soutiens de la famille du défunt, ainsi que l’a laissé entendre leur avocat, Me Arié Alimi.

Ce dernier a fait diffuser des vidéos prises lors de l’interpellation de l’homme, qui circulait à scooter le matin du vendredi 3 janvier entre la place de Varsovie et la tour Eiffel. Dépourvues de son, les images laissent entrevoir les policiers pied à terre, en vive discussion avec Cédric Chouviat, qui filme lui la séquence à l’aide de son téléphone portable. C’est d’ailleurs pour le port de cet objet alors qu’il conduisait que l’équipage de policiers s’était porté à sa hauteur afin de le verbaliser.

« Vous êtes des clowns, bande de guignols »

Dans le compte rendu d’intervention rédigé le jour des faits par les policiers en mission, il est précisé qu’il avait été demandé à Cédric Chouviat de ranger son appareil. Le rapport d’intervention ne contredit pas les images diffusées lors de la conférence de presse de la partie civile. Selon les gardiens de la paix, le mis en cause a nié puis a continué sa route, téléphone en main. C’est alors que les forces de l’ordre ont décidé de procéder à son contrôle. À l’angle du quai Branly et de l’avenue de Suffren, le véhicule de police fait retentir sa sirène.

Le quadragénaire obtempère et se range en toute sécurité. L’homme est alors décrit comme hautain et use du tutoiement alors que les policiers le vouvoient. Il prétend « avoir un salaire plus élevé que nous quatre réunis et dit qu’il ne paiera pas les amendes ».Les policiers lui indiquent qu’il fera l’objet d’une seconde verbalisation due à sa plaque d’immatriculation illisible. Il aurait alors répondu : « Vous n’avez que ça à faire, vous kiffez gratter les gens. » Il filme la séquence tout en lançant des insultes : « Vous êtes des clowns, bande de guignols. Tu n’es rien sans ton uniforme, si tu ne l’avais pas, tu passerais un sale quart d’heure. »

Les policiers croient à un malaise simulé

Les policiers dans leur rapport affirment qu’ils mettent fin au contrôle afin de ne pas envenimer la situation. « Ils pourront le verbaliser plus tard », écrivent-ils. Selon eux, alors qu’ils repartaient, il a été « outrageant ». Ils décident de l’interpeller. Toujours selon eux, c’est en reculant qu’il a trébuché et s’est retrouvé au sol, entraînant un policier dans sa chute. Cédric Chouviat se retrouve alors à plat ventre. Il aurait résisté à son menottage de manière véhémente. Une fois les menottes passées, l’un des gardiens de la paix lui tourne la tête sur le côté pour lui éviter de mettre face contre terre et lui demande de s’asseoir. Comme il ne répond pas, les policiers croient à une simulation de malaise, ainsi qu’ils l’écrivent. Mais lorsque son visage devient bleu, ils le démenottent et lui retirent son casque pour lui prodiguer les premiers massages cardiaques. Les sapeurs-pompiers et le Samu interviennent très rapidement, il est emmené à l’hôpital. Cédric Chouviat, 42 ans, décédera deux jours après, le dimanche 5 janvier, à 3 h 30 du matin.

Des questions légitimes, auxquelles des réponses devront être apportées en toute transparence

En fin de journée, Christophe Castaner s’est dit « préoccupé par cette affaire qu’il suit avec une attention particulière », selon son entourage cité par l’Agence France-Presse. Pour le locataire de la Place Beauvau, les premières indications livrées mardi par le parquet de Paris sur les résultats de l’autopsie du livreur mort après une interpellation « soulèvent des questions légitimes, auxquelles des réponses devront être apportées en toute transparence ».

« Le ministre de l’Intérieur et le secrétaire d’État (Laurent Nuñez) font toute confiance à la justice et aux enquêteurs pour faire la lumière sur les circonstances exactes du décès, établir les faits et les responsabilités », a ajouté Christophe Castaner dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse. « Face à cette épreuve, le ministre de l’Intérieur et le secrétaire d’État adressent toutes leurs condoléances à la famille et aux proches de la victime. »

Source : Le Point

Lire aussi :

– Le Parisien – Cédric Chouviat, mort après un contrôle de police : l’autopsie qui interpelle

– 20 Minutes – Affaire Cédric Chouviat: L’autopsie du livreur révèle une fracture du larynx et interroge sur les conditions d’interpellation

– Valeurs Actuelles – “On a assassiné mon fils” : le père de Cédric Chouviat ne fait “plus confiance en la police”

Répondre à Alan Robertson Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *