Courir à Flers après l’affaire Daval : « se souvenir pourquoi on est là »

« Courir à Flers » s’est créé suite à l’affaire Daval. De ne plus courir seul à se motiver à plusieurs, aujourd’hui, leur objectif reste celui de partager la passion de la course.

Le groupe « Courir à Flers » s’est formé suite au meurtre d’Alexia Daval. (©Archives – L’Orne Combattante)

« Pour éviter un drame comme celui de Gray, en Haute-Saône, mieux vaut courir en groupe. » En novembre dernier, Philippe Gosselin crée le groupe de running « Courir à Flers », un groupe pour ne plus jamais courir seul.

Hommes et femmes, « jeunes de 20 ans » aux « jeunes de 70 ans » courent dans les rues de Flers à l’image d’un « essaim d’abeille qui se déplace ».

Se souvenir du point de départ

Trois mois plus tard, le meurtre d’une joggeuse, Alexia Daval, devient celui d’un homme sur sa femme. Mardi 30 janvier, quelques minutes après les aveux de Jonathann Daval, le groupe se retrouve comme tous les mardis, pour courir à la lumière des lampadaires.

« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est qu’on a retrouvé le meurtrier d’Alexia. La mauvaise, c’est qu’on n’a plus de raison de courir, car son meurtrier est son mari », leur a alors dit Philippe Gosselin. S’il utilise l’humour, c’est « parce qu’il s’agissait d’en parler ».

Je voulais qu’on se rappelle pourquoi on était là, et savoir s’il y avait toujours de la motivation. »

Ce soir-là pourtant, l’affaire Daval n’était pas sur toutes les lèvres. « Les gens viennent pour se retrouver autour de la course, pour parler d’autres choses », raconte Philippe Gosselin. Car pour lui, le sport peut aider à souffler et apaiser les conflits. « On peut réussir à se sortir des difficultés en faisant du sport, grâce à l’oxygénation », affirme celui qui est aussi coach sportif.

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Plus forts à plusieurs

Alors, évidemment, l’épilogue de ce fait « divers » ne va rien changer à leur raison d’être : le groupe va continuer de courir, tous les mardis.

« L’affaire Alexia Daval était l’élément déclencheur à la création de ce groupe. Avant cela, je n’imaginais pas qu’il y avait une demande des gens de courir en groupe. Je considérais qu’il y avait assez d’associations pour cela. Mais les personnes n’ont pas forcément envie de fédérer, de participer à des compétitions, etc. Elles ont des pratiques occasionnelles. »

Et au-delà de ça, connaître le nom du meurtrier d’Alexia Daval n’empêchera pas « de se faire agresser en courant ». Agresser ou « enquiquiner » : « Quand on court, on n’a pas envie d’être importuné », témoigne-t-il. En courant, ou toute autre chose : « en se déplaçant, en sortant d’un bar… », on peut se faire importuner partout.

L’agent de voyages explique : « Quand les gens me demandent si c’est dangereux de partir à tel endroit en backpacker (avec juste un sac à dos), je leur dis qu’il n’y a pas de destinations dangereuses, il n’y a que des heures dangereuses ».

Partager la passion de la course

Pour Philippe Gosselin, continuer de sortir est une manière de se réapproprier la rue : « Il faut se rassurer soi-même, sinon on n’arrête tout, il faut vaincre sa peur, donnez-vous confiance ».

Si le point de départ de ce groupe était de ne pas courir seul, il reste un noyau d’une vingtaine de personnes qui arpente les trottoirs par tous temps.

« On n’a pas changé de raison, si ça rassure les gens de venir courir en groupe, tant mieux, c’est surtout pour partager ensemble la même passion de la course », explique-t-il.

De ne pas courir seul à « se motiver à plusieurs », l’objectif reste le même : courir. « On a le plaisir de se retrouver et une force se dégage de ce groupe extrêmement dynamique, on attend le printemps pour pouvoir courir dans les parcs, à la lumière du jour… »

Pratique.
Tous les mardis, à 19 h. Ouvert à tous, débutants et expérimentés, à partir de 4 km. Deux boucles de course sont proposées. Renseignements sur la page Facebook « Courir à Flers ».

Source : Actu.fr

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