COMMENT LA POLICE ET LA GENDARMERIE SE SERRENT LA CEINTURE EN 2017

➔ COMMENT LA POLICE ET LA GENDARMERIE SE SERRENT LA CEINTURE EN 2017

La police nationale a vu partir en fumée

Comment se traduisent sur le terrain les premières mesures de rigueur budgétaire mises en oeuvre par le gouvernement Philippe dès juillet ? L’audition conjointe, par la commission des finances, le 18 juillet, des patrons de la gendarmerie et de la police a permis de se faire une idée très concrète de l’effet des 4,5 milliards d’euros d’annulations de crédits, annoncées par le ministre du Budget Gérald Darmanin, pour l’ensemble de l’État.

La gendarmerie et la police figurent en effet toutes deux parmi les victimes de ce mini-plan de rigueur. La première a vu partir en fumée 90 millions d’euros, la seconde 110 millions d’euros. « Ces annulations portent intégralement sur les crédits mis en réserve » par précaution en début d’année, précise le gouvernement. En clair, ils étaient déjà en sursis depuis le 1er janvier.

Pressés par les questions des députés, les grands chefs de la gendarmerie et de la police ont dû néanmoins reconnaître qu’ils avaient coupé dans le dur pour répondre aux injonctions de Bercy à mi-année. Mais à mots couverts et avec une grande prudence. Ils devaient avoir en mémoire le cas de l’ex-chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers. Celui-ci s’était emporté contre les contraintes budgétaires, provoquant la colère du chef de l’État et sa démission, début juillet.

Dans la police, « certains renouvellements ou apports de matériel de protection ou autre » ont dû être remis à plus tard, a prudemment concédé le directeur général de la police nationale, Jean-Marc Falcone. Mais cela « ne remet pas en cause la sécurité des fonctionnaires de police ni leur capacité

« Certains renouvellements ou apports de matériel de protection ont dû être repoussés, mais cela ne remet pas en cause la sécurité agents» des JEAN-MARC FALCONE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA POLICE NATIONALE

opérationnelle », a-t-il immédiatement ajouté. « Nous avons garanti le plan contre le mal-être policier (lancé après les manifestations d’agents, fin 2016, NDLR), tout a été commandé et livré », a-t-il insisté.

Toutefois, les études en amont de la construction de trois nouveaux commissariats, à Annemasse, Bourgoin-Jailleu et SaintAndré de la Réunion, d’un montant total de 10 millions d’euros, ont été repoussées à plus tard. « La situation impose des choix », a expliqué pour sa part le général Richard Lizurey, le directeur général de la gendarmerie nationale. Le surblindage de véhicules utilisés en outre-mer sera réalisé les années suivantes (sauf en Nouvelle-Calédonie). Des programmes immobiliers, de même que du renouvellement de matériel de transmission, ont été décalés dans le temps. « Des imprimantes ne seront pas achetées », a ajouté Richard Lizurey. Enfin, la gendarmerie va ralentir ses recrutements pour la garde nationale constituée de réservistes.

Reports sur 2018

Au final, dans la gendarmerie comme dans la police, une partie, si ce n’est la totalité des coupes budgétaires, vont en réalité se traduire par des « reports de charge », c’est-à-dire par des dépenses repoussées à plus tard. La police nationale devrait aborder l’année prochaine avec une ardoise à honorer de 40 à 50 millions d’euros, au mieux, et, au pire, de 70 millions. Dans la gendarmerie, ce report de charges pourrait s’élever à 100 millions. De quoi commencer 2018 déjà lesté.

Source : Pressreader.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *