Coincé dans une crevasse : « Il a cru que personne ne le retrouverait »

Georges Niez, père de Yannick, qui est resté bloqué 5 jours dans une crevasse dans les Pyrénées avant d’être secouru.

Cinq jours après sa disparition et à l'issue de recherches menées avec un hélicoptère, un homme de 41 ans a été retrouvé sain et sauf, à dix mètres de profondeur, dans une crevasse, dans les Pyrénées Atlantiques.

Cinq jours après sa disparition et à l’issue de recherches menées avec un hélicoptère, un homme de 41 ans a été retrouvé sain et sauf, à dix mètres de profondeur, dans une crevasse, dans les Pyrénées Atlantiques. Gendarmerie Nationale

C’est un miraculé. Et depuis il a juré à ses parents de ne plus jamais partir seul en montagne sans donner son itinéraire. Yannick Niez, 41 ans, est resté bloqué cinq jours dans une crevasse profonde d’une douzaine de mètres à 1 880 m d’altitude sur les hauteurs de lLa Pierre Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques) au lieu dit de la Tête Sauvage.

Ce sont les sauveteurs du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) d’Oloron Sainte-Marie qui ont retrouvé le randonneur perdu à quelques encâblures de la frontière espagnole. Parti pour une simple promenade en raquettes d’une journée, Yannick n’a pas deviné le danger d’un pont de neige qui a cédé sous ses pas avant de chuter dans un lapiaz (trou qui peut se former par le ruissellement des eaux de pluie).

«Il a cru que personne ne le retrouverait. Le téléphone ne passait pas dans ce trou. Mon fils entendait l’hélicoptère passer au dessus de lui. Il hurlait mais la voix ne passait pas. Yannick va bien, il s’en tire avec trois fois rien. Il a mangé ses bananes pour tenir et bu de l’eau. D’habitude, il dit toujours où il va…», raconte rapidement Georges, le père du randonneur hospitalisé depuis mercredi à Oloron. «C’est en début d’après-midi le 20 mai que sa vie bascule dans le vide. Nous sommes en pleine fonte des neiges, ce qui rend ces ponts instables. La victime a chuté dans ce lapiaz dont la roche calcaire est taillée comme des rasoirs. Il a eu beaucoup de chances dans sa chute de ne pas se blesser gravement contre ces arêtes acérées», raconte le lieutenant Sébastien Grandclément, le patron du PGHM. Lorsque les gendarmes de montagne ont entendu sa voix, ils ont découvert que Yannick au fond de sa crevasse reposait sur «un autre pont de neige»… Un second miracle. «Il a fallu le sécuriser au plus vite avant de l’extraire de cette crevasse où il aurait pu tomber encore plus profondément», insiste le lieutenant Grandclément. La remontée a été délicate.

«Il n’avait plus de vivres depuis longtemps»

Le soir du 20 mai, ce sont les parents de Yannick qui ont donné l’alerte, inquiets de ne le voir revenir à la maison. Amateur de courses en montagne, cet employé de l’usine Messier-Bugatti connaît pourtant bien la montagne après avoir été un temps saisonnier de la station de ski de la Pierre Saint-Martin. Les gendarmes ont vite retrouvé la voiture de Yannick sur un parking, point de départ de courses vers le massif de la Pierre Saint-Martin. Le samedi et le dimanche, les conditions météorologiques sont difficiles. Lundi, des secouristes espagnols se joignent aux gendarmes. «On avait une direction mais pas de site précis. Il aurait très bien pu franchir un col et passer en Espagne», raconte le patron du PGHM. Puis les sauveteurs ont affiné et resserré les recherches jusqu’à passer en hélicoptère au dessus de la crevasse. Une colonne à pied a fini par «entendre une voix indiquant Je suis là. C’était improbable de le retrouver et ils l’ont vu», témoigne encore l’officier. C’était le mercredi 25 mai.

Doté d’un «bon mental» selon les sauveteurs, Yannick avait emporté quelques fruits et a réussi à survivre en buvant de l’eau au fond de la crevasse où la température moyenne ne dépassait pas les cinq degrés. «Il avait une bonne veste de montagne mais n’avait plus de vivres depuis longtemps», précise le lieutenant. «Il a été imprudent certes. Mais cela reste un beau sauvetage pour nous. Une récompense morale. Et surtout après la perte de nos camarades gendarmes la semaine dernière lors d’un exercice dans les Pyrénées», ajoute le jeune officier, allusion au dramatique accident d’hélicoptère qui a coûté la vie à 4 gendarmes dans les Hautes-Pyrénées.

Source : Le Parisien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *