Clément, 16 ans, harcelé et retrouvé mort à Ham

HAM

Le corps de Clément, un interne, a été découvert jeudi soir en face du lycée Peltier.

Le jeune homme était victime de harcèlement. Homicide ou suicide ? L’enquête est en cours.

Les gendarmes ont déployés de très importants moyens pour geler les lieux et procéder à de nombreux relevés, y compris avec une équipe de plongeurs.

Les gendarmes ont déployés de très importants moyens pour geler les lieux et procéder à de nombreux relevés, y compris avec une équipe de plongeurs.

Clément B aurait dû fêter ses 17 ans en juin. Son corps a été retrouvé jeudi 30 mars, vers 20 h 30, dans un étang situé entre des petites artères de la Somme, à l’arrière du parc municipal Délicourt. Sa disparition avait été constatée en fin de matinée. «  Il est parti vers 10 heures avec deux copains  », expliquent plusieurs élèves. Interne, il ne s’est pas présenté en cours de la journée et il n’a pas rejoint l’internat à 17 h 30 comme le stipule le règlement. Les gendarmes se sont mis à sa recherche, jusqu’à sa découverte à une centaine de mètres, dans un bois situé en face de l’établissement.

Une plaie à l’arme blanche au niveau du cou

Le corps présentait «  une plaie à l’arme blanche au niveau du cou, qui semble avoir causé le décès, et une autre plus légère au niveau de l’abdomen  », a précisé Alexandre de Bosschère, procureur de la République du parquet d’Amiens, ajoutant que, selon les premières constatations, «  il n’y aurait pas de traces de lutte  ».

De très gros moyens de gendarmerie ont été mobilisés toute la nuit et toute la matinée. Un large périmètre de 150 mètres a été instauré autour des lieux de la découverte et les gendarmes ont procédé à des investigations très poussées, en présence du colonel Didier Fortin, commandant-adjoint des gendarmes des Hauts-de-France, et du commandant Guillaume Galou, chef d’escadron de la compagnie de Péronne.

 

Le parquet «  a ouvert une enquête en recherche des causes de la mort  », signifiant qu’il «  envisage pour l’instant toutes les hypothèses : un homicide et aussi un suicide, les traces retrouvées étant compatibles avec un geste volontaire. Pour le moment, il est trop tôt pour dire quelle est la piste privilégiée, a insisté le parquet. Nous allons réaliser des investigations extrêmement approfondies au niveau médico-légal  », et l’enquête, menée par la brigade de recherche de Péronne, «  va également porter sur son environnement. Des premiers éléments évoquent un mal-être personnel important  ».

Selon bon nombre de ses camarades sous le choc, Clément était victime de harcèlement. Il habitait le petit village de Bussu (près de Péronne). Deuxième enfant d’un couple discret et sans problème, ses parents travaillent depuis plus de 20 ans dans un supermarché de Péronne et ils ont aussi une fille aînée. Clément avait intégré le lycée professionnel Peltier en septembre 2016. Il était en CAP agent polyvalent de restauration.

Une cellule médico-psychologique toute la journée au lycée

Dès l’ouverture du lycée vendredi matin, «  une cellule médico-psychologique a été mise en place et le restera le temps nécessaire pour permettre à chacun d’obtenir l’accompagnement indispensable face à un tel drame  », a commenté Valérie Cabuil, rectrice de l’académie d’Amiens, qui a passé la matinée dans l’établissement, accompagnée par Yves Delécluse, inspecteur de l’académie de la Somme, qui a quitté les lieux peu après midi : «  Les élèves sont choqués par la mort de leur camarade et nous devons les soutenir  ». Valérie Cabuil précise que le rectorat «  apportera toute son aide aux enquêteurs  ».

Plusieurs élèves ont déjà été auditionnés dans la matinée par les gendarmes, à la brigade de Ham, notamment les deux meilleurs amis de Clément. Pendant ce temps-là, les élèves qui souhaitaient rentrer chez eux pouvaient le faire, à condition que leurs parents viennent les chercher. Toute la matinée, c’est ainsi un ballet permanent de départs qui s’est fait entre le parking et le hall d’entrée. Les autres élèves sont restés dans l’établissement, qui est resté ouvert, et où toutes les conversations tournaient autour du malheureux Clément.

 

VINCENT FOUQUET

«Il s’était fait raser la tête dans le lycée»

L’annonce du décès de Clément B. a provoqué une violente onde de choc dans l’établissement. Visages hagards dans le hall, des élèves choqués, en pleurs, qui refusent pour la plupart de s’exprimer. Mais certains ne cachent pas leur colère : «  Clément c’était un mec très gentil. Trop gentil, raconte une de ses amies, en larmes. C’était la tête de turc de certains et personne ne disait rien  ». Un autre adolescent acquiesce et ajoute : «  Ça se passait bien dans sa classe mais certains élèves ne faisaient que l’embêter. Récemment, ils lui avaient volé son téléphone et ils lui avaient rendu cassé. Il ne pouvait pas répondre car il était moins fort  ». Un troisième accuse : «  Les profs savaient, mais ils ne disaient rien  ». Du harcèlement aussi dénoncé par les parents, comme le raconte une amie proche de la famille de Clément : «  Il y a quelque temps, des élèves avaient fait avaler des cachets à Clément. Il s’était aussi déjà fait raser la tête dans ce lycée et ses parents étaient venus se plaindre. Ça n’a servi à rien. Jamais je ne mettrai mes filles là-bas. Jamais.  ». Une maman, Cindy Delettre, dénonce un certain laxisme : «  Ma fille a été harcelée une année entière dans ce lycée. Nous avons prévenu plusieurs fois le CPE mais rien n’a été fait. Elle a même essayé de mettre fin à ses jours. Nous avons dû changer de lycée et tout s’est mieux passé  ». Le lycée Peltier se refusait hier, comme à chaque problème déploré là-bas, à formuler le moindre commentaire. Un établissement qui s’était mobilisé le 5 octobre 2015 contre… le harcèlement scolaire, à l’initiative d’un élève qui en avait été victime.

Source : Courrier Picard

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