«C’est un scandale ! C’est tout simplement une honte !» réagit l’avocat du policier mis en examen à Paris.
Me Laurent-Franck Lienard, l’avocat du policier parisien mis en examen ce jeudi soir, n’a pas tardé à faire connaître son mécontentement face à cette décision de justice.
Un policier de 23 ans a ouvert le feu ce mardi soir à Paris, sur le conducteur d’une voiture qui avait refusé de se soumettre à un contrôle. Le suspect avait pris la fuite à toute vitesse, manquant de renverser des piétons, tandis que le policier le suivait assis à l’arrière du scooter d’un homme qu’il avait réquisitionné. Le suspect a alors enclenché une soudaine marche arrière rue Condorcet (IXe), percutant le deux-roues sur lequel le policier se trouvait. Le gardien de la paix a alors ouvert le feu.
Le fuyard est décédé des suites de ses blessures après le tir du policier au niveau de son bras, que la balle a traversé, atteignant son thorax a détaillé Me Lienard. « Le tir est légitime dans le cadre de la légitime défense (…) Il a sauvé la vie du conducteur du scooter et la vie de passants » a indiqué le conseil du policier.
Pas d’intention de stopper la voiture initialement
Toujours selon Me Lienard interrogé par Le Parisien, le policier affecté à la BST des Halles (Ier arrondissement) ne voulait pas stopper la voiture mais relever sa plaque d’immatriculation, et ainsi pouvoir identifier le conducteur qui venait de se soustraire au contrôle.
«Il monte sur le scooter pour relever la plaque d’immatriculation de la voiture. Son but, ce n’est pas d’arrêter tout seul la voiture. Une fois qu’il s’approche de la voiture, il s’aperçoit que le conducteur manque d’écraser des passants et décide de l’arrêter» explique Me Lienard.
Autre précision du conseil du policier mis en cause, durant cette « chasse », le gardien de la paix a « donné des informations sur la direction de fuite dans la radio mais n’entend pas les messages de la salle de commandement ».
Ce jeudi soir à l’issue de sa garde à vue, le policier qui compte 4 ans d’expérience a été mis en examen pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Le policier a également interdiction d’exercer sa fonction ou de porter une arme a annoncé le parquet.
« C’était sa mission, sa responsabilité et son devoir »
Une décision à laquelle a réagi Me Lienard dans un long communiqué sur Facebook hier soir. « Mes amis, le 14 aout au soir un de vos collègues a ouvert le feu et a tué un homme. Il ne le voulait pas, ne l’avait pas cherché et ne l’avait pas prévu…mais il a été contraint de le faire pour protéger des vies. C’était sa mission, sa responsabilité et son devoir. » a écrit l’avocat du policier.
« Pour avoir accompli son devoir ce policier de 23 ans est mis en examen. On lui a confisqué son téléphone, et on lui interdit d’exercer son métier, de porter une arme et de sortir de France. Demain il ne pourra plus payer son loyer ni se nourrir. » a-t-il ajouté. « C’est un scandale ! C’est tout simplement une honte. Qu’a-t-il fait de mal ? Il a appliqué la loi et a tenté de la faire appliquer. Que lui reproche-t-on ? «
« L’exercice de votre métier est devenu impossible »
« Ce soir nous sommes en colère et je voulais vous le dire. Et nous allons nous battre pour rétablir l’ordre normal des choses. » a annoncé Me Lienard, invitant les policiers a réagir face à cette situation : « Faites connaître aussi votre colère auprès de vos syndicats, de votre hiérarchie, de vos amis. En respectant vos obligations déontologiques faites savoir que l’exercice de votre métier est devenu impossible. Aujourd’hui vous ne pouvez plus assurer la sécurité des citoyens. »
Des mots forts face à une situation compliquée pour ce policier qui va donc perdre son salaire durant de longs mois, alors que la légitime défense n’a donc pour l’heure pas été retenue par la justice.
« On est a l’abri de rien à la moindre intervention délicate »
Dans les rangs des policiers que nous avons pu interroger au sujet de cette situation, la colère gronde déjà. « C’était déjà compliqué, mais ça prouve encore qu’on est a l’abri de rien à la moindre intervention délicate. Il a fait feu parce-qu’il voulait se protéger et protéger les passants, aujourd’hui c’est lui qui va en payer le prix fort. Ce n’est pas normal. » nous explique sous couvert d’anonymat un policier avec 10 ans d’expérience de terrain en banlieue parisienne.
« Tout ça me dégoûte et nous pousse à fermer les yeux au final lorsqu’on est en patrouille, plutôt que de faire appliquer la loi, c’est ça la vérité ! » nous dit une policière en colère, travaillant elle aussi en banlieue depuis une dizaine d’années.
La famille du fuyard a exprimé sa colère
« Nous sommes bien sûr en colère. Nous avons une haine sans nom » a déclaré pour sa part le père du suspect décédé, au journal Le Parisien ce mercredi. « Il aurait pu relever la plaque d’immatriculation et venir le chercher à la maison » a-t-il ajouté.
Le suspect, Romain, âgé de 26 ans et originaire de Draveil (Essonne), faisait l’objet d’une procédure de la justice pour des faits datant de Février de « conduite malgré une annulation de permis » et « refus d’obtempérer exposant autrui à un risque de mort ou d’infirmité ».
Source : Actu17.
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