Ces témoignages de police qui fragilisent un peu plus la version de Benalla

Selon les témoignages de police recueillis par le procureur de la République François Molins, le couple molesté par Alexandre Benalla sur la place de la Contrescarpe n’avait pas commis de violences « graves » ou « répétées » contre les CRS.

cover-r4x3w1000-5b697e4b356c1-72041fec798e4935cc78df6b822988917a10391d-jpg

Contrairement à ce que rapportaient plusieurs protagonistes de l’affaire et certains médias, le couple molesté par Alexandre Benalla était vierge d’antécédents judiciaires.

AFP/Archives – Thomas SAMSON

Ce sont de nouveaux témoignages qui fragilisent un peu plus la ligne de défense d’Alexandre Benalla. Dans des courriers adressés au procureur de la République de Paris, François Molins, auxquels Le Monde a eu accès, deux services de police contredisent la version du chargé de mission de l’Elysée sur les événements intervenus place de la Contrescarpe à Paris, le 1er-Mai 2018. Contrairement à ce que rapportaient plusieurs protagonistes de l’affaire et certains médias, le couple molesté par Alexandre Benalla était vierge d’antécédents judiciaires et n’a pas cherché à dissimuler son identité. Surtout, il n’a pas provoqué de violences « graves » ou « répétées » contre les CRS massés sur les lieux. Dans une interview au Monde le 26 juillet dernier, le proche d’Emmanuel Macron justifiait son comportement violent par l’attitude des manifestants.

« C’est de la guérilla urbaine, des gens masqués, avec des bras d’honneur. (…) A un moment, je vois ces deux personnes, ce couple qui s’enlaçait tendrement au milieu de la place cinq minutes auparavant. Ils avaient insulté avant, on les avait repérés, c’étaient les plus agités de la bande. La fille essaie de saisir une table, elle n’y arrive pas, elle jette une chaise. Son copain se met au milieu de la place, il jette une bouteille, qui arrive sur la tête d’un CRS. Elle reprend des bouteilles, ça arrive sur l’épaule d’un CRS, elle fait des bras d’honneur… On les voit sur la vidéo, elle est hystérique et lui aussi. (…) Le mec a une force qui est décuplée, il est dans l’adrénaline, il est excité, il a été gazé, il ne veut pas se laisser faire. D’ailleurs, si vous regardez la vidéo, à cinq CRS, équipés et formés à ce type de situation, pendant plus de trente secondes, ils n’arrivent pas à le maîtriser. C’est des débiles, les mecs en face, lui y compris », affirmait-il.

Absence d’antécédents judiciaires

Les témoignages des forces de polices divergent avec le ressenti du jeune chargé de mission de l’Elysée. Confronté le même jour à l’action des black blocs boulevard de l’Hôpital et autour de la place de la Bastille, le patron de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), Frédéric Dupuch, relève que « les violences de la place de la Contrescarpe ne revêtaient pas la même intensité ». Un élément qui, ajouté à l’absence d’antécédents judiciaires, a motivé la décision des forces de l’ordre de relâcher les deux manifestants. Face au choix fait par les services de police de « prioriser » les gardes à vue des membres susceptibles d’appartenir à la « mouvance black bloc », toutes les personnes qui ne faisaient « pas état d’infractions de violences volontaires graves ou répétées » à l’encontre de la police « ou d’atteintes particulières ou dangereuses » ont été relâchées relatent les officiers de police judiciaire dans leur rapport. Ce qui semble être le cas du couple molesté.

Autre témoignage, celui rédigé par Maxence Creusat, l’un des trois policiers également mis en cause dans l’affaire Benalla pour avoir transmis la vidéo des événements de la place de la Contrescarpe au chargé de mission de l’Elysée. Sur la fiche d’interpellation, le membre des forces de l’ordre évoque bien un « jet de projectiles (deux bouteilles de bière) », mais précise que le CRS visé « ne dépose pas plainte » contre le jeune homme de 29 ans.

Source : Challenges

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *