Ces Français qui s’engagent pour la sécurité du pays

Des candidats de 18 à 30 ans participent à une séance de tir au camp de Beynes, dans les Yvelines, lors d'une formation pour devenir réservistes de la Gendarmerie Nationale.

Les attentats ont provoqué un afflux de demandes pour intégrer la réserve dans l’armée, la gendarmerie ou la police. Deux d’entre eux expliquent au Figaro comment ils vivent leur engagement et l’organisation de leur vie quotidienne.

Depuis les attentats de janvier 2015, ils sont de plus en plus nombreux à vivre une double vie, civile et militaire, dans la réserve opérationnelle, à «choisir de consacrer une partie de leur temps à la défense de la France, sans faire du métier des armes leur seule profession», se félicite le ministère de la Défense. Alors que la réserve militaire opérationnelle comptait plus de 50 000 réservistes sous engagement au 30 novembre 2015 (28 100 pour les armées, air, terre, marine, et la Direction générale de l’armement et plus de 25 000 pour la gendarmerie), elle en recensait près de 60 000 en juillet dernier.

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Pour sa part, la police nationale a connu un engouement sans précédent en mars dernier avec la participation de 35.663 candidats pour le concours de gardien de la paix, pour seulement 2 800 places environ, soit 42 % de dossiers de plus que lors du concours annuel de septembre 2015. Un emballement qui s’est aussi traduit par un doublement du nombre de visites sur le site Internet de la police et d’appels sur son numéro vert de recrutement.

Voici le témoignage de deux réservistes de la gendarmerie:

Jean-Yves Chevallier, 50 ans, directeur de cabinet d’une collectivité territoriale

«A l’origine, je n’ai aucun lien militaire au sein de ma famille, ni n’avais d’appétence particulière pour l’uniforme. Ma mère, qui a dû fuir l’Indochine en 1954, est mon seul lien personnel avec un quelconque conflit. Issu d’une génération encore assujettie au Service national, j’ai cependant fait une préparation militaire supérieure à l’issue de mes études en sciences économiques et financières pour pouvoir choisir ma date

Jean-Yves Chevallier
 

d’incorporation, puis rejoindre un régiment de chasseurs à Périgueux. A l’issue, j’ai désiré poursuivre en m’engageant dans la réserve de l’armée de terre.

De mon passage sous les drapeaux, j’avais vécu des choses extraordinaires, connu un vrai esprit de camaraderie et appris le goût de la transmission. En 1996, j’ai ensuite rejoint avec le galon de lieutenant la réserve de la gendarmerie, une belle institution qui a survécu à tous les régimes et qui porte des valeurs proches de celles de la Cavalerie que je connais. En dépit d’un emploi du temps professionnel très chargé qui m’accapare de 9 heures à 22 heures, je dégageais au départ quinze jours par an au minimum pour mener des missions de patrouilles, de surveillance générale, de transfèrements de détenus ou encore de protection routière. Ces missions sont très concrètes, très opérationnelles, inscrites dans la vraie vie.

Maintenant chef d’escadron, je fais de l’instruction. En août dernier, nous avons reçu 200 candidats réservistes venant de toute la France. Neuf sur dix nous ont rejoint après les attentats, en particulier celui du 14-Juillet dernier à Nice qui a été celui de trop. Tous sont ulcérés par l’ignominie de l’action. Si certains s’engagent comme ils le feraient pour la Croix-Rouge ou pour donner leur sang, d’autres voient dans la réserve un chemin pouvant mener à une carrière. Si l’univers militaire semble rude de l’extérieur, il est protecteur et chaleureux quand on s’y trouve. Marié, je suis père de six ans enfants dont deux, une fille de 18 ans et un garçon de 20 ans, qui ont aussi rejoint la réserve de la gendarmerie – et sans leur avoir forcé la main. Ils l’ont fait au nom de l’engagement aux services des autres.

Ingrid Deleuse, 35 ans, comptable

«Je voulais mettre à profit mon temps libre, sortir du milieu de la finance pour découvrir un monde nouveau.

Ingrid Deleuse
 

Pratiquant l’équitation, j’ai d’abord pensé rejoindre la Garde Républicaine car je savais que cette unité prestigieuse prenait des réservistes. Lors de la formation, j’ai découvert l’ensemble des missions qu’offrait la gendarmerie départementale, en particulier le contact avec le public.

Depuis 2001, je suis affectée à la compagnie de Saint-Germain-en-Laye où les réservistes viennent comme ailleurs en renfort des unités d’active sur toutes les interventions, des patrouilles aux conflits familiaux en passant par les accidents de la route. En tant que gendarme de base, je gagne 55 euros par jour. Autant dire que je ne fais pas cela pour l’argent. J’aime vraiment ces missions de terrain, où l’on donne du temps aux autres en travaillant en binôme avec des personnels d’active.

La réserve me mobilise une trentaine de jours par an : j’y trouve un bon équilibre qui me permet de sortir de la routine de mon métier et de voir de l’intérieur comment vit et parfois souffre notre société. À la différence de certains réservistes qui n’étaient pas toujours bien considérés par le passé, je me sens parfaitement intégrée car les mentalités ont évolué dans les brigades. Les gendarmes titulaires comptent vraiment sur nous, ils savent que nous sommes un renfort fiable sur tous types de missions. Cela apporte une vraie souplesse. Au sein de la gendarmerie, j’ai découvert une famille, certains réservistes sont devenus des amis que je fréquente en dehors des renforts. Mais je n’aurai pas voulu y faire carrière: ce métier hyper intense représente trop de contraintes, avec des nuits où l’on est appelé et la vie de famille qui peut être bousculée».

Source : Le Figaro

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