« Bloody december » dans la Gendarmerie nationale

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Le journal du net Armée Média de mon cher ami Michel Munier recense six suicides dans la gendarmerie au cours du mois de décembre.

 

 

        Le 1er décembre, le major, commandant la brigade de Crepy en Valois (60), s’est donné la mort à son domicile avec son arme de service.

 

        Le 5 décembre, le major, commandant la brigade de proximité de Pontvallain (72) s’est donné la mort dans son  bureau, avec son arme de service.

 

        Le 20 décembre, le corps de Patrice RZEPCZYK,  gendarme à Colombey-les-deux-Eglises (52) a été retrouvé dans un bois à quelques kilomètres de son unité. Il avait mis fin à ses jours avec  son arme de service.

 

        Le 27 décembre, l’adjudant de l’escadron 24/2 de Bayonne s’est isolé dans une voiture pour mettre fin à ses jours avec son arme de service.

 

        Le 30 décembre, un gendarme s’est suicidé avec son pistolet Sig-Sauer 9 mm vers 2h30, de retour de patrouille, en bas de son logement à la caserne de L’Ile-Rousse (Corse).

 

        Le 31 décembre, l’adjudant Augustin Ochando, du peloton d’autoroute de Montereau (77) se suicide par pendaison.

 

 

La succession de telles catastrophes personnelles  et professionnelles dans n’importe quel corps de l’Etat, ou dans n’importe quelle entreprise importante aurait au moins attiré l’attention de la presse nationale ou ému une partie de la population.

 

Des questions légitimes auraient été posées sur la place publique. Des enquêtes auraient été ordonnées, ou des interpellations publiques auraient été communiquées par quelques parlementaires proche des dossiers qui touchent les forces de l’ordre.

 

A vrai dire, j’attendais de gens sérieux comme M Urvoas, ou Mme Klés des questions posées  officiellement au gouvernement, dans les enceintes de l’assemblée nationale et du Sénat sur cet état de chose unique et inquiétant.

 

Je n’attendais rien de l’opposition qui affiche le mépris des gendarmes depuis des années maintenant et les gendarmes se passent bien du soutien de quelques leaders UMP qui se disent en charge de la sécurité. Ils le savent hypocrite.

 

Une semaine est passée et rien. Le silence, la sinistre ignorance, seul le bruit sourd d’un grondement lointain provenant des gendarmes vient nous interpeller.

 

Les gendarmes ne méritent pas la moindre compassion, leur sort n’intéresse personne. Les questions posées à la direction de la gendarmerie doivent rester confidentielles sinon secrètes.

 

On vient d’étiqueter les gendarmes comme du bétail, de leur infliger une nouvelle humiliation pour faire plaisir à une poignée de revanchards, alors pourquoi s’étonnerait-on que les évènements qui les touche soient ressentis ailleurs ?

 

D’un côté six morts, de l’autre la « quenelle » suspecte d’un comique. Le ministre de l’intérieur a choisi. Ce sera la « quenelle » et le marquage pour son plan com. à long terme.

 

On craint le pire, on a peur de cette espèce de contagion meurtrière qu’engendre la succession de suicides dans une profession.  On est paralysé, on ne veut plus provoquer le moindre soubresaut, le moindre frémissement qui pourrait voir la funeste liste s’allonger. On espère qu’on a assisté à une sorte de « purge », que tout cela n’est qu’un rêve, que tout cela est fini.

 

Même si les suicides du mois de décembre sont liés à des soucis personnels, ils ont un point commun incontestable. Tous les défunts étaient gendarmes.

 

 Cela est suffisant pour qu’une grande institution soit interpellée. Cela est suffisant pour qu’elle réponde publiquement à des questions légitimes.

 

La population concernée ( les gendarmes ) a été sélectionnée lors des tests d’entrée sérieux. Elle n’est pas structurellement fragile, au contraire, elle est plus solide que n’importe quelle autre catégorie de français. Bien des victimes sont de vieux soldats qui en vu d’autre et pourtant …. Les statistiques comparées des taux de suicides dans la population nationale ne sont pas pertinentes.

 

Il se passe quelque chose dans la gendarmerie et c’est grave.

 

Au mieux la gendarmerie est devenue incapable d’aider les siens, au pire elle laisse ses personnels se faire harceler sans bouger le petit doigt. Pour être juste, je viens d’apprendre qu’un major vient d’obtenir réparation pour des humiliations que lui étaient infligées, voilà un rayon de lumière, mais dans le même temps, je viens d’apprendre qu’un commandant de compagnie se lave les mains dans un conflit où un adjudant refuse les repos dominicaux à un gendarme sous prétexte que Mme l’adjudante est irritée. « S’il y a un problème, je vous mute tous les deux » affirme péremptoire ce Ponce Pilate ( ego mei ?, lavat eius manus – comme ils disent dans les livres ). Voilà la réponse la plus bête qui ne m’a jamais été rapportée.

 

Comment peut-on arriver à des réponses aussi irresponsables ? Le souci vient de la formation initiale des officiers à Melun me confie-t-on ici. C’est une fabrique de mépris, une manufacture de complexe de supériorité, une usine à écraser les gens sans jamais apprendre à tirer le meilleur parti d’une masse humaine capable du meilleur, m’affirme-t-on.

 

Que peut-on faire ? Que doit-on faire ?
J’en prends mon parti, je vais ignorer la hiérarchie, je vais me tourner vers ces gens qui se réveillent le matin en se demandant ce qu’ils font encore parmi nous.
Je vais leur dire :
« Ton chef t’emmerde, laisse tomber, ignore le, regarde autour de toi, tu as une famille, des gens qui t’aiment, il va partir, au mieux tu as trois ans à le supporter et puis fatalement il va tomber sur un os. Jamais ces gens là ne font carrière. Ils sont bloqués un jour ou l’autre et un jour ou l’autre ils tombent sur un type comme eux qui leur en font ch…. autant qu’ils t’en ont fait. Tes promotions tu les auras, par ton travail, ce ne peut être autrement. Face à ces cons soit le meilleur, tu vas les ridiculiser, tu auras ta revanche»
Je vais leur dire :
«  ta femme, ton mari,  s’est barré(e), et après, si elle ( il ) est parti(e), ce n’est pas ta faute, mais celle de ton boulot qui petit à petit, jour après jours t’a éloigné inexorablement d’elle (de lui). Si elle est partie c’est que cela devait arriver, si ce n’était aujourd’hui, elle serait partie demain. On ne peut rien à ces choses là. Une page est tournée, relève-toi, viens Jef, viens, on va aller chez la mère Françoise, paraît qu’y en a de nouvelles ……….. tu souris, tu vois »
Je vais leur répéter :
«  t’as plus un sous, t’es couvert de dettes et après …… demain cela ira mieux. Plaie d’argent n’est pas mortelle, la vie est belle, l’argent n’est pas un souci, jamais. Au lieu de te miner tout seul dans ton coin, parles-en autour de toi, tu vas trouver une solution, c’est certain. Ca vaut pas le coup de se foutre en l’air pour des histoires de fric. Viens je t’invite au resto. »
Voilà mes amis qui commencez l’année 2014 dans un tunnel où vous ne voyez pas le bout, je vous le dis, dans la vie de tout le monde il y a des hauts et des bas. Tout le monde y passe ou y passera. Il faut se cramponner puisque nos proches ne comprendront pas qu’on les abandonne. D’abord on a pas le droit de les abandonner.
Si ces quelques lignes peuvent aider, j’en serais heureux. Mais chacun de nous, à la mesure de ses moyens doit au moins, faire comme moi, tenter quelque chose, à son petit niveau.
Même si la gendarmerie est en cause, même si on pense qu’on n’y est pour rien, qu’on y peut rien, je crois, moi, fermement qu’un petit geste de chacun doit pouvoir aider à mettre une fin à ce sinistre « bloody december »
jmestries
Source : LagrogneGend

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