Attentat de Trèbes : le gendarme Arnaud Beltrame, « un homme entier, d’un courage à toute épreuve »
Les hommages à Arnaud Beltrame, l’officier de gendarmerie mort après avoir pris la place des otages dans le supermarché, se multiplient
De multiples hommages sont rendus à Arnaud Beltrame. (AFP)
« Il n’est de richesses que d’hommes », répétait souvent le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame. L’officier de 45 ans est allé au bout de sa devise en prenant la place de la femme retenue en otage au Super U de Trèbes. Politiques, militaires et policiers ont salué le courage et l’esprit de sacrifice du gendarme qui a succombé à ses blessures samedi matin, à Carcassonne, tandis que des anonymes déposaient des fleurs devant des gendarmeries partout en France. Arnaud Beltrame aura servi la France pendant vingt-deux ans. La moitié de sa vie.
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Homme d’action, son parcours lui avait déjà fait croiser la route du terrorisme en 2005. Alors chef du détachement de gendarmerie en Irak, il avait conduit une « mission complexe de récupération d’un ressortissant français menacé par un groupe terroriste », rapporte le directeur général de la Gendarmerie nationale. Cet acte de bravoure lui a valu d’être décoré de la croix de la Valeur militaire avec citation à l’ordre de la brigade – parmi d’autres distinctions : chevalier de l’Ordre national du mérite, médaille d’or de la Défense nationale…
Une promo à son nom
Sorti major de promotion de Saint-Cyr Coëtquidan en 2001, puis de l’école des officiers de la Gendarmerie nationale en 2002, il a laissé aux cadres le souvenir d' »un homme courageux qui se bat jusqu’au bout et n’abandonne jamais ». L’année suivante, il est retenu parmi 80 candidats pour intégrer l’escadron parachutiste d’intervention de la gendarmerie nationale (EPIGN). « Aujourd’hui, il écrit en lettres d’or éternelles la devise de notre unité : ‘S’engager pour la vie' », a témoigné samedi le commandant du GIGN sur Twitter. Chuteur opérationnel (parachutiste), il participe à des missions en France et à l’étranger, avant de rejoindre la Garde républicaine comme commandant de la compagnie de sécurité et d’honneur du 1er régiment d’infanterie à Nanterre. Pendant trois ans, il sert la sécurité du palais de l’Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
En août 2010, il retrouve le terrain à la tête de la compagnie de gendarmerie départementale d’Avranches (Manche). « Il adorait l’action et ne laissait jamais ses hommes seuls sur le terrain », se souvient l’adjudant-chef Sébastien Barbey, qui a servi quatre ans sous ses ordres. L’ancien député-maire d’Avranches, Guénhaël Huet, se remémore « un homme disponible, entier, d’un courage à toute épreuve. Ce sacrifice, cela correspond à sa nature profonde ». Un passionné de vélo, « convivial, fidèle en amitié, monté sur ressort », pour Jean Andro, élu de Saint-Senier-sous-Avranches, à qui il avait confié son ambition : devenir général de carrière.
Conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l’Ecologie sous Ségolène Royal, il est choisi en 2015 parmi cent officiers pour suivre une formation d’un an à l’Ecole européenne d’intelligence économique. Un de ses anciens camarades confie : « C’était un leader, un sacré bosseur qui avait réussi à aller au bout de plusieurs missions d’infiltration dans des entreprises, mais aussi un meneur d’ambiance. » En hommage au disparu, la promo numéro 10 sera rebaptisée « Arnaud Beltrame ». Il y a quelques mois, l’officier s’est marié civilement avec Marielle, vétérinaire de la réserve africaine de Sigean. C’est pour se rapprocher d’elle qu’il avait obtenu sa mutation dans l’Aude le 1er août, comme numéro 3 du groupement de gendarmerie départementale. Le prêtre qui devait les unir en juin lui a donné les derniers sacrements sur son lit d’hôpital.
Source : Le JDD
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