Après la mort d’un soldat du feu, la lettre d’indignation du patron des pompiers de Paris
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« Profonde tristesse, colère, indignation sont des sentiments qui nous animent tous », lâche le général Gallet. LP/S.G.
Le général Gallet a adressé mardi aux 8 500 sapeurs-pompiers de Paris un courriel pointant des dysfonctionnements entre service de secours après la mort d’un de ses hommes à Villeneuve-Saint-Georges, le 4 septembre.
Le courriel est tombé, mardi après-midi, sur la boîte mail professionnelle des 8500 sapeurs-pompiers parisiens. Leur chef, le général Jean-Claude Gallet, 53 ans, a pris l’initiative de leur adresser directement ce message, sans passer par son autorité de tutelle, la préfecture de police. « Profonde tristesse, colère, indignation sont des sentiments qui nous animent tous, lâche Gallet. Une société qui ne protège pas ses anges gardiens est vraiment malade. [Le pompier] n’est pas là pour être le punching-ball d’une violence irrationnelle. »
L’émotion est grande depuis la mort du caporal Geoffroy Henry, 27 ans, poignardé par un schizophrène le 4 septembre, à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). Il partait pour une intervention tristement banale. S’il ne dit pas expressément que le drame aurait pu être évité, le général Gallet insiste sur le fait que l’équipage ne disposait pas des informations nécessaires pour évaluer la dangerosité de la situation, l’appel ayant été initialement reçu par le Samu. Dans le courriel de trois pages que nous nous sommes procuré, il dénonce ainsi la « faible communication entre les acteurs de l’urgence qui fonctionnent avec des schémas éculés ».
Mardi 4 septembre, deux pompiers ont été attaqués à coups de couteau à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). l’un d’entre eux a succombé à ses blessures./LP/Charlotte Follana
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’accroît année après année : les sapeurs-pompiers ne sont plus épargnés par la violence de la société et deviennent désormais des cibles récurrentes. Selon les derniers chiffres de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), 2280 pompiers ont été victimes d’une agression en 2016 en France, soit une progression de 17 % par rapport à 2015.
A Paris et dans les trois départements limitrophes (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis) où officient les 8500 pompiers professionnels de la BSPP, cette hausse s’est particulièrement accélérée depuis deux ans : en 2017, 122 attaques d’équipages en intervention ont eu lieu, visant 198 pompiers, contre 74 l’année précédente et 114 victimes. En 2018, 160 soldats du feu ont déjà été agressés à fin août, et l’année n’est pas finie. Cela représente une agression tous les cinq jours. La grande majorité de ces incidents sont à plus de 85 % des attaques physiques. La plupart du temps, ces agressions sont perpétrées par les personnes secourues.
Face à cette situation, le commandement de la BSPP a décidé depuis 2015 d’appliquer la « tolérance 0 » en poussant les pompiers victimes à déposer plainte systématiquement. Plus de 90 % le font et en moyenne, un petit tiers de ces procédures aboutit à une décision de justice.
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