Alès: victime d’esclavage pendant 30 ans dans une ferme

Les faits se sont déroulés dans une ferme du village de Saint-Florent-sur-Auzonnet, près d'Alès.

Les faits se sont déroulés dans une ferme du village de Saint-Florent-sur-Auzonnet, près d’Alès. – Street View

Un homme aujourd’hui âgé de 72 ans a vécu durant près de 30 ans sous la coupe d’une famille qui l’a exploité gratuitement, l’a forcé à vivre dans un taudis, et a détourné ses prestations sociales, révèle Le Midi Libre.

Le jour de son arrivée en maison de retraite, en février 2014, Francis (*), couvert de crasse, avait avalé trois plateaux-repas de suite. Un détail qui avait stupéfait le personnel et qui en dit long sur le calvaire qu’a enduré le vieil homme, âgé aujourd’hui de 72 ans. Durant trente ans, il a vécu au nord d’Alès dans une cabane faite de planches et de tôles de 4 mètres sur 3, sans eau courante ni chauffage, dans la ferme de Gérard, 77 ans, son employeur.

Jugé vendredi au tribunal correctionnel d’Alès, ce dernier a été condamné à verser à sa victime 185.000 euros de dommages et intérêts, raconte Le Midi Libre. Il a également écopé de dix-huit mois de prison avec sursis, et de 1.000 euros d’amende. A la barre, il s’est défendu de toute maltraitance:

« Je lui ai rendu service. Il me donnait la main pour les petits travaux: nourrir les bêtes, couper du bois… Je lui ai fourni la famille qu’il n’a jamais eue. Il vivait dans une ‘dépendance’ et ne voulait jamais sortir ».

« Je faisais partie de la famille »

Tout commence en 1985, lorsque Francis arrive dans la ferme de Gérard et de son épouse, à Saint-Florent-sur-Auzonnet, au nord d’Alès. Le couple lui confisque ses papiers et prend la main sur ses comptes bancaires. Francis, lui, commence à travailler pour eux, sans toucher de salaire. « Je travaillais tous les jours, toute l’année. Je faisais partie de la famille. Je n’ai aucune colère », confiera-t-il ensuite pendant l’enquête aux gendarmes.

Son avocat, Me Lionel Marzials, est pourtant formel: son client a été victime d’esclavagisme moderne.

« Ce n’est pas La petite maison dans la prairie. Pendant trente ans, la victime s’est occupée du potager, des animaux, de divers travaux, et a signé une procuration qui a permis à cette famille de prélever 52.000 euros en sept ans. On serait en droit d’exiger 370.000 euros pour le travail clandestin sur trente ans », explique-t-il au quotidien Midi Libre.

« Sauvé » par un placement en maison de retraite

Son calvaire prendra fin à la fin de l’année 2013, lorsqu’il contracte, pendant l’hiver, un oedème pulmonaire, et tombe gravement malade. D’abord hospitalisé, il est ensuite placé en maison de retraite. Le personnel découvre alors que toutes ses prestations sociales sont prélevées par le couple à la ferme. Une assistante finit par signaliser les faits auprès du procureur de la République, qui déclenche une enquête des gendarmes.

Francis, considéré par l’expert psychiatre comme rustre, ne souffre d’aucune pathologie mentale, indique encore Le Midi Libre.

« Mais comme tout esclave, il a adhéré aux volontés de son maître, jusqu’à prendre sa défense » , note son curateur actuel.

Toujours en maison de retraite, il retrouve peu à peu une vie normale, et se remet lentement de ce qu’il a vécu.

(*) prénom modifié

Par Alexandra Gonzalez
Source : BFMTV

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