Affaire Traoré : la lettre des avocats des gendarmes « pour rectifier des fausses informations »

photo-d-illustration_5189005_676x337pPhoto d’illustration. (Le Télégramme/François Destoc)

Les avocats des trois gendarmes qui ont procédé à l’interpellation d’Adama Traoré, juste avant sa mort, établissent leur version des faits dans un courrier dont Le Télégramme a été destinataire. Voici son contenu en intégralité.

« Conseils des trois gendarmes aujourd’hui placés sous le statut de témoin assisté dans cette procédure judiciaire en cours, nous sommes contraints de sortir du silence pour rectifier les fausses informations qui circulent actuellement. Nous n’oublions pas qu’un jeune homme est décédé il y a 4 ans et qu’une famille se trouve dans la peine la plus terrible qui puisse être, celle de la perte d’un être cher. La quête de la vérité est plus que légitime. Cependant, la quête d’une vérité préétablie ne l’est pas.

Depuis quatre ans, la famille d’Adama Traoré a fixé le postulat selon lequel les gendarmes étaient responsables de la mort de cet homme. La vérité judiciaire ne les intéresse pas. Les moyens pour parvenir à faire partager ce mensonge sont sans limites, jusqu’à lyncher sur les réseaux sociaux les acteurs judiciaires, qu’ils soient enquêteurs, juges, experts ou encore avocats.

Ce week-end, une épouse de gendarme a pris la parole, sous couvert de l’anonymat. Est-ce cela l’État de Droit revendiqué par les parties civiles ?

Des parties civiles, qui ont écrit au Président de la République il y a deux ans, souhaitant inviter la politique et les politiques dans cette enquête judiciaire, refusent aujourd’hui l’invitation à rencontrer Mme Belloubet, Garde des Sceaux, symbole affligeant d’une énième tentative d’instrumentalisation, pour finalement l’accepter sous conditions. Les amalgames sont légion. Les principes sont bafoués. La vérité est piétinée.

Qui, parmi les personnes présentes à la manifestation du 2 juin 2020,

Qui, parmi les personnes ayant pris fait et cause pour la Famille d’Adama Traoré,

Qui, parmi les personnalités publiques ayant pris la parole dans cette affaire,

Qui a eu accès à ce dossier, pour se permettre, contre les évidences, de laminer la vie de 3 gendarmes ?

Le militaire que nous assistons est dans la gendarmerie depuis 11 années et s’est engagé au service de ses citoyens. C’est une violence pour lui que de lire, d’entendre, de subir cet acharnement médiatique incessant, tous comme ses proches. Des contre-vérités ont été sciemment disséminées depuis quatre ans et il nous incombe de rétablir les faits et uniquement les faits :

Le 19 juillet 2016, sous une chaleur de près de plus de 35 °C vérifiée en procédure, Adama Traoré n’a pas simplement effectué une course à pied de quelques mètres : il s’est enfui du premier contrôle d’identité à vélo. Puis a couru. Puis a été rattrapé par un gendarme avec lequel il a lutté opposant une vive rébellion, jusqu’à donner un coup avec son avant-bras au gendarme. Des témoins déclarent que les deux hommes étaient en effort intense, sous une extrême chaleur. Alors que cette interpellation semble terminée, Adama Traoré est aidé par un tiers non identifié à ce jour et s’enfuit de nouveau. Il parviendra jusqu’à l’appartement d’un témoin – dont les parties civiles n’acceptent pas les déclarations puisqu’il affirme qu’il n’a jamais vu Adama Traoré dans un état pareil, assis devant sa porte et essoufflé – à qui il va demander de le tirer jusqu’à l’intérieur. Il sera retrouvé enroulé dans un drap pour se dissimuler Il est alors ventre au sol avec ses mains cachées.

« Aucun plaquage ventral n’a jamais été pratiqué sur Adama Traoré »

Le second équipage composé de ces trois gendarmes arrive sur les lieux, face à une situation pouvant présenter un danger : les mains sont cachées, ce qui ne permet pas aux agents de détecter si une arme y est cachée, Adama Traoré, de corpulence athlétique, ne veut pas dégager ses bras, il agite ses jambes. Aucun plaquage ventral n’a jamais été pratiqué sur Adama Traoré. À aucun moment les trois gendarmes n’ont fait peser le poids de leurs corps sur Adama Traoré : un premier a maîtrisé les jambes par un enroulement. Un deuxième a saisi un bras. Un troisième a procédé au menottage par la technique dite du contrôle dorsal costal.

L’essoufflement d’Adama Traoré n’a pas alerté les gendarmes dès lors qu’une course-poursuite pédestre venait de se dérouler, suivie d’une interpellation lors de laquelle il se débattait. Il ne s’agissait que de la traduction d’un effort. Arrivés à la gendarmerie, après un trajet d’un kilomètre, et dès lors qu’Adama Traoré présentera des signes de faiblesse, les gendarmes le mettront en PLS et les secours seront avisés.

Une série d’expertises médicales judiciaires, un dénominateur commun :

une cardiomyopathie hypertrophique, les éléments d’une crise drépanocytaire, des lésions sarcoïdose systémique, une concentration élevée de THC, une absence de lésions qui attesteraient de violences générées par les appuis de trois corps sur celui d’Adama Traoré. La température du corps était de 39,2 °C, plus de deux heures après le décès.

L’expertise médicale de synthèse du 14 août 2019 fait état de ce que le pronostic vital d’Adama Traoré était déjà engagé au moment de son arrivée au domicile du témoin chez lequel il sera interpellé. Un œdème cardiogénique a été retenu dans la seconde expertise médicale de synthèse avec association de facteurs dont la sarcoïdose, la cardiopathie hypertrophique, le trait drépanocytaire, un effort intense et physique dans un contexte de stress aigu, avec une concentration élevée de THC. Les deux avis médicaux produits par les parties civiles, pour tenter de contester les seules expertises judiciaires indépendantes, signent le refus de toute vérité incontestable. Le premier avis, obtenu dans des conditions ignorées, ne peut que laisser dubitatif dès lors que les intervenants ont argué de l’existence d’une fracture de côte postérieure qui aurait témoigné d’une compression disproportionnée par les forces de l’ordre. Or, il n’y a jamais eu de fracture de ce type, c’est un arc antérieur qui a été touché des suites du massage cardiaque ! Une erreur si grossière laisse songeur quant au sérieux de ce rapport.

Quant au second avis, signé de l’un de ceux ayant contribué au premier, l’on ne peut que s’interroger sur les circonstances de son obtention et de sa diffusion médiatique… un week-end de Pentecôte, un médecin non spécialiste de médecine légale a donc accepté, en urgence, de s’exprimer sur une affaire aussi grave, pour laquelle les experts judiciaires avaient travaillé pendant de longs mois avant de rendre des rapports circonstanciés et incontestables sur le terrain scientifique… et cela en à peine 72 heures !

Le gendarme, aujourd’hui scandaleusement harcelé par la famille Traoré et ses sympathisants, renouvelle sa confiance absolue en la justice française ».

Pascal Rouiller, Sandra Chirac Kollarik et Rodolphe Bosselut, avocats d’Angers et Paris

L’intertitre est de la rédaction

Source : Le Télégramme

L’avocat des gendarmes – « La contre-expertise demandée par les Traoré a été pondue en 48 heures ! »

Source : Sud Radio

 

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