Affaire Maëlys : trois heures de trou noir dans l’enquête

Maëlys a disparu dans la nuit du 27 août, à 2?h?45. La minute suivante, le suspect de son meurtre mettait son téléphone en mode avion.

Les enquêteurs cherchent toujours à vérifier ce qu’a fait le ravisseur et meurtrier présumé de la fillette, durant trois heures dans la nuit de la disparition.

La disparition de Maëlys, 9 ans, survenue il y a trois mois, reste encore une équation à multiples inconnues. Même si l’enquête scientifique de la gendarmerie a permis de cerner à la seconde près une partie de l’emploi du temps du principal suspect, Nordahl Lelandais, 34 ans, lors de cette noce tragique à Pont-de-Beauvoisin (Isère) le 27 août, il demeure encore bien des zones d’ombre.

 

Désormais mis en examen pour « meurtre » alors qu’il l’était depuis le 3 septembre pour « enlèvement et séquestration » et « détention arbitraire », l’ex-militaire nie en bloc les éléments à charge, qui reposent sur des images de vidéosurveillance d’une caméra du centre-bourg de Pont-de-Beauvoisin et sur l’étude de l’activité du portable du suspect. Des éléments qui semblent accablants pour Nordahl Lelandais. Il reste cependant un trou abyssal de trois heures dans la chronologie de cette nuit. Et, là, les enquêteurs sont pour l’instant aveugles.

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A « 2 h 46 et 12 secondes », Nordahl Lelandais a pris soin de mettre son téléphone en mode avion, selon les déclarations, jeudi de Jean-Yves Coquillat, le procureur de Grenoble. A 2 h 47, la caméra posée au débouché de la route principale filme une Audi que les enquêteurs estiment être celle du suspect « avec une silhouette frêle, de petite taille, vêtue d’une robe blanche sur le siège côté passager », qui pourrait correspondre à Maëlys. Le magistrat précise même que cette silhouette a des « cheveux bruns dénoués ».

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Ni témoin, ni vidéo, ni bornage

L’Audi A3 repassera sous la caméra à « 3 h 24 et 29 seconde », pour revenir à la salle des fêtes où se déroulait le mariage auquel il s’était invité. Mais, cette fois, « le conducteur est seul à bord », constate le procureur. Pour le parquet, l’enlèvement de Maëlys se déroule pendant ces trente-neuf minutes. Nordahl Lelandais réapparaît au milieu des convives, à la recherche de la petite fille, disparue depuis 2 h 45.

 

Si l’enlèvement est désormais acté, la justice ne sait « rien de ce que le suspect aurait pu faire entre son départ définitif de la salle des fêtes à 3 h 57 et 7 h 6, heure de son retour à son domicile de Domessin (Savoie) ». « Il manque un segment entier dans la chronologie de cette nuit tragique et une scène de crime », constate, désolée, une source proche du dossier. Ces trois heures et neuf minutes, le suspect aurait pu les « mettre à profit pour faire disparaître définitivement l’enfant cachée quelque part lors de sa première absence au petit matin ». Le bornage du téléphone n’apparaît nulle part, aucune vidéo routière ou d’un commerce ne le filme entre la Savoie, l’Ain et l’Isère, aucun témoin ne s’est manifesté. Des fouilles ont été menées dans les lacs, puits, points d’eau et bois aux alentours, une zone à vingt minutes de voiture de Pont-de-Beauvoisin. En vain.

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« Mais où chercher ? C’est le dilemme. C’est une région montagneuse escarpée avec des centaines de kilomètres de routes et de chemins, des gouffres, des failles. Le secteur qu’il peut atteindre avec sa voiture sur la partie noire de son emploi du temps fait au moins 100 km 2. On peut utiliser tous les chiens du monde ; s’il n’y a pas un début de piste certaine quelque part pour les mettre sur une trace, cela ne servira à rien », prévient ce spécialiste cynophile. Cette semaine encore, des chiens springers et bergers malinois spécialisés dans la recherche de restes humains étaient sur le terrain. En vain, encore.

 

« Quand j’entends le procureur requérir et mentir… »

Me Alain Jakubowicz, l’avocat de Nordahl Lelandais

La conférence de presse donnée jeudi par le procureur de Grenoble (Isère), au cours de laquelle Jean-Yves Coquillat a fait le point sur les éléments à charge contre Nordahl Lelandais et annoncé sa mise en examen pour « meurtre », n’a pas du tout plu à l’avocat du suspect. « Le réquisitoire télévisuel du procureur de Grenoble me contraint à sortir de la réserve à laquelle je me suis astreint dans le terrible dossier de la petite Maëlys. Je m’exprimerai lundi à 19 h 30 sur le plateau de Ruth Elkrief sur BFMTV », a indiqué sur Twitter Me Alain Jakubowicz. « Je ne voulais pas m’exprimer mais quand j’entends un procureur requérir derrière un micro et mentir… », a dit à l’AFP Me Jakubowicz. Sollicité hier pour une réaction, Jean-Yves Coquillat n’a pas donné suite. Jeudi, le magistrat avait rappelé à plusieurs reprises la présomption d’innocence de Nordahl Lelandais.

Source : Le Parisien

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