Affaire Maëlys : où en sont les expertises médico-légales?

Près d’un mois après les aveux de Nordahl Lelandais dans l’affaire Maëlys, on sait que la fillette a eu la mâchoire fracturée, mais on ignore encore dans quelles conditions. Le suspect, lui, ne s’est toujours pas expliqué sur ce qu’il décrit comme un « accident ».

Les restes de Maëlys ont été découverts mi-février sur les indications de Nordahl Lelandais, près de la commune de St-Franc.

Les restes de Maëlys ont été découverts mi-février sur les indications de Nordahl Lelandais, près de la commune de St-Franc. (Sipa)

Son avocat, Maître Alain Jakubowicz, le décrivait mi-février comme « l’homme dont on attend qu’il dise la vérité ». Mais près d’un mois après ses aveux, Nordahl Lelandais n’a pas donné davantage de détails sur la manière dont était morte la petite Maëlys, dans la nuit du 26 au 27 août dernier, lors d’une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin, en Isère. Le 14 février dernier, l’ancien militaire avait raconté l’avoir tuée « accidentellement », avant de guider enquêteurs et magistrats jusqu’au corps de l’enfant.

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L’avocat de la famille de l’enfant dénonce la publication de « détails sordides »

Depuis, les résultats des expertises médico-légales se font toujours attendre. La quasi-totalité des restes de l’enfant avaient été découverts lors des fouilles, ainsi que certains effets personnels. Mais les analyses sont longues, tous les éléments retrouvés ayant passé six mois dehors, balayés par le froid, la neige et la boue. Pour l’heure, on ignore donc comment et pourquoi Nordahl Lelandais a tué l’enfant.

Plusieurs éléments ont toutefois filtré dans la presse :

  • selon plusieurs médias, Maëlys a eu la mâchoire fracturée. Plusieurs hypothèses sont toutefois possibles : l’enfant a reçu un coup volontaire avant sa mort, l’enfant a subi un choc accidentel avant sa mort, sa mâchoire s’est brisée lorsque Nordahl Lelandais l’a déposée sans vie dans une zone de rochers.
  • Sa brassière et sa culotte ont été retrouvées en boule près de son corps.
  • Sa robe et une sandale, retrouvées à proximité, sont également en cours d’analyse.

Après la divulgation de ces informations, l’avocat des parents, Fabien Rajon, a vivement dénoncé cette nouvelle « violation du secret de l’instruction », disant regretter la publication de ces « détails sordides ».

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C’était la nuit, j’ai roulé, j’ai perdu mes moyens

Le soir du drame, selon son récit livré aux magistrats, Nordahl Lelandais a d’abord déposé le corps de Maëlys en contrebas du domicile de ses parents, où il résidait également, à Domessin (Savoie), une commune située à proximité de Pont-de-Beauvoisin, où se déroulait la fête.

Dans la nuit, il est ensuite revenu récupérer le corps, l’a déposé dans le coffre de sa voiture avant de rouler et de l’abandonner dans le massif de la Chartreuse, dans les très escarpées gorges de Chailles, près du village de Saint-Franc. Un lieu choisi au hasard à en croire les propos rapportés par son avocat. « C’était la nuit, j’ai roulé, j’ai perdu mes moyens je ne sais pas où je suis allé, j’ai laissé Maëlys à un endroit », aurait-il ainsi déclaré devant les juges, avant de finalement retrouver le lieu précis où il avait déposé le corps, une fois retourné sur place, avec gendarmes et magistrats.

La piste de la sexualité de Nordahl Lelandais

Sans davantage de détails de la part du suspect, les enquêteurs cherchent toujours à en savoir plus sur son passé. Ils ont acquis la certitude qu’il cachait son homosexualité à ses proches, plusieurs hommes ayant confirmé avoir eu des liaisons avec lui, sans que sa famille ne soit au courant.

Par ailleurs, selon des sources concordantes citées par l’AFP, Nordahl Lelandais a « consulté des sites pédopornographiques la soirée des faits et le dimanche matin ». Selon Le Parisien et BFMTV, ce sont l’analyse de l’ensemble de ses connexions internet par les enquêteurs et l’examen du téléphone portable de l’ancien maître-chiens qui ont permis de trouver ce nouvel élément.

Des éléments qui pourraient expliquer le lien entre les deux affaires dans lesquelles il est mis en examen : Maëlys et celle du caporal Noyer, du nom de ce jeune militaire porté disparu en avril et dont le crâne avait été découvert en septembre sur un sentier de montagne. Dans cette autre affaire, Nordahl Lelandais nie les faits mais a reconnu avoir pris en stop Arthur Noyer le soir de sa disparition.

La stratégie du silence

Sa prochaine audition est prévue le 19 mars. Devant les magistrats le 22 février dernier, Nordahl Lelandais avait refusé de répondre aux questions et l’audition n’avait duré qu’une trentaine de minutes. Le suspect se trouve toujours à l’unité hospitalière spécialement aménagée de la prison de Lyon-Corbas, où il avait été transféré peu après ses aveux « pour éviter tout passage à l’acte ».

Les enquêteurs craignent qu’il n’en dise pas davantage, préférant attendre les résultats des expertises médico-légales et adapter sa défense en fonction. Une stratégie déjà observée depuis le début de l’affaire : pendant de longues semaines, Nordahl Lelandais a en effet nié toute implication, jusqu’au moment où son avocat lui a fait savoir que les enquêteurs détenaient une preuve formelle : une trace de sang de Maëlys dans le coffre de son Audi A3.

L’avocat des parents a d’ailleurs mis en doute la volonté de l’ex-militaire de 35 ans de s’expliquer sur les circonstances du décès de l’enfant. « Ces explications viendront-elles un jour? », s’est-il ainsi demandé la semaine dernière, estimant que « personne » n’était « dupe ».

Source : Europe 1

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