Affaire Benalla: «Quand vous dites que vous venez de la présidence, tout le monde se tait, y compris les gendarmes»

SECURITE La présence d’Alexandre Benalla, « chargé de mission » à l’Elysée, en tant qu’adjoint au chef de cabinet du président, aux côtés des membres du groupement de sécurité du président de la République interroge particulièrement…

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Depuis son arrivée à l’Elysée, Alexandre Benalla s’est improvisé membre du Groupement de sécurité du Président de la République (GSPR), seule autorité chargée de sécuriser le chef de l’Etat, comme ici au salon de l’agriculture. — THIBAULT CAMUS / POOL / AFP

  • Mercredi soir Le Monde a révélé avoir identifié le collaborateur d’Emmanuel Macron sur une vidéo où on le voit frapper un manifestant du 1er-Mai.
  • A la suite de cet incident Alexandre Benalla avait été suspendu de ses fonctions à l’Elysée pendant 15 jours et l’IGPN a été saisie ce jeudi par Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur.
  • Il a été placé en garde à vue vendredi matin à Paris pour des faits de violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public, d’usurpation de fonctions, de port illégal d’insignes réservés à l’autorité publique, ainsi que de complicité de détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection.

Le 24 février dernier, Emmanuel Macron s’offre le traditionnel bain de foule lors du salon de l’Agriculture organisé porte de Versailles à Paris. Sur les photos prises ce jour-là par l’une de nos journalistes présente sur place, le président de la République est souriant, enchaîne les selfies. A sa droite, à quelques centimètres, Alexandre Benalla observe la scène, concentré, oreillette transparente solidement accrochée.

L’homme est alors de tous les déplacements depuis le début de la folle campagne présidentielle de l’ancien locataire de Bercy. Membre de son service d’ordre, ce jeune diplômé en droit a continué de graviter autour du chef de l’Etat, et ce dès son arrivée à l’Elysée. Quarante-huit heures après les multiples révélations du Monde sur les violences supposées exercées par Benalla contre des manifestants le 1er mai, le rôle joué par cet « homme de confiance » d’Emmanuel Macron pose de nombreuses questions.

Laure Cometti @la_comete

Le dispositif de sécurité autour de est impressionnant

Laure Cometti @la_comete

Souriant, a fait des selfies près du stand LIDL, avant de poursuivre sa déambulation pic.twitter.com/FOarQq9XY1

L’élite de la sécurité au service du Président

En France, la sécurité du président de la République est assurée depuis 1982 par le Groupement de sécurité du président de la République (GSPR). « Le service est mixte, c’est-à-dire qu’il est composé à la fois de policiers et de gendarmes », détaille Frédéric Le Louette, président de l’association professionnelle nationale de militaires, GendXXI. Le GSPR est actuellement dirigé par un colonel de Gendarmerie, Lionel Lavergne, dont l’adjoint est un policier.

« Les gendarmes qui intègrent ce groupe viennent tous du GIGN, l’unité d’élite et d’intervention, un membre d’un autre corps ne peut en aucun cas être coopté. Ils ont des formations particulières, en déminage, en balistique et une formation continue pour accompagner dans toutes les circonstances le Président dans ses déplacements officiels et privés », poursuit le sous-officier de gendarmerie.

« Il n’aurait jamais dû se trouver là »

Interrogé sur le positionnement d’Alexandre Benalla, toujours placé au plus près du Président, parfois plus proche encore que les fonctionnaires chargés de sa sécurité, le gendarme est catégorique : « Il n’aurait jamais dû se trouver là. Il n’est absolument pas formé pour ». Un constat partagé par Jean-Pierre Diot, ancien garde du corps de Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur et auteur de Garde du corps, 15 ans au service des hautes personnalités.

« Quand on voit sur les photos cette personne, à droite du président, c’est choquant, ce n’est pas normal et c’est dangereux. C’est la place d’un membre du GSPR chargé d’évacuer le président en cas de crise », dénonce Jean-Pierre Diot. Or, à cette époque, Alexandre Benalla est adjoint au chef de cabinet du président assure l’executif. Si ce dernier est bien chargé d’organiser tous ses déplacements avec les services du protocole et de l’intendance, il ne peut, à aucun moment, se substituer aux forces de l’ordre spécialement formées à la sécurité du président du locataire de l’Elysée.

« Tout le monde se tait »

Comment Alexandre Benalla a-t-il pu outrepasser ses prérogatives et se substituer aux policiers et gendarmes chargés de protéger Emmanuel Macron ? Pour l’ancien garde du corps de Nicolas Sarkozy, cette situation est inhérente au mode de fonctionnement du pouvoir en France.

« Il devait plaire dans sa façon d’agir probablement. Sur le terrain, quand un individu s’impose en précisant qu’il vient de la présidence et du cabinet du président, tout le monde se tait. Y compris les gendarmes. Vous êtes obligés de vous y plier d’une certaine façon. En France, contrairement aux Etats-Unis, c’est toujours le protocole qui prime sur la sécurité », analyse Jean-Pierre Diot. Le chef du service de protection aurait-il pu recadrer Alexandre Benalla ? Pas vraiment à en croire Frédéric Le Louette puisque « le GSPR dépend du directeur de cabinet du président ».

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Source : 20 Minutes

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